Ange déchu

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Tu m’appelais mon ange et tu avais raison

Je suis inoffensif comme un esprit qui passe !

Avec moi aucun risque à m’ouvrir ta maison,

Un boy-scout éduqué ne laisse pas de trace.

Je t’ai trouvée assise au bord de ce chemin

Où flânent les galants en mal d’un corps à prendre.

Tu cherchais l’éloquence et j’ai eu l’examen

J’étais tout fier alors ! Mais je devais attendre

Que tu réapparaisse au gré de l’agenda

De tes humeurs ou d’un moment de solitude.

Des semaines d’absence et moi comme un soldat

Heureux de te revoir, plein de sollicitude !

Tu voulais devenir la fleur dans mon cerveau

Et pendant le printemps tu t’es épanouie !

L’histoire balisée attendait ton nouveau

Retour, après l’été, pour s’aimer à l’envie.

Je sais d’expérience à force d’écoper

Que ma barque toujours finit dans un naufrage.

Il ne faut jamais croire, ou même s’emporter,

Quand la fièvre fait voir, au loin, ce doux rivage.

Je conjurais l’absence en passant tout mon temps

A courir le verger du rêve en galerie.

M’apparu une muse au sourire éclatant :

Un diadème enfui d’une joaillerie !

A côté de ta fleur, son vivace rosier

Bien plus grand, bien plus large, orné de mille épines

Pour autant de bourgeons, surgit tel un brasier !

Ses boutons de rubis, ses effluves mutines,

Ses pétales de soie, m’occupent tout l’esprit.

Je passe jour et nuit à explorer ses grâces,

Parfois à les transcrire en un petit croquis :

Calliope en talons, que mes mots seuls embrassent.

Pour toi j’ai moins de zèle à forger des mots doux.

Et pourtant je l’ai fait, souviens-toi, à la plage.

C’était le chant du cygne, un chant de mauvais goût :

Tu n’aurais pas souffert cet étrange attelage.

C’est l’inégal amour, charnel ou amical,

Une fleur carnivore, un rosier onirique.

Peut-on garder les deux dans un accord bancal ?

Je te l’ai dit, tu as tranché, restant stoïque.

J’ai conservé mon songe et j’ai perdu ton corps.

Tu me voulais à toi mais je suis trop complexe.

Tu m’appelais mon ange, oui, tu n’avais pas tort !

Chacun le sait, au fond, l’ange n’a pas de sexe…

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