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Deux jours plus tard, alors qu’il est à deux pas de son domicile, un homme très élégant, parapluie à la main et chapeau melon l’accoste.

— Mister Gaspard, I presume ?

— Euh. Oui.

— Accepteriez-vous de partager a cup of tea with me ?

Après le coup des Américains, Gaspard devine un nouveau « collègue ». Décidément, son pays a beaucoup de flair pour être sur cette affaire si tant d’autres pays sont intéressés. Au moins, avec celui-là, pour l’instant, il n’y a pas de menaces et il ne se sent pas en danger. Attablés dans un coin discret, ayant délaissé le jus noirâtre qui leur a été servi, n’évoquant en rien un English tea ou un thé à la menthe, l’homme lui explique, dans ce nouvel accent, être intéressé également par sa quête. Il dévoile travailler pour sa Gracieuse Majesté (Gaspard ignore laquelle), pour un service s’appelant MI6, ou MI5, ou MI quelque chose, car l’explication sur les services est un peu embrouillée et que cela ne le concerne pas. Il se présente même comme étant le capitaine Blake. Sans doute un pseudonyme, se dit Gaspard, comme Sept pour lui.

Pendant qu’il cause, l’agent tualrocien se demande pourquoi les espions aiment tant révéler qu’ils sont des espions à leurs confrères. On ne lui a rien dit sur le secret à tenir. Ces demandes commencent à l’agacer. Combien y a-t-il de services secrets dans le monde ? Et comment savent-ils tous qu’il est homme de ménage dans ce laboratoire ? Et comment savent-ils ce qu’on y fait ? Et comment savent-ils qu’il agit pour le SOS ? Il a eu du mal et du mérite pour arriver sur sa cible. Ils n’ont qu’à faire pareil !

Le capitaine Blake continue de parler, raide comme un piquet. Gaspard se dit qu’il va le laisser en plan quand un barbu souriant les rejoint. L'ayant à peine salué, il entreprend de lui raconter le caractère exceptionnel du petit animal, avec un enthousiasme communicatif, digne de celui de Charlie. C’est compliqué, mais tellement bien expliqué que Gaspard comprend tout. Il est captivé par cet homme qui répond clairement ses questions.

La particularité de ce venin est qu’il décuple les capacités du cerveau et la résistance physique. L’effet dure entre douze et trente-six heures, selon la dose reçue. Il y a des effets secondaires très dangereux. Pour les personnes ayant des faiblesses psychologiques, comme elles sont multipliées, elles peuvent devenir destructrices ou s’amplifier à jamais. Et pour les autres, ceux qui supportent les effets sans trop de conséquences, il semblerait que le corps se consume très vite, comme si on vieillissait brusquement. Il s’arrête un moment, baisse la voix et dit : « Toutes les capacités sont démultipliées, y compris celle du plaisir… ». Gaspard ne comprend pas ce que cela veut dire, mais le petit sourire en coin entre Blake et le professeur le laisse penser que c’est important. Le professeur reprend : son objectif est d’avoir les potentialités sans les défauts. Gaspard se dit que, s’il fait les mêmes recherches que Dubois et Charlie, le plus simple serait qu’ils travaillent ensemble !

Gaspard est enthousiasmé, mais ils sont des étrangers et lui travaille pour sa patrie. Celui qui semble avoir avalé un parapluie reprend son discours, expliquant que leurs deux pays sont en pourparlers, que c’est lent et que pendant ce temps, les « bouffeurs de grenouilles » avancent ! Gaspard se demande si des batraciens sont aussi concernés ou si ce sont ceux qui les consomment. « C’est sur le terrain que l’on voit la bonne volonté des hommes ! », achève doctement le capitaine Blake.

Gaspard est bien d’accord, mais il sait le peu de valeur des paroles. Ces deux-là, le professeur surtout, lui paraissent plus sympathiques et moins menaçants que les Américains. Il y a de nombreux scorpions dans chacune des boites. Après tout, ces bêtes sont à lui autant qu’à Dubois ! Il peut en disposer à sa guise. Il se demande s’il doit en parler à Quatre ou même à Un. Et puis, basta ! il n’a que des directives vagues, aucune aide. Si ce n’est pas interdit, c’est que c’est permis ! Gaspard leur promet donc la remise d’un échantillon, en se promettant qu’ils sont les derniers : il ne va quand même pas distribuer ses scorpions à la Terre entière !

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