Interroger et occire ponctuaient les acec’hweldros d’Ashron. Le respect des axiomes nécessitait d’être implacable et de ne pas faillir au premier écueil. Donc pourquoi l’hésitation envahissait-elle son être ? Il se sentait étouffé, sa main retenue par ce sentiment qu’il ne pouvait ignorer.

Face à lui, ses dié anciens amis l’observaient, attendant sa prochaine action. Aucune peur ne se lisait dans leurs yeux déterminés.

« Memac’htiern, voulez-vous commencer ? demanda Bellora.

— Oui, répondit-il avant de tourner la tête vers Adony. Combien êtes-vous là-dedans?

— Dié. »

Laissant un sourire sadique se dessiner sur son visage, Bellora assena un violent coup dans les côtes de l’eraié. Le crac de l’os se fêlant atteignit les oreilles d’Ashron :

« Ne me faites pas répéter ! lança-t-il en feignant l’ignorance.

— Ces questions sont inutiles, vous le savez bien.

— En tuer un déliera peut être la langue de l’autre ? proposa Bellora en broyant le bras de Guidomex.

— J’aimerai procéder autrement.

— Et pourquoi donc ? Il faut savoir user de la méthode la plus efficace pour être convaincant.» insista l’exetra dont le regard trahissait sa suspicion.

— Où mènent ces galléries ?

Un nombre, un lieu, des indications sur les prochaines action de l’Harzerezh, n’importe quoi ferai l’affaire, se dit Ashron dont l’esprit s’embrouillait à force de chercher une justification pour les épargner. Soudain, l’évidence éclaira ce dernier, enserrant encore plus son être devant la fatalité du devenir de ses dié amis. Participer à l’Harzerezh n’avait pour seule échappatoire que la mort, qu’importe leur révélation.

Résigné, l’Exetra Prime recula d’un pas en levant sa main. Le son cristallin de la forme gelée émergeant du néant caressa les oreilles des dié eraiés. L’azur beauté de la lame forgée pour mettre fin à leur existence les hypnotisa, au point de leur faire accepter cette fin prématurée.

Les iris électrique d’Ashron fixèrent son ancien ami, croisant ainsi l’empathie de son regard.

« Cesse d’hésiter ! Tue-le ! ordonna la voix intérieure d’Ashron. »

L’injonction résonna dans son esprit, sans pour autant éclipser le doute qui le grignotait petit à petit. Cherchant à retrouver ses pensées d’Exetra Prime, Ashron abaissa le bras droit et, sans s’en rendre compte, chancela de tout son corps.

« Mais que fais-tu ? hurla sa conscience, tu seras renié su tu faiblis. Fais respecter les axiomes!»

Le voyant décliner, Bellora jeta violement Guidomex sur le côté puis, lame à la main, fondit en direction du crâne d’Adony. L’arme trouva sur son chemin la glace de celle d’Ashron qui s’était interposé.

« Memac’htiern ? Pourquoi ? balbutia Bellora en fixant l’Exetra Prime d’Adrais protéger l’Harzerezh.

— Je ne peux pas »

La paume de son autre main forma une lame qui trancha le bras armé de l’exetra. Le hurlement de cette dernière raisonna dans les galléries à l’instant ou le membre toucha le sol. De la plaie béante jaillissait abondamment le liquide carmin de la vie. Titubant en arrière, Bellora tenta d’endiguer le flot avec sa main valide, sans succès.

« Traître ! Traître ! »

Avant qu’elle ne vocifère toutes les insultes qui fusaient dans sa tête, Ashron la lui trancha d’un coup sec et précis. Roulant sur le sol, l’Exetra Primé fixa le visage exprimant sa colère envers le traître. Mais il n’exprima aucun sentiment, résigné par les événements qui maintenant devaient se produire.

« Pourquoi ? demanda Adony

— Ne demande pas. Partez tout de suite et ne vous retournez pas !

— Pourquoi maintenant ? ajouta Guidomex.

— Partez ! »

Adony et Guidomex laissèrent cette question en suspens et usèrent de grandes enjambées pour quitter la galerie. Alertés par le cri de Bellora, Jergo et Nox arrivèrent devant son corps décapité. Devant eux, son implacable regard posé sur leur cadavre en devenir, l’Exetra Prime marqua une pause pour chercher une autre solution.

Mais il n’y en avait pas.

L’instant d’après, ses lames azurées se plantèrent dans la poitrine de Jergo et Nox. Par leur intermédiaire, Ashron ressentit leurs battements de cœur qui ralentissait. Rapidement, cette cadence s’essouffla pour laisser place au silence de la mort.

Sans perdre de temps, Ashron rebroussa chemin, laissant les trié corps derrière lui. De retour à l’intérieur de l’habitation, il reposa son épaule contre la porte d’entrée et marqua un temps de réflexion : Que faire ? réfléchit-il. Les corps devaient disparaître et la raison de leur mort, être inventée. L’Harzerezh est la solution.

Le pas lourd, l’Exetra Prime rejoignit l’aerliestr qui l’attendait. A bord, la voix du conducteur résonna à travers l’apelligomzi:

« Memac’htiern, où sont les autres ?

— Ils ne reviendront pas.

— Pardon ?

— On rentre ! »

Son inquiétude pour Bellora ne suffisait pas à contrarier l’Exetra Prime d’Adrais. Les moteurs vrombissants, l’aerliestr démarra en trombe pour regagner l’apalez aussi vite qu’à l’aller. Durant le trajet, Ashron s’imagina revenir pour faire disparaitre les cadavres après avoir organiser leur disparition.

Mais la culpabilité d’avoir trahi la Komunozhra lui serra le cœur, au point de l’empêcher d’avoir les idées claires. Les Axiomes venaient d’être bafoués par leur protecteur.

A son apalez, Ashron se précipita à l’intérieur et s’élança vers sa chambre, sans accorder un regard aux exetras croisés. La réminiscence d’Ishria se rappela à lui, exhumant ce sentiment de peur et d’errance qui l’empêchait de dormir à l’époque.