C'était lui !

On s'était déjà parlé....

- « Salut, tu te rappelles »

Je lui tendis la main. Il me regarda un moment avant de tendre la sienne. Nos corps n'avait pas la même température.

Je lui souris en m'approchant de lui. J’admirai la double courbe de ses lèvres charnues, pas trop épaisses, ses longs cils, ses cheveux en bataille, sa peau bronzée. Il leva la main et me caressa la joue.

Je sentis très nettement en moi cet élan : saisissement, capture, possession.

Je m’approchai de son visage, le fixai dans les yeux … et puis il y eut ce moment de retenue, cet instant suspendu.

Le temps de laisser mon imagination en phase avec mon frémissement intérieur.

Au moment de tenter ce rapprochement et malgré l'attraction, le désir de la fusion, l’étrangeté de l'autre - l’autre n'est il pas toujours étrange ? - me fit ressentir une frontière qu'il faudrait franchir. L'éducation à la distance sociale et la pudeur des gestes font qu'une proximité si totale n'est pas naturelle.

Va-t'on perdre son individualité, va-t'on se perdre en s'accouplant ? Il y eut en moi et chez lui ce double mouvement emmêlé : désir de fusion et recul ; anéantissement de moi dans ses bras et sa capture dans les miens.

Nous fûmes un moment comme deux aimants qui se repoussent, il exista, brièvement, une résistance, une barrière à franchir.

Sa peau m'attirait … je cédai à la pulsion. L'enveloppant de mes bras j’approchai mes lèvres des siennes. A ce moment je sentis une force prendre possession de moi et je perdis l'humanité pour laisser place à l'animalité …. saisir ma proie.

Pas besoin d'imaginer ce qu'il ressentait ...

J’éprouvais la nécessité brûlante de sentir toute la surface de mon corps en contact avec le sien. Affolés nous nous arrachâmes les vêtements.
….
Nous sommes là, côte à côte, dénudés, reprenant notre respiration.
Tu ressens le besoin non pas de te fondre mais de t'accoler à Diego.

Deux êtres qui se sont presque dévorés mais qui retrouvent leur individualité avec la certitude d'être compris, accepté.

Sans entraves et masques : simples, nus, ouverts, livrés.