Le Reveil

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Le village inerte baigné de silence, plongeait peu à peu dans le crépuscule naissant. Le ciel, à travers la cime des arbres, arborait ses couleurs si particulières : le bleu cédait sa place au rouge flamboyant et à l’orange vif des derniers rayons de soleil. Noldor, au centre du village se tenait debout pres d’un cercle de pierres, disposées sur le sol. A sa gauche se trouvait une énorme table rectangulaire, taillée dans le bois brut, et deux bancs sans dossiers, de chaque coté. Un siège trônait en bout de table. Le silence fut rompu par le bruit des feuillages que l’on traverse pour se frayer un chemin. Minthia, Zendione et Melusia, les trois autres mages, venaient le rejoindre, les bras chargés de provisions. Minthia, qui avait revétu une cape de velours noir, et chapeau de sorcière en cuir foncé. Porté par une personne banale, il aurait sans douté été parfaitement ridicule, mais il allait à merveille à Minthia. Elle portait un lourd panier dans chaque main, mais ne semblait pas peinée par le poids qu’ils pesaient. Mélusia, toujours vetue de vert sombre, lui emboitait le pas, elle aussi flanquée de deux paniers. Zendione fermait la marche, avec un enormé sac sur l’épaule, et un petit tonneau sous le bras. Tous trois s’avancèrent vers la table pour y déposer leurs charges, et Noldor s’approcha d’eux. Ils échangèrent quelques mots. Puis le silence se fit de nouveau. Les quatre mages fermèrent les yeux et murmurèrent des sorts ancestraux. A quelques mètres d’eux, un leger vrombissement parvint des entrailles de la terre, qui se fendit en tremblant lègèrement, presque imperceptiblement. Un nuage de poussière émana de la faille. Lorsque la poussière retomba, un puit de pierre était sorti de terre.

« Et bien mes amis, il est temps de reveiller nos troupes », déclara Noldor, en levant son index gauche vers le ciel. Des notes de harpes, subtiles et légères, furent jouées, sans musicien, ni harpe. Juste le son, doux et de faible intensité, et la beauté d’une mélodie, composée en des temps immémoriaux par une fée qui fut douée pour la musique. Les quelques notes suffirent à tirer les membres de la future Guilde de leur sommeil. Ils comprirent qu’était venue l’heure de se rassembler, comme Noldor l’avait annoncé. Aussi, Tom et Jérod, suivi de Farfouille, Aïwen et Nolwé, Sérendia, Indra et Firia, Quimby, et Finzwik arrivèrent en même temps.

« Bienvenu à tous, je vois qu’aucun ne manque à l’appelle, pas même Farfouille », ajouta Noldor, un sourcil levé. Noldor n’avait sans doute jamais envisagé qu’un compagnon à quattre pattes se joindrait à eux... Le vieux mage s’avança vers son siége en bout de table

« Prenez place, je vous prie. » Chacun d’entre eux, sans concertation préalable, prit place autour de la table. Six des Sept Royaumes étaient attablés ensemble, en temps de paix. Il y avait bien longtemps que pareille chose n’était pas advenue. Une brise fraiche parcourut le village, faisant frissonner les hotes. Mélusia fixa les pierres disposées en cercles, l’espace de quelques secondes, ce qui n’échappa à aucun d’entre eux, puisque Noldor avait cessé de parler durant cet instant. Puis Mélusia tourna son regard vers l’assistance, un sourire maladroit, signifiant à Noldor de reprendre.

Le mage prit une inspuration, annonciatrice d’une phrase, mais fut interrompu, par le bruit d’un crépitement qui attira toutes les attentions. Tous les visages se tournèrent de nouveau vers le cercle de pierres, dans lequel se materialisèrent quelques branches, qui se mirent à fumer. « Plop ». Une flamme venait de jaillir parmis les branches, les enflammant toutes, instantanément. Le sortilège de Mélusia devenait visible, sous les yeux ébahis de tous.

« Une démonstration vaut bien mieux que de longs discours », admit l’ainé des mages, en riant des mines plus ou moins étonnées.

« Il y a parmis vous, reprit il, des peuples qui connaissent la magie, certains la pratiquent même. Mais il y a aussi des peuples non magiques. C’est pourquoi vous n’êtes pas tous impressionnés de la même manière. Ce soir, vos dispositions vont être, pour ainsi dire remises à plat. Rien n’est immuable. Chacun va trouver une place, sa place, et va découvrir en lui des possibilités qu’il ne soupçonnait pas. » Zendione se leva, et déballa de son sac, une longue broche, et deux pieds destinés à la supporter. Il embrocha deux poulets et déposa la broche sur son support. Du bout du doigt, il traça un cercle dans les airs, sans mot dire. La broche se mit en mouvement, et tourna sur elle même.

Noldor reprit la parole, et entama son récit : La cérémonie de ce soir, le programme des jours à venir, l’entrainement qu’ils allaient devoir suivre, la quête de leur performance... Quand il eut terminé, Noldor se leva pour s’approcher près du feu, et alluma sa pipe. La magie, l’entrainement étaient bien sur nécéssaire. Mais sans l’alchimie d’une Guilde et de ses membres, qu’allaient ils devenir ?

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