Chapitre 15

6 minutes de lecture

22 avril, Pacific Palisades

Pacific Palisades est un quartier excentré de Los Angeles, entre Malibu et Santa Monica. On y accède par la route côtière, ou en venant de Hollywood, par le célèbre Sunset Boulevard. La partie basse de la ville ne présente pas d’intérêt notable mais lorsque l’on monte sur les hauteurs, à l’entrée des canyons, se trouvent les plus belles propriétés.

Samantha guida les deux motards jusqu’à un domaine situé au contrefort des Santa Monica Mountains, près du Will Rogers State Park. Il serait difficile de faire deux constructions de styles plus différents que celles des Freeman et des Page. La construction qu’ils avaient devant eux était une folie d’architecture néo-classique, inspirée à la fois des manoirs britanniques et des habitations des plantations sudistes. Elle aurait sûrement moins surpris dans un paysage de la Nouvelle-Angleterre que face au Pacifique. L’accès se faisait par l’inévitable allée circulaire, desservant un porche à colonnes. Pelouse, massifs de fleurs et buissons arborescents juraient sous ce climat méditerranéen. La maison elle-même était plutôt massive, construite sur deux étages avec un toit à forte pente. Le maitre d’ouvrage originel avait dû dépenser une fortune pour ce qui passait aux yeux de Philippe pour le summum du mauvais goût de nouveau riche.

Ange était d’un avis plus mitigé, il n’était certes pas emballé par le style général mais trouvait tout de même une certaine allure à la construction.

Sam s’en alla garer sa voiture dans un garage un peu en retrait et fit signe aux deux hommes de parquer leurs machines à côté. Elle les précéda vers la maison où elle fut accueillie par une domestique mexicaine qu’elle congédia rapidement.

— Merci Soledad, je n’aurai plus besoin de vous ce soir, vous pouvez rentrer chez vous.

Elle indiqua un bar dans un angle du grand salon.

— Servez-vous un verre, je vais me changer, je n’en ai pas pour longtemps.

Ange et Philippe se regardèrent un long moment, se demandant où ils avaient mis les pieds. John avait bien expliqué que le mari de Sam lui avait laissé un bel héritage mais ils n’avaient pas imaginé une telle opulence. La maison semblait assez ancienne et avait sans doute été construite avant l’urbanisation du quartier. Ce n’était surement pas le mari de Sam qui l’avait fait bâtir.

Puisqu’ils avaient quelques minutes à occuper, Philippe prit le temps d’examiner les portraits accrochés aux murs pendant que Ange leur servait deux très vieux whiskies écossais. Les origines familiales de Philippe l’affiliaient à la plus haute noblesse française et il était habitué à voir ainsi exposées les galeries d’aïeux mais ceux-ci ne semblaient pas à leur place ici. Il était encore en train de regarder les tableaux, certains semblant remonter au dix-huitième siècle à en juger par la façon dont les personnages étaient habillés lorsque Sam revint dans la pièce.

— Ne perdez pas votre temps à admirer ces croutes, ce sont des faux. D’ailleurs tout est fake ici. Même moi qui suis refaite de partout. Mon idiot de beau-père et son fils étaient des génies des affaires mais dénués de la moindre culture, si ce n’est celle du dollar. Ils se sont imaginés des ancêtres mais ils n’étaient que les fils et petits-fils d’un chercheur d’or qui en a trouvé assez et n’a pas tout gaspillé. Moi je suis la fille d’un fermier du Middle West, j’ai quitté le Kansas en 1980, à vingt ans, dans un Greyhound, alors la route 66, je la connais un peu. Je suis venue ici attirée par Hollywood comme beaucoup de filles de mon âge. Je n’ai pas fait une grande carrière, mais à cette époque, on pouvait encore faire quelques petits rôles en montrant de jolis seins et en n’étant pas trop farouche avec les producteurs. Elles me font bien rigoler avec leurs Weinstein et tous les autres. Si je n’avais pas couché, je serai restée dans le caniveau.

Ange était resté derrière le bar, il n’était pas sûr d’avoir tout compris mais il sentait que l’ambiance était devenue un peu lourde.

— Je vous sers un verre Sam ?

— La même chose que vous, en double.

Ils se regroupèrent autour du bar et choquèrent leur verres. Lorsque Sam eut descendu la moitié du sien presque d’une traite, elle s’approcha du policier et l’embrassa goulûment.

— J’en avais envie depuis que je t’ai vu, Frenchie.

Elle prit la main de Ange et sortit sur la terrasse.

— Viens, je vais te montrer la piscine. Et toi, tu viens aussi bien sûr.

Philippe les suivit à quelques pas, les yeux sur les hanches de Sam qui descendait une allée soigneusement entretenue, perchée sur de hauts talons. Elle portait maintenant une robe longue en tissu satiné rouge, le dos totalement nu, des épaules à la naissance des fesses. Le médecin était convaincu qu’elle ne portait rien dessous.

La piscine était située au milieu d’un espace clos d’arbres et de massifs végétaux assez denses pour créer une intimité complète.

— C’est moi qui ai demandé cette piscine, mais mon mari n’aimait pas ça. Il m’a autorisée à la construire à la seule condition qu’il ne puisse pas la voir, et je dois dire que ça m’arrange bien.

Elle lâcha la main du policier pour faire glisser les bretelles de la robe sur ses épaules. Philippe eut la confirmation. Elle était totalement nue.

Il admira d’un œil professionnel le travail de son ami. John n’avait pas tort, elle avait une silhouette qui aurait fait rêver une femme de trente ans, les seins fermes et haut placés, d’une taille raisonnable pour les standards américains, le ventre parfaitement plat et les fesses rondes, sur des jambes longues et fuselées. Seules ses mains trahissaient son âge car la chirurgie ne peut pas masquer ce détail.

Ayant jugé suffisant le temps donné aux deux males pour se rincer l’œil, elle plongea de façon fort élégante. Dès qu’elle eut la tête hors de l’eau, elle interpela les deux hommes.

— Qu’est-ce que vous attendez ? Vous ne savez pas nager ?

Ange fût le premier à la rejoindre, nu lui aussi, précédent Philippe qui n’avait guère d’autre choix que de suivre le mouvement. Lorsque les deux hommes furent dans l’eau et qu’ils eurent fait quelques brasses, Sam les entraîna tous les deux vers l’extrémité du bassin en pente douce. Elle s’allongea ne gardant que les épaules et les fesses dans l’eau et distribua les tâches.

— Ange, tu me lèches le sexe et toi Philippe, tu dois avoir comme John des mains délicates. Tu me caresses les seins. Ensuite, je vous sucerai tous les deux.

Sam avait des seins très doux et souples et Philippe n’y trouva aucune des imperfections trop souvent imputables à la chirurgie esthétique. Le corps de Sam se cambrait de plus en plus sous l’assaut combiné des deux hommes mais subitement, elle se redressa et ordonna aux deux amis d’aller s’asseoir sur le bord du bassin, les pieds dans l’eau. Les deux hommes se retrouvèrent ainsi côte à côte, les genoux écartés, pour permettre à leur hôtesse de s’occuper d’eux simultanément.

Ange se demanda si c’était dans des séries B ou des films X qu’elle avait commencé sa carrière.

Sam amena les deux amis au bord de la jouissance, mais avec un plaisir pervers, elle interrompit l’exercice juste avant le point de non-retour.

Sortant de l’eau, elle les guida vers un petit kiosque sous lequel était situé un grand lit d’au moins deux mètres cinquante de côté. Elle s’installa au milieu, invitant les deux hommes à lui faire face, puis entreprit de se caresser langoureusement, leur demandant de faire de même.

— Vous allez me baiser tous les deux, ensemble, mais l’un de vous devra d’abord sucer l’autre pendant que je me caresse.

Les deux hommes eurent un moment d’hésitation.

— Ce n’est pas si terrible vous savez. Nous autres femmes, le faisons si souvent !

Ce fut Philippe qui proposa :

— Chifoumi ?

— Au meilleur des trois.

Ange remporta la partie et Philippe dut le laisser faire au plus grand plaisir de Sam qui vint joindre ses efforts.

— Je te félicite mon flic chéri.

— Ce n’était pas si terrible finalement, ironisa le policier.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0