Confession n°4 : premier jour pour aller mieux
Il est 18h50
Premier jour pour aller mieux. J'aurais essayé. Mais l'oubli n'est pas facile. Hier, j'ai tracé mon premier trait. Et mon dernier. Je n'ai pas eu le courage de finir, de saigner. J'ai posé les ciseaux et j'ai voulu vomir. Le tranchant froid sur ma peau me rappelle l'Expérience. Savoir pourquoi Elle faisait ça. Je n'ai rien fait, j'en reste traumatisée.
Toute la nuit, ce foutu bras, je l'ai gratté. Je voulais faire partir la sensation d'un je-ne-sais-quoi qui me perturbe. Addicte aux rêves, droguée à l'insomnie. Je fais rien de ma vie, je dors plus la nuit. J'ai l'impression de revenir à mes onze ans, avec mes envies de fugues et d'évasions.
Ne me dites pas que ça va aller. Tout ça, je le sais. Trouvez moi plutôt une solution. Alors oui, je ne vais pas mal. Mais je ne vais pas bien pour autant. Je me souviens de cette phrase : "Sometimes, I'm not sad, but I'm not happy tho. I can joke and smile all day but when night comes, I don't really know how I feel."
Et puis, ce week-end, j'ai un mariage. Je me prépare, me shoot à la lecture et aux écrans. J'ai berné mes parents, je peux bien recommencer.
Vous n'êtes pas obligés de rester. Je me plains beaucoup, j'en ai conscience. J'ai des périodes comme ça, où rien ne va vraiment. Mon cœur et mon âme sur une balance. L'équilibre est précaire, c'est fatiguant. Il faut dire que ça tangue et que ça balance. Un corps d'adolescent avec des problèmes de grands.
Sans les savoir, mes parents, ces gens censés nous aimer, me traitent de folle. Je leur parle de moi indirectement et ils disent : "Mais ce sont des maladies mentales, le shifting et la rêverie compulsive ! Fictosexuelle ? Parfois, ça tourne pas rond..."
Je sais qu'ils m'accepteraient même ainsi, si je leur avoue. Mais maintenant j'ai peur, les mots restent bloqués.
Mon premier trait est déjà effacé.
Conclusion de ce premier jour pour aller mieux : il y a des progrès, je ne me suis pas détestée...
Il est 19h01
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