Chapitre 52
3 mai, Downtown Los Angeles
Le fourgon se gara en marche arrière dans la baie de déchargement. Conformément aux instructions reçues, le conducteur demanda le Docteur Lane. Celui-ci se présenta quelques minutes plus tard.
— Une livraison pour vous, plaisanta l’ambulancier.
Le médecin prit rapidement connaissance du bordereau et s’assura qu’il s’agissait bien de Jan Van Oït. Un employé approcha un chariot et emporta directement le corps vers une salle d’autopsie.
Une fois le cadavre installé sur la table, Lane fit un prélèvement sanguin et demanda une recherche de substances narcotiques en urgence. L’échantillon remis au laborantin, il examina le corps à la recherche d’une trace d’injection. Il la trouva au niveau de la jugulaire. Continuant l’examen, il constata de nombreuses traces de lacérations, peu profondes, sur les épaules, le buste et le bas du ventre. Soulevant le sexe inerte, il procéda à un frottis qu’il identifia soigneusement. Il s’intéressa alors à l’objet inséré dans l’anus.
Il prit une série de photos avant de retirer le sex-toy. Il n’eut aucun mal à l’ôter, malgré son diamètre conséquent. Il préleva de nouveaux échantillons sur la surface avant de le glisser dans un sac en plastique. Le plug était en acier, décoré d’une pastille colorée, un de ces accessoires surnommés « Rosebud ». Celui-ci était un modèle imposant, 5 centimètres de diamètre au moins, et près de 8 centimètres de longueur. Le légiste termina son examen préliminaire par les muqueuses dont il avait extrait l’objet.
Satisfait de ces constatations, il confia le cadavre à son assistant en lui donnant pour instruction de le mener dans la chambre froide, puis il quitta la salle avec les prélèvements. Passant dans un petit labo attenant, il eut rapidement confirmation de ce qu’il pressentait.
Lane était de retour à son bureau et mangeait un sandwich lorsque son téléphone sonna.
— Bonjour Mark, c’est Charlie. Je ne vous dérange pas ?
— Au contraire, c’est toujours un plaisir de vous entendre. J’espère que vous ne m’appelez pas pour décommander notre dîner.
— Non, même si je crains d’être un peu en retard, nous avons une réunion avec les agents du FBI en fin de journée.
— Alors je présume que vous voulez me parler du gars qui vient d’arriver.
— Oui c’est cela, je suis en route. Pouvez-vous nous consacrer un moment ? Cardoni devrait nous rejoindre.
— Avec plaisir, j’ai les informations que votre équipier m’a demandées.
— Je serai chez vous d’ici une vingtaine de minutes.
Charlie repéra la voiture de Joe en arrivant sur le parking. Ce dernier fumait une cigarette, adossé à la carrosserie.
— Je vois que tu t’obstines dans tes vieilles habitudes.
— C’est ce bâtiment qui me donne des idées morbides.
— Je te laisse terminer et on y va, Mark nous attends.
— Vous êtes devenus intimes !
— Il n’y a pas de mal à ça.
Le légiste les accueillit chaleureusement et les invita à le suivre dans son petit bureau.
— Nous ne recevons pas beaucoup de visiteurs ici.
— Nous n’avons pas beaucoup de temps, dit Charlie.
— Bien, pour faire court, je peux vous confirmer que le corps que vous m’avez envoyé a bien subi une injection intra-veineuse, au niveau du cou, et que la substance est très proche de celle découverte dans le corps de Madame Page. La dose était létale et a probablement suffi à causer le décès après quelques minutes.
— Au moins, on n’a plus de doutes, commenta Joe.
— En effet, je peux ajouter que comme dans le cas de Madame Page, Van Oït aura eu ce que l’on peut appeler une belle mort. J’ai découvert des traces de sperme et de sécrétion vaginale sur son pénis, et je présume que l’on pourra y reconnaitre l’ADN de Madame Smith. Le rosebud a probablement été inséré avec le consentement du défunt. Il a été soigneusement lubrifié et les parois anales ne présentent pas de lésions laissant penser à une utilisation forcée.
— Pouvez-vous dater le décès ? demanda Charlie.
— Pas avec précision, mais je dirais entre 24 et 48 heures.
— Nous savons que McLay a travaillé le 1er mai, mais n’a pas été vu hier. On peut donc penser qu’il a été tué dans la nuit du 1er au 2.
— C’est plausible, oui. J’ai également trouvé des griffures sur le corps correspondant à des marques d’étreintes charnelles intenses.
— Merci Doc, répondit Joe, je pense qu’à ce stade, cela nous suffit pour confirmer le rôle de Joan Smith. Il nous reste à espérer que le FBI arrivera à mettre la main sur cette femme.
— Nous n’allons pas abuser de votre temps, Mark, dit Charlie, il nous faut encore passer voir le capitaine avant d’aller faire le point avec le Bureau.
Comme Joe s’éloignait déjà dans le couloir, Charlie se retourna et s’adressa au médecin.
— Je vous rappelle dès que j’en ai fini avec les Fédéraux.
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