Lorphéa
Noldor observait les arbres. Qu’y avait-il de plus naturel qu’une forêt ? Un enchevetrement d’arbres, tous différents, d’espèces variées, qui poussent çà et là, dans une cacophonie pourtant harmonieuse... De la mousse sur les troncs, du lierre qui rampe, des souches et des racines... La Forêt Sans Age était pourtant bien particulière. Elle faisait peur aux autres habitants d’Alendhil, qui la disaient hantée, maudite même, peuplées de créatures maléfiques. Elle était sombre, et inquiétante, hostile et dangereuse disait-on. Voilà pourquoi personne ne s’y aventurait. On racontait aux enfants des tas d’histoires et de légendes, pour être bien surs qu’il n’y mettent jamais les pieds. « Personne n’en était jamais revenu ». Personne, excéptés les mages, ce qui démontrait donc que cette forêt n’était pas un endroit fréquentable.
Personne n’avait donc vu ce que Norldor avait sous les yeux. Le village elfique. De forme presque circulaire, il était niché prés de la rivière, qui serpentait depuis les Montagnes de l’Oubli jusqu’à l’océan. Le crépitement de l’eau se mariait au chant des oiseaux, qui piaillaient depuis les hautes branches. Tout le reste n’était que silence. Malgré le caractère naturel inhérante aux forêts, le village sylvestre semblait avoit été conçu par un architecte. Chaque arbre avait à son pied un tapis de feuilles dont les couleurs variaient selon qu’il s’agissait d’un chêne, d’un hêtre, ou d’un érable. Autour des troncs courraient des marches, qui s’enroulaient tel des lierres sur l’écorce, et dans les branches plus hautes, se distinguaient à peine les habitations elfiques. Ces petites cabanes, comme les auraient appelées les Humains, n’étaient pas le fruit d’une quelconque construction. Ce sont les arbres eux même, qui avaient crée ces niches en leur sein, comme une branche à part entière. On ne pouvait pas dire du phénomène qu’il était le fruit d’un enchantement. Non, c’était plutôt comme un compromis, entre les arbres et les créatures qui s’étaient adaptés l’un à l’autre, pour vivre l’un avec l’autre.
Une voix crystalline tira le mage de sa rêverie :
« Soyez le bienvenu, Maître Noldor. »
Il fit volte face, et fut capté par le regard de Lorphéa, Reine du vilage elfique. Aïwen était décidément tout le portrait de sa mère. Silouhette fine et élancée,le teint clair et le visage fin, illuminé par deux amandes couleur d’onyx. Ele se tenait face à lui, et lui adressa un salut elfique, le dos dela main posé sur le coeur. Noldor lui rendit son salut, et répondit :
« Merci Lorphéa. C’est un plaisir de vous revoir, et je ne peux que constater à quel point le temps n’a pas d’emprise sur votre peuple,
- Je vous remercie. Il y a bien longtemps en effet... et votre visite est un honneur. »
Elle aussi brûlait d’impatience de savoir ce qui pouvait bien avoir amené le vieux mage à quitter le Cercle des Menhirs. Mais son expériences de reine et sa connaissance de la bienséance, qui faisaient pour l’instant défaut à Aïwen, l’avait amenée à differer quelque peu ses questions.
« Vous vous doutez bien, que, bien que cela puisse constituer une raison suffisante, je ne suis pas venu pour admirer votre magnifique royaume. Hélas...
- J’en conviens, dit elle en acquiesçant. Elle dissimulait son inquiétude.
- J’irais droit au but,Lorphéa. J’ai besoin de votre aide.
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Depuis sa demeure, elle avait beau tendre l’oreille, une oreille très aiguisée, aucun son ne parvenait jusqu’à elle. Aïwen grogant interieurement. Les elfes étaient pourtant connus pour leur calme à toute épreuve, mais elle bouillonnait. Que pouvaient ils bien avoir à se dire ? Qu’était il venu chercher ? Dépitée, elle balaya le village du regard. Ces arbres qu’elle avait toujours connu, ce chêne, énorme et magnifique, le plus imposant du village, et qui l’avait vu grandir. Elle se demandait si un jour, elle verrait autre chose que ces cimes et ces branches qu’elle connaissait par coeur, comme une prison dorée.
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