Tablette Eragor
Vallia fixait le rectangle d’acier qui la séparait de l’ancien Exetra Prime, les bras d’Adony l’empêchant de bouger. Des larmes roulèrent lentement sur ses joues rougies. A côté d’elle, Mayelle restait silencieuse, comme dans l’attente d’un heureux dénouement.
« L’Harzerezh d’Aliard est enfin réunit, raisonna une voix satisfaite s’élevant depuis le fond du tunnel.
Le larmoiement encore chaud et exigeant vengeance, Vallia voulut s’élancer sur l’Exetra Prime et sa suite. Mais Adony referma son emprise sur elle afin de lui éviter la mort que réclamait la lame d’Eragor. Puis, aidée de Mayelle, il la maitrisa pour ensuite se soumettre.
Sans leur laisser de répit, les exetras saisirent les harzerezhiés pour les mener aux geôles de l’apalez. Eragor les fixa sans mot dire, seul son sourire laissait entrevoir sa satisfaction à avoir réussi là où Ashron avait toujours failli. À leur arrivée, l’Harzerezh adraisés était au complet.
« Jamais nous n’aurions dû lui faire confiance! lança Haria à leur entrée dans l’humide et sombre pièce.
— Il nous a sauvé du purgat, lui répondit Mayelle, le regard perplexe.»
Plongeant dans les yeux de sa sœur, Haria resta muette à la révélation. Elle préféra ruminer son agacement contre un des murs défraichis, et laissa le silence prendre place dans cave qui leur servait de geôle. Chacun se regardait furtivement, la tête baissée pour Adony, seul dans son coin pour Guidomex, la bouche close pour Haria, le regard vide pour Sirux et la tête dans les genoux pour Mayelle.
« Impossible ! Je l’ai vu sourire, ça ne peut pas se terminer ainsi, dit Vallia en frappant l’un des murs grisâtre et fissuré.
— Personne n’est jamais sorti vivant d’un Purgatoré, raisonna Mayelle.
— Pourquoi souhaites-tu tant qu’il soit sauf ? demanda Haria intriguée. N’est-il pas responsable de l’Exetranen, des dié dernières heoles de combats et de sacrifices ?
— Haria, arrête s’il te plaît, coupa Guidomex.
— Non, je veux savoir. Toi qui hait tellement le Komunozhra, comment peux-tu pardonner à son Exetra Prime ?»
Mais une apparition derrière les barreaux des geôles interrompit la discussion. Un sourire narquois dessiné sur son visage ingrat, Eragor jubilait. Depuis que son bras avait quitté son corps, la vengeance guidait chacune de ses décisions pour trouver Ashron. Et en son absence, ses compagnons du moment feraient l’affaire.
« Il y a beaucoup de questions qui méritent des réponses. Et je pense que je vais adorer ça. »
La porte se déverrouilla par un cliquetis cinglant. Puis des exetras saisirent Guidomex qui n’opposa aucune résistance, Eragor ayant dirigé le tranchant de sa lame vers Haria. Au bout du ténébreux tunnel, il fut emmené dans une pièce aux effluves rance et ferreuse, lui arrachant grimaces et moues. Beaucoup de secret ont dû être révélés dans cet endroit.
Mais Eragor posa peu de questions car seule la douleur serait demandée durant le reste de l’hweld’acec.
Une éternité, ce fut le moment que dura la torture que chacun dû subir. Des hurlements de douleurs résonnèrent en écho dans les couloirs des geôles, allant jusqu’à ébranler l’échine de certains exetras. Une seule voix ne s’éleva pas dans les dédales moites des sous-sols.
Dans un silence effrayant, Vallia n’offrit que mutisme à son bourreau.
Un certain temps indéfinissable plus tard, le regard comme résigné, les zié compagnons étaient de retour dans leur sombre demeure. Des plaies suintantes, du sang séché, des ecchymoses boursoufflées, voilà quels étaient les résultats du travail d’Eragor.
Avec un de ses yeux s’ouvrant encore, Guidomex le remarqua derrière les barreaux.
« C’est l’heure d’en finir »
Impuissant, la fatigue surpassant tout envie de résister, l’eraié laissa glisser ces mots sur lui. Il n’en pouvait plus, tout comme les autres. Et sans dire un mot, tous se levèrent machinalement pour être emmenés dans un aerliestr. Rapidement, le véhicule s’élança vers le centre de Lamis, le moteur d’amatia crachant ses déchets noirâtres à travers la citée.
Remarquant les tremblements incontrôlés d’Haria, Guidomex s’approcha doucement d’elle.
« Aie confiance, il y a encore un espoir, lui chuchota-t-il.
— Lequel ?
— Je ne sais pas... mais tant que tu es vivante, ne le perds jamais. »
Ses paroles, aussi futiles soient-elles, apaisèrent légèrement l’eraiéé. A côté d’eux, la serrant dans ses bras, Sirux calmait les sanglots de sa sœur, tandis qu’Adony gardait ses dernières pensées pour lui. Droit devant elle, Vallia fixaient le paysage défilant. Aucune peur ne transparaissait dans son regard.
Elle attendait.
Soudain, l’aerliestr s’immobilisa et la porte s’ouvrit. Dié exetras au visage masqué apparurent pour faire descendre les zié harzerezhiés vers leur prochaine destination, l’estrade au centre de la place. Beaucoup de lamisiés étaient entassés pour assister à la mise à mort. Le temps d’être alignés, Guidomex vit la compassion sur leur visage.
Les séparant d’eux, dié-xié exetras étaient en rang, attendant l’ordre, surplombé par un Eragor triomphant.
« Pour avoir transgressé les règles dié, trié, krié, cié, zié, nié et xié. Vallia Bianca, Guidomex Louedec, Adony Vitrius, Mayelle, Haria et Sirux Nioméné, vous êtes condamnés à la mise à mort. En raison de la nature de vos actes, vos dépouilles seront brulées et vos noms, effacés des écritures aliardiéés. »
Tandis qu’Eragor continuait son macabre laïus, Guidomex s’avança vers la rangée, les yeux encore plus triomphants que ceux de l’Exetra Prime, pesant ses mots qui seront ses derniers.
« Jamais vous ne vaincrez l’Harzerezh!
— Abattez le ! »
Sortant du rang le pas lourd, un imposant exetra s’avança, nekarab à la main. Délicatement, il le leva pour poser l’orifice du canon sur le front de Guidomex. Sentant le bout de métal gelé sur sa peau, ce dernier plongea son regard dans celui de son bourreau, comme pour lui montrer sa détermination. Puis il les fermât, la peur commençant à l’envahir.
Un bruit sec résonna sur toute la place.
Puis un long cri d’agonie, rouvrant les yeux de Guidomex, enveloppa les lieux. Devant lui, un flot de sang jaillissait des restes du bras armé de l’exetra. Son regard embrouillé par le plasma goutant de ses paupières, il perçut ce dernier qui essayait d’endiguer le flot rouge ruisselant de sa plaie.
Affolé par la scène, Eragor ordonna aux exetras restants d’abattre les condamnés. Parfaitement coordonnés, ils empoignèrent leurs nekarab, visèrent Vallia, Guidomex, Adony, Mayelle, Haria et Sirux et provoquèrent un déluge de projectiles.
Au son crépitant des armes crachant l’amatia, dié grands amas de glace se formèrent pour matérialiser un duo de dragons au long cou azuré. Immédiatement, les bêtes s’interposèrent entre les harzerezhiés et leurs bourreaux, interceptant chaque projectile dans un son cristallin et salvateur.
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