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Gaspard s’est tu, soudainement plongé dans ses pensées. Puis il relève la tête et fixe Gaston.
— Voilà, tu sais tout ! Mais maintenant il faut que tu assumes ton rôle de traitre !
— Traitre ? Je t’ai soutenu, aidé…
— Peut-être, mais tu n’étais pas avec moi…
— Si ! Toujours ! Je ne t’ai jamais menacé, mis en danger. Je n’ai fait que te suivre.
— Pour qui travailles-tu ?
— Ça, je ne peux pas te le dire. Mais, ce n’est pas contre notre pays, je peux te le jurer !
— Bof, le serment d’un traitre…
— Gaspard, ne crois pas…
— On arrive à la fin et il n’y a eu aucun mort !
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Il faut finir en beauté !
Gaston n’apprécie pas la tournure de leur conversation, tandis que Gaspard poursuit :
— Que dirais-tu de tenter l’expérience ?
— Quelle expérience ?
Gaston tente de gagner du temps, car il a deviné les desseins de son ex-ami.
— Regarde ce sac, ouvre-le ! Tu vois, trois tubes, trois solutions. La douleur extrême qui te fait regretter la mort, devenir un homme-femme ou avoir des superpouvoirs… Tu vois, je te laisse le choix !
— Mais le marabout m’avait dit…
— Que tu ne survivrais pas à une piqure ! Au fait, le sort avec les femmes, dont tu te moquais ?
— Ben…
— Je vois ! Tu ne peux plus leur parler, et encore moins…
Gaston baisse la tête.
— Tu n’as donc rien à perdre ! Vas-y !
— Mais…
— Tu as une chance sur trois…
— De mourir ! Ou de devenir un…
— Gaston, tu m’impatientes ! J’ai pris des jeunes, donc si tu choisis bien, tu ne devrais pas trop mourir.
— Mais pourquoi tant de haine à mon égard ?
— Mon petit Gaston, il n’y a aucun sentiment dans tout ça. Nous sommes dans le final, simplement ! Il faut du tragique.
— Il n’y a pas une autre possibilité…
Devant les gémissements de Gaston, Gaspard commence à perdre patience. Il s’agite sous sa djellaba. Gaston devine un objet dur dirigé vers lui.
— Une chance sur quatre maintenant ! Tu as un pistolet pointé sur toi. Ma main a des fourmis sur la gâchette. Tu dois choisir !
Gaston blêmit.
— Gaspard, pourquoi ? Nous avons été comme des frères !
— Je te donne un indice. À toi de voir si tu es malin. Il y a trois sortes de piqure et il y a trois couleurs de bouchon. Jaune, bleu et rouge. Tu peux regarder et choisir la bonne couleur !
Gaston hésite, ouvre un des tubes, sous le regard déjà indifférent de Gaspard, qui pense maintenant à son destin national, ou plus. Avec ses nouveaux pouvoirs, il allait pouvoir conquérir le monde, ce qui était mieux que petit fonctionnaire dans un chef lieu de canton.
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