Le voyageur

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Un peu avant l’aube, Zendione était déjà bien réveillé. Là, dans la pénombre, près du feu qui brûlait encore au centre du village où logeait la Guilde, sa silhouette svelte projettait sur le sol, une ombre élancée. Il était grand, et de belle stature, et ses cheveux commençaient à grisonner ça et là. Il semblait se concentrer, dans le silence qui précède la matin. Sa concentration fut perturbée. Un bruit de pas parvint à ses oreilles. Deux petites oreilles, une blanche et une noire, émergèrent de l’obscurité. Farfouille venait à sa rencontre. Le petit chien s’approcha et se posa près du mage, haletant. Zendione se baissa et caressa l’animal, qui le lécha de gratitude. De nouveau debout, il se concentra de nouveau. L’ombre de l’homme se mit à retrecir sur le sol, et Farfouille se mit à grogner. L’ombre se mua, et prit la forme d’un rapace aussi haut que le chien. Farfouille grognait toujours et reculait lentement. Le rapace lui adressa un regard ce qui le calma aussitot. Le mage, métamorphosé, s’adressa mentalement au chien : « Calme toi Farfouille, c’est toujours moi ». Le chien pencha la tête, surpris d’entre la voix d’une personne qu’il connaissait, dans le bec d’un volatile étranger. Zendione déploya des ailes, prit son envole et s’éleva vers les cieux. Farfouille le regarda, puis détala vers le village.

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Au coeur des Montagnes de l’Oubli, le vent siffle constamment sur les crêtes aiguisées. Le soleil ne brille pas, et la pluie balaye souvent tout sur son passage. Les arbres n’y poussent plus, et ceux qui survivent ne sont que des troncs et des branches décharnés, sans l’ombre d’une feuille, ni l’espoir d’un bourgeon. Tout n’est que roche, pénombre, poussière, desert et desespoir. Au tréfond d’une grotte, sombre et humide, une pierre jaunâtre, était nichée entre les feuilles mortes, que le vent avait amené jusque là. Elle brillait, mais sa couleur sinistre lui donnait une allure terne. Comme le terrible joyau du mal, dans un ecrin maudit.

Dans tout l’Alendhil, on racontait des légendes, toutes plus horribles les unes que les autres, sur ces lieux oubliés, et perdus. Comme toutes ces histoires destinées aux enfants, pour les dissuader de se mettre en danger, ou de faire des bêtises. Mais ces histoires là tétanisaient même les grands.

A la fin de la Guerre contre Gorthol, celui ci, défait, s’était enfuit bléssé et affaibli, vers les Montagnes de l’Oubli. Dans un état de telle faiblesse, il s’était voué, en choississant cette destination, à une mort certaine. Pas d’eau, pas de nourriture... Et ce froid mordant... Qui aurait pu survivre ?

Gorthol était parvenu, haletant, dans cette grotte hostile. Il s’était adossé à la paroi, et s’était écroulé sur le sol, à moitié mort. Là, à même la pierre, sa bouche desséchée par la soif avait prononcé quelques mots druidiques, qui auraient pû être les derniers. Son âme noire avait alors quitté son corps épuisé, et mortellement touché, pour s’insinuer dans une petite pierre qui prit la couleur de l’Oeil de Tigre. Prisonnière de cette pierre, elle ne pouvait certe plus nuire à personne. Mais elle demeurait, malgré tout. La patience allait devoir être la seule vertue de Gorthol. Un jour, il ne savait pas encore comment, il retrouverait sa grandeur maléfique. Un jour, il leur ferait payer à tous. Noldor le premier...

Depuis la grotte, on ne percevait que le vent, qui s’engouffrait dans le néant. Mais, quelque part, pas si loin, un homme marchait au coté de son cheval, qu’il avait chargé de deux sacs, que l’animal portait sur les flancs. Un homme lui aussi bléssé, mais dans son amour propre, avançait dans l’antre des montagnes. Sa démarche trahissait son épuisement, seule la colère qui brulait en lui nourrissait sa force d’avancer. Il s’arreta, leva les yeux et balaya les environs du regard. C’est alors que la grotte, bouche béante dans la paroi rocheuse, lui apparut au loin. Il faudrait encore quelques heures de marche, tant les sentiers inhospitaliers étaient sinueux, et rocailleux. Qu’importe... Il n’avait guère de choix, il lui fallait trouver un abri pour la nuit. Peut être même se reposerait il quelques jours... Il ne se souvenait plus depuis combien de jours il marchait. Il avait marché et chevauché jour et nuit même...

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