La mer, ce que j'aime la mer. Assise sur le sable de la Côte Normande, je profite des embruns qui me remémorent mes tendres années. Des étés passés en bord de mer avec mes grand-parents et mes grands frères. On récupérait des coques pour les manger le soir. On jouait à la pétanque : je lançais le cochonnet qui rebondissait avant de se loger dans le sable et mon frère concurrençait mon grand-père.

Qu'ils étaient doux ces étés.

Je courrais nu pied dans le sable en criant lorsque l'eau glacée me léchait les orteils. Je faisais des châteaux de sable flottant sur la planche de surf de mon cadet, toute heureuse de mon oeuvre informe. Mes frères partaient loin sur leur planche et dénichaient des petits crabes gris qu'ils me montraient fièrement. Mon frère s'endormant sur sa serviette, je me mettais à l'emprisonner dans le sable, le couvrant jusqu'à ce qu'il ne reste visible de lui sa tête et ses pieds, aidée joyeusement par son meilleur ami.

Qu'ils étaient doux ces étés.

Un peu plus tard dans ma vie, adolescente, un voyage à Houlgate m'a fait revoir la mer. Ma meilleure amie et moi étions comme des gosses. J'avais le sourire jusqu'aux oreilles et presque les larmes aux yeux rien qu'en observant l'étendue d'eau. La mer et les vacances étaient un luxe dans ma famille, cela a sûrement participé au fait que je sois si émue de parcourir le sable à l'époque.

Aujourd'hui, nous somme le 26 avril 2023, la petite fille que j'étais a grandie en âge, peu en taille. Mais elle est toujours là lorsqu'elle contemple le ressac de la mer bouillonant en souriant. C'est si reposant. J'en oublierai presque le mémoire que je rédige. Je me demande encore comment l'eau peut-elle former de petits rouleaux mousseux, pourquoi les vagues s'écrasent-elles dans un fracas caractéristique ? Un bâillement m'a gagné, je suis fatiguée. La mer hypnotique me garde assise à la regarder. Ca me fait penser à l'une de mes premières lectures "Octave et le cachalot géant", l'histoire d'un petit garçon dont le père pêcheur a sombré dans l'océan. Octave rencontre un cachalot...géant une nuit de pleine lune, échoué sur la plage et doué de parole. Je ne me souviens pas de la fin de l'histoire, j'y ai juste songé en parlant de la mer hypnotique. Je vais profiter quelques minutes encore, prendre le temps de remplir mes poumons d'air iodé avant de rentrer.