Tablette Ira

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Lentement, l’Heolar commença à percer les blancs nuages surplombant Hielmis. Sur le manteau glacé qui faisait office de rue, le sang séché, les braises fumantes et les débris des combats apparaissaient au fur et à mesure que ses rayons frappaient le sol.

Les harzerezhiés avaient trouvés refuge dans une estemm encore opérationnelle, et profitaient du repos pour se conter leur périple.

Après avoir laissés Ishria derrière eux, Ashron et Vallia s’étaient rendus à Alaris pour trouver Rouxen. Ce derniers les avaient informés de la demande d’aide des omiardiés et des changements en cours sur Isyliard. L’Harzerezh suscitait les vocations et l’espoir, fédérant les eraiés quel que soit leurs origines.

En prenant plus de temps qu’Ashron, Guidomex conta leur périple. De la rencontre avec Hellie à celle avec Liegor, rien ne fut éludé.

Puis Ashron détailla ce que sa mémoire avait recouvré et ce qu’ils leur étaient arrivés sur Ishria.

« Si je m’attendais à ça, lança Guidomex qui cherchait à mettre en ordre ce qu’il venait d’entendre. »

De son côté, Haria demandait souvent à Vallia des précisions pendant le récit. « Mais comment la Via peut-elle être à l’origine de la hahud ? » « Nous on existe dans le TrErvIlIA En dEn ou dans l’ArvIllIa En dEn ? » Comment font les Axems pour se matérialiser ? » « Qu’est ce qui équilibre les astralians et les abyssiens pour former la Via ? »

Vallia en eu mal à la tête.

Puis Liegor invita les harzerezhiés à rester le temps de panser leurs plaies. Hielmis devint la terre d’accueil des omiardiés errant sur le continent glacé et l’Harzerezh devint le nom qui se formait sur toutes les lèvres.

Tandis qu’il profitait d’un lit confortable, Ashron fixait le plafond à la recherche du sommeil. En se retournant, sa main effleura le manche de Ragnarok adossée non loin.

« Esgard, susurra la lame à son oreille. »

L’eraié se redressa pour saisir la fusée de son arme à deux mains.

« Qu’essayes-tu encore de me dire ? lança-t-il à haute voix

— Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda Guidomex qui cherchait à dormir non loin. Ne me dis pas que tu parles à ta lame ? »

D’un œil gêné, Ashron reposa son arme mais avant de lâcher le manche, d’autres mots raisonnèrent dans sa tête.

« Ira, Ile, rejoindre »

Laissant un instant son esprit à la réflexion, il reprit Ragnarok dans l’attente d’autres indications. Mais devant son silence, il se décida.

« Guidomex, réveille-toi.

— Comme si j’arrivais à dormi avec toi qui parle à ta lame.

— Va chercher les autres, je dois vous parler.

— Maintenant ? Sérieusement ?, grommela l’eraié en se levant. »

Pendant que son ami partit querir les harzerezhiés, Ashron tenta encore de communiquer avec Ragnarok, en vain. Mais tandis qu’il se résignait à ces vagues indications, une déferlante d’images traversa son esprit. Sa main ne pouvait plus lâcher son arme qui emplissait sa tête de terres surplombées de bâtiments immaculés et toisant l’azur, d’eraiés aux habits inconnus et d’aerliestrs fusant à des vitesses inatteignables.

Puis un chemin se dessina dans son esprit.

« Qu’as-tu à nous dire de si urgent, lança Sirux en entrant dans l’etavarna »

Derrière lui, Vallia se précipita sur Ashron en le voyant au sol.

« Que t’arrive-t-il ? demanda-t-elle en le relevant de sa main douce.

— Ragnarok.

— Que t’a-t-elle dit ?

— C’était une blague tout à l’heure, s’amusa Guidomex en s’approchant des deux eraiés. Je n’étais pas sérieux.

— Esgard, répondit Ashron en ignorant son ami. Nous devons nous y rendre.

— Esgard n’existe pas, dit Sirux en s’asseyant sur le lit. C’est un mythe inventé par des explorateurs avides de reconnaissance.

— Non, ce continent a existé il y a très longtemps, coupa Haria sure d’elle. Il a été détruit par Eratos dans le cataclysme décrit par le culte des enfants d’Eratos, après cent acec’hwelds de tempête de glace.

— Ragnarok… reprit Ashron en posant une main sur sa tête, elle m’a montré le chemin.

— Ta lame t’a montré le chemin d’un continent qui n’existe pas ? ironisa Liegor qui s’était invité. Bon bah on part quand ?

— Une île, à l’ira d’Aliard. Je sais que ça parait fou, mais il faut que j’y aille.

— Notre présence n’est pas nécessaire ici, et Adrais est imprenable avec Serath en son sein. Alors pourquoi pas ? proposa Haria qui était curieuse d’en apprendre plus sur ce mythique continent. »

Des regards, pour la plupart perplexes, furent échangés avant qu’Ashron ne se leva en premier pour sortir de l’etavarna. Puis tous le suivirent, Sirux ressentant l’appel du nijve et les autres étant curieux de savoir ce qu’ils découvriraient à l’ira.

Arrivé à la limite de Hielmis, Hellie se tourna vers l’omiardié qui les talonnait.

« Pourquoi nous suis-tu ?

— Les bats survivants sont revenus alors je n’ai plus rien à faire ici.

— Et ton baten ?

— Il n’existait que parce que les autres n’étaient plus. Donc j’aimerai intégrer le tiens, ancien Exetra Prime. »

Surpris par ses mots, Ashron se tourna vers Liegor pour y ancrer ses iris.

« Mon baten ?

— Bah quoi ? Vous mangez ensemble, vous buvez ensemble, vous vous battez ensemble et vous marchez ensemble. Donc vous êtes un baten !

— Cette définition me parait simpliste, répondit Guidomex. C’est seulement ainsi que vous vous organisez ?

— C’est suffisant ! De quoi d’autre as-tu besoin ?

— Mais pourquoi serait-ce le mien ? demanda Ashron qui restait encore sur son interrogation.

— Tu es le plus fort d’entre nous et tout le monde te suit sans poser de question, même pour aller dans un endroit qui n’existe pas par un chemin inconnu. »

Vallia laissa échapper un petit rire à la réponse de Liegor. Comme si ils étaient gênés de l’admettre, Sirux et Haria tournèrent les talons pour se diriger vers le nijve. Puis Guidomex s’approcha d’Ashron.

« Ta rédemption n’attendra pas. »

Puis il emboita le pas des Nioménés, suivis par Vallia qui souriait toujours, et par Hellie et Liegor qui ne comprenait pas.

Arrivé au nijve, Sirux se précipita dans la cabine de pilotage tandis que les autres prirent place dans les sièges vacants. Guidomex s’était assis aux côtés de Sirux délaissant ainsi le siège central qui commandait l’imposant appareil d’amatia.

« C’est ta destination, c’est ta mission, lui dit Guidomex en souriant »

Comme son ami l’avait fait la première fois qu’il s’y était assis, Ashron balaya du regard les eraiés qui l’accompagnaient pour voir leurs regards l’autorisant à prendre place. Dans son esprit, les souvenirs de haine qu’il suscitait s’estompaient lentement, pour progressivement laisser place à ce moment.

Dans un vrombissement d’amatia en fusion, l’imposante carcasse métallique s’éleva du sol, faisant trébucher Liegor qui avait refusé un siège, pour ensuite accélérer à travers les blancs nuages garnissant le ciel.

Durant l’acec’hweldro du trajet, Liegor ne lâchait pas Ashron avec les questions qui lui traversaient l’esprit. « Comment tu fais pour bouger aussi vite ? » « C’est quoi ces trucs bleus atour de toi quand tu te bats ? » « C’est qui l’énorme bête avec des ailes ? » « Comment tu fais pour manier un lame aussi grande ? »

Ashron n’arrivait pas à répondre à toutes.

Arrivés aux indications de l’ancien Exetra Prime, Sirux régla les réacteurs au minimum mais rien n’apparaissait à travers la verrière. Derrière lui, Ashron scrutait l’horizon uniquement composée d’eau, puis sa carte depuis le pupitre de contrôle.

Mais il n’y avait rien.

« Tu es sûr de l’endroit ? lui demanda Sirux.

— Non mais je n’ai que ça. »

Avec ses yeux perçant, Ashron fixa la mer agitée par un calme plat pour voir une petite lumière commençant à briller au-devant. Rapidement, Sirux et lui durent couvrir leurs iris pour éviter l’aveuglement, la lueur s’étant transformée en irradiante illumination.

Quand ils purent de nouveau les ouvrir, les contours d’une terre isolée avaient pris forme au milieu de l’étendue bleue. D’une taille ridicule, l’île ne semblait pas à sa place, comme si un eraié l’avait posé ici intentionnellement.

Sans perdre de temps, Sirux orienta le cap sur le petit amas de terre pour y poser le nijve, sa maîtrise de l’engin s’affutant de plus en plus.

Sortit de l’engin fumant d’amatia, Guidomex détailla la roche qui composait le paysage. Tout à coup, ses yeux se posèrent sur un petit autel cassant le monochrome de l’endroit.

« L’autel » raisonna la voix de Ragnarok dans la tête d’Ashron.

Sans se poser plus de question, l’eraié s’exécuta et s’approcha. Il scruta la pierre scrupuleusement sculpté et polis. Curieux, il posa sa main et fut surpris par le froid et la sensation.

Ce n’était pas de la roche.

Soudain, la lumière précédemment vue avec Sirux éblouis tous les eraiés de ses puissants rayons. Puis un grand bruit vrilla toutes les oreilles pour ensuite s’estomper dans un silence anormal.

L’instant d’après, Ashron ouvrit les yeux pour scruter autour de lui. Ses compagnons étaient allongés au sol, immobiles et éparpillés. Immédiatement, il se précipita vers Vallia et la réveilla en posant une main sur elle.

« Ou sommes-nous ?

— Aucune idée. ».

Tour à tour, ses autres compagnons imitèrent l’eraiéé, les esprits et les pensées perturbés.

« Où sommes-nous ? Où est le nijve ? demanda Sirux inquiet que son engin n’ait disparut. Je ne vois que du noir.

— Je ne vois même pas sur quoi nous marchons, ajouta Haria en fixant ses pieds. »

Serrant sa lame par le manche, Ashron héla son nom dans sa tête, sans réponse. Soudain, un choc raisonna dans l’endroit, comme s’ils provenaient de toutes parts. L’ancien Exetra Prime se concentra sur le bruit en balayant les alentours mais seuls les ténèbres, et ses compagnons, étaient visibles.

Puis il ressentit un mouvement d’ascension.

L’instant d’après, un point éclatant apparu au-dessus d’eux. D’abord imperceptible, son éclat se fit de plus en plus vifs et s’accompagna d’autres émergeant des ténèbres. En quelques instants, ils étaient cernés par des points incandescents qui flottaient autour d’eux.

Puis les lueurs s’allongèrent.

De grands traits lumineux s’étirèrent lentement pour former une toile de lumière éblouissant chaque œil qui s’essayait à la fixer. Puis une forte secousse les ébranla tous, faisant tomber Haria et Liegor. Tandis que Vallia les aidaient à se relever, une nouvelle secousse brisa l’endroit et leur fit perdre connaissance.

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