Masquant un horizon devenu flou par l’Heolar s’y dissimulant, les remparts de la vieille Alaris Valhal se dressaient enfin face au dié aerliestrs. Sirux stoppa le sien, rapidement imité par celui de Guidomex.

« Je vais avertir Killei de notre arrivée, prévint Sirux en manipulant l’apelligomzi face à lui. »

Le message envoyé, les moteurs d’amatia recommencèrent à vibrer et les engins s’élancèrent vers l’interminable mur entourant l’ancienne fierté d’Alaran.

Ashron laissa ses yeux parcourir l’imposant édifice à mesure qu’il s’en approchait. Fissuré par le temps et les stigmates du Letranemen, son aspect témoignait des heoles qu’il avait traversés. Son regard s’arrêta cependant sur un pan de maçonnerie se démarquant de l’usure monotone. L’instant d’après, il s’éleva pour s’ouvrir et laisser entrer les dié aerliestrs.

« Il a bien reçu mon message, se félicita Sirux »

A l’intérieur, un grand hangar foisonnant d’activité les accueillis. Devant eux, un eraié leur fit signe de sortir et de le rejoindre.

« Acec’ ! Bienvenue à Alaris, lança-t-il à leur descente. Nous allons nous occuper de vos aerliestrs vus leur état. Suivez- moi, je vous conduis à Killei et à vos compagnons de Lamis.

— Nos compagnons ? s’interrogea Guidomex.

— Suivez- moi »

L’eraié caressa le pommeau de ses driaxes, impatient de savoir qui étaient ses fameux compagnons, et emboita le pas des autres pour sortir du hangar. Dehors, les rues lisses et alignées tranchaient avec les heoles du rempart. Après le Letranemen et la destruction d’une grande partie de la cité, tout avait été reconstruit.

Ashron n’était jamais venu à Alaris, dans cette vie comme dans l’ancienne. Tout en suivant le groupe d’Harzerezhiés, il détailla chaque bâtiment lisse et terne qui jonchait leur route. Les pierres d’Alaran, grises et parfaitement taillées, érigeaient les grandes habitations collectives bordant les routes bétonnés et entretenues. Les fenêtres de ces bâtisses, petites et rondes, étaient le seul lien que les habitants entretenaient avec l’Heolar, ce dernier parvenant à peine à frayer un chemin pour ses rayons entre les immeubles.

Bifurquant d’intersections en intersections, Vallia s’impatientait d’arriver à destination. La foule qui ne cessait de la frôler agaçait celle qui avait passé autant de temps dans la quiétude d’Yvalis. Soudain, le guide des ptié harzerezhiés stoppa sa marche devant une récente pennilizi’hec.

Vallia laissa son regard balayer la place. Des estemms bien alignés et quelques calmes etavarnas animaient l’austère endroit. Cet endroit n’avait rien à voir avec la Cité des Cieux et la fierté de son histoire. Alaris Valhal avait oublié ses origines, honteuse d’avoir perdue face à la grande Adrais. Seules les quelques statues pensives des anciens rois d’Aliard subsistaient, non entretenues et au bord de l’effondrement.

L’eraié repris soudain sa marche, vers une estemm isolée des autres. À l’intérieur, ils dépassèrent la file d’eraiés pour s’engager derrière le large comptoir de bois aliardié. Maintenant au calme, ils s’éloignèrent de l’activité foisonnante pour pénétrer dans un souterrain derrière une trappe dissimulée.

La maison d’Adrais revint à la mémoire d’Ashron. Elle dissimulait de sombres galléries similaires à celles qu’ils arpentaient. Seuls les étincelants éclairages des petites salles où se reposaient, mangeaient et s’occupaient plusieurs eraiés éclairaient leur chemin.

Après une silencieuse et souterraine marche, les ptié harzerezhiés débouchèrent au milieu d’un large espace baigné de lumière. Près d’une des nombreuses tables, Sirux reconnut le grand eraié qui les fixait avec un grand sourire.

« Killei !

— Sirux ! Enfin je te revois! »

D’un pas rapide, Killei le rejoignit et arrivé à son niveau, entoura de ses grands bras le massif eraié pour l’embrasser.

« Killei est le compagnon de mon frère, expliqua Mayelle à Ashron.

— Ca fait un moment qu’ils ne se sont pas vus.

— Tu as face à toi l’origine de l’Harzerezh. Killei et Sirux ont été les premiers à prendre les armes après l’Exetranen. C’est Sirux qui mena l’assaut de l’apalez d’Adrais. »

De ses yeux perçant d’ancien Exetra Prime, Ashron fixa Killei qui s’écartait de Sirux. Ce dernier lui renvoya son regard de défiance, puis s’approcha de lui et des autres.

« Vous avez une bien triste mine. Certains auraient besoin de se laver !

— Pas de refus, je pus l’hizra ! répondit Adony en sentant ses vêtements. »

Killei héla un eraié pour lui demander de conduire les harzerezhiés là où ils pourraient se rafraichir.

« Pas toi, lança-t-il à Ashron qui suivait le mouvement»

Ce derniers laissa ses compagnons de fortune suivre l’eraié et emboita le pas de son hôte. Derrière lui, il détailla celui qui le dépassait de presqu’un demi piec. Grand et fin, Killei marchait gracieusement. Son visage androgyne était marqué par les dernières heoles à combattre la Komunozhra.

Et à le combattre lui.

Soudain, l’eraié s’immobilisa devant une porte pour l’ouvrir, et laisser entrer Ashron. À peine le pas franchis, Killei la referma en dégainant sa lame. Mais la glace d’Ashron l’entourait déjà, et l’ancien Exetra Prime immobilisa l’arme de son adversaire, puis attrapa son cou.

« Tu as de bons réflexes mais c’est insuffisant»

Les yeux d’Ashron fixèrent ceux de Killei. Ces deniers commencèrent à s’injecter de sang, la pression exercée par l’eraié l’empêchant de correctement respirer.

« C’est bon… Tu peux me lâcher… J’ai compris, suffoqua-t-il »

— Pourquoi relâcherais-je celui qui essaye de me tuer.

— Je… devais… essayer »

La réponse fit lâcher prise à l’ancien Exetra Prime. Son esprit venait de saisir et comprendre pourquoi Killei l’avait attaqué. Il était celui qui avait mené l’Exetranen, celui que combattait l’Harzerezh depuis dié heoles, celui qui avait mis fin à tant de vies eraiéé au nom d’absurdes axiomes.

Il allait subir encore bien d’autres vengeances.

« Tu ne penses tout de même pas arriver ici et être accueillis à bras ouverts ! s’énerva Killei en reprenant sa respiration. Pourquoi te pardonnerait-on ta folie.

— Je ne recherche pas le pardon car il est hors de ma portée. »

Killei fixa l’ancien Exetra Prime et ses yeux baissés.

« Alors que recherches-tu ?

— Je veux redevenir eraié »

Son souffle de nouveau stable, il fixa Ashron pendant un long moment. La faiblesse dont il faisait preuve après avoir failli le tuer d’une seule main l’ébranlait.

« Ne vient pas chercher de rédemption parmi nous, reprit-il enfin, tu ne l’as trouveras pas ici. Mais l’Harzerezh peut avoir besoin d’un guerrier aussi puissant que toi.

— Je ne sais pas…

—Mayelle et Sirux me l’ont demandé. Apparemment, ils te font confiance.

— Je dois réfléchir… répondit Ashron en lui tournant le dos.

— C’est un luxe hors de ta portée, Exetra Primera Rafn d’Adrais. Rejoins l’Harzerezh ou pars. »

Ashron stoppa sa marche vers la porte, réactivant la méfiance de Killei. Mais l’eraié laissa retomber sa main proche de la porte, puis il se retourna vers son interlocuteur.

« Très bien, j’accepte ta proposition.

— Parfait, suis moi »