Chapitre 40
2 mai, West Los Angeles
Le siège du FBI à Los Angeles est situé près de Westwood, au bord de l’I-405 et il ne fallut pas longtemps à Charlie pour s’y rendre. L’agent spécial Luke Mellow, chargé de la liaison entre le FBI et le LAPD l’accueillit cordialement et la guida vers une petite salle de réunion, après lui avoir fourni un badge de visiteur. Charlie se sentait étrangère dans cet environnement sophistiqué, très éloigné de l’ambiance des commissariats de la ville. Mellow était vêtu d’un costume sombre, d’une chemise blanche et d’une cravate à fines rayures. Il portait à son doigt la grosse bague symbole des diplômés des universités prestigieuses de la côte Est. Les femmes qu’elle avait croisées étaient toutes en tailleur gris, avec des jupes longues.
Charlie se présenta et fit l’historique de son enquête, expliquant en quoi le Bureau pouvait les aider. Quand elle mentionna le nom de Blankart et Pacific Page Inc., l’attention de l’agent s’accrut. Elle rapporta les propos de Shaina Freeman, lors de sa dernière conversation avec Samantha Page, lui recommandant de se méfier de l’homme d’affaires.
— Nous avons en effet une surveillance en cours sur ce Blankart, expliqua Mellow. Sa société, PPI, est très probablement utilisée pour blanchir de l’argent pour le compte de narco-trafiquants mexicains. Nous pensons aussi qu’il investit à titre personnel des fonds dont l’origine n’est pas totalement claire, probablement en provenance de cercles de jeux. Son intérêt pour une clinique d’esthétique peut se comprendre. C’est à la fois un investissement qui peut se justifier pour une société comme la sienne et un excellent moyen de donner une nouvelle image à un parrain devenu trop connu. À condition bien sûr d’avoir à disposition un bon praticien qui ne pose pas de questions.
— Justement, nous pensons que l’un des chirurgiens de la clinique, le Docteur McLay, est impliqué dans la mort de Samantha Page. Nous n’avons pas réussi à mettre en évidence une connexion entre ces deux hommes. Peut-être pourriez-vous nous aider sur ce point ?
— Bien entendu, nous pouvons faire quelques recherches dans ce sens. Il ne nous faudra pas longtemps. Autre chose ?
Charlie sentit son portable vibrer, annonçant l’arrivée d’un SMS. Elle fit un signe à son vis-à-vis qui acquiesça.
Identité McLay probablement usurpée.
Peux-tu demander vérification des empreintes par FBI ?
— Et bien oui, justement, mon équipier vient de me faire savoir que le McLay dont je viens juste de parler opère probablement sous une fausse identité. Nous avons ses empreintes mais elles ne sont pas connues de nos fichiers. Pouvez-vous étendre la recherche à d’autres sources ?
— Le Homeland Security Act nous a donné quelques prérogatives. Si cet individu figure sur un fichier fédéral, nous le trouverons. Transmettez-moi les empreintes que vous avez prélevées. D’où proviennent-elles ?
— De sa voiture, mais mon collègue va essayer de se procurer un objet personnel.
— Très bien, envoyez-les dès que possible. Je vous rappelle dès que j’ai des réponses, ce soir sans doute ou demain matin au plus tard.
Dès qu’elle fut dans la voiture, Charlie appela son équipier.
— Alors, ça s’est bien passé ?
— Oui, ce Mellow est un parfait gentleman, mais pas du tout mon genre.
— Bon, c’est ta vie après tout. Tu as appris quelque chose ?
— Blankart n’est pas clean. Blanchiment et probablement jeux. Il pourrait vouloir la clinique pour refaire une beauté à des individus recherchés. McLay serait son cheval de Troie dans la place, pour pratiquer les interventions.
— Tu crois que Freeman est dans la combine ?
— Non, au contraire. Je pense que Sam Page avait compris que Blankart n’était pas qu’un simple financier et c’est pour ça qu’elle a voulu prévenir son amie.
— Et Blankart aurait voulu la supprimer à cause de cela ?
— C’est ce qui semble le plus logique, mais en même temps, ce n’est pas nécessairement son intérêt. Maintenant que Mme Page est décédée, qui hérite de la société ? Il aurait fallu que Blankart et ses associés achètent d’abord les parts de la veuve avant de s’en débarrasser.
— Oui, encore un truc qu’on a laissé passer. Qui hérite ? Les Page n’avaient pas d’enfant.
— Les empreintes et l’ADN du pseudo McLay restent prioritaires. Le Bureau va nous aider, mais ils demandent plus de matériel. Tu as pu t’en occuper ?
— J’ai préparé un mandat, je dois passer chez le juge Muller pour qu’il le signe. On se retrouve à Sunny Vale ?
— J’ai le temps de manger un morceau ?
— OK, on dit quatorze heures.
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