Une future légende de Bretagne
Voilà quelques temps, un musicien sortait de l’école de musique en clapant la porte, à en faire trembler tous les murs du bâtiment, à en dégonder le portail. Il était si sûr de lui ! et pourtant le jury décréta qu’il n’était pas doué, voir grossier dans son interprétation.
Il déambula, donnant des coups de pieds dans sur tout ce qui se trouvaient sur son chemin, cailloux, canettes de cola, chaudron, et même, dit-on, un chat noir vola sur quelques mètres.
Il marchait au bord du trou du néant qui se trouvait dans sa tête à l’instant T.
Quelques jours plus tôt, il déambulait, dans les rayonnages d'une librairie, à la recherche de partitions, voire d'un mystérieux parchemin. Lui, pensait interpréter cette musique comme des mots veloutés, à la façon d’une belle mosaïque. Comme un noctambule, entre chien et loup, par une nuit de clair de lune dorée, il percevait gronder au loin les vagues, se jetant sur les rochers.
Notre musicien se dirigea vers cette petite plage du Cap Coz, dans le Finistère Sud et sortit un saxo de son étui. Il délivra d’un seul coup des notes chaudes et enjouées, dans une musicalité impeccable. Il joua pour la nature, pour rien, sans stress, sans peur et sans reproche. Durant des heures il souffla dans son instrument qui le trahissait quelques heures auparavant.
Epuisé, il s’écroula sur le sable, avec pour témoin d’entrée dans son sommeil, des bestioles mal identifiées mais terrifiantes qui lui firent peur, et qui viennaient lui grignoter le bout des orteils.
Dans cette profondeur céleste mélée à la brume, et bercé par le bruit adoucit des vagues, il s’endormit pour toujours avec pour compagnie le peuple de la nuit.
Braves gens, il arrivera désormais, si l'on prête un peu l'oreille, d'entendre des notes d'une musique envoutante hanter la nuit noire, entre Fouesnant et Beig Meil.
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