La dernière danse
Il me tendit une main, puis me fit un tendre sourire, les yeux remplis d'amour.
Assise sur ma chaise, mon regard passait de sa main à ses beaux yeux azurs.
Puis, mes doigts se glissèrent sur sa paume et je me levai de ma chaise, sans jamais le lâcher du regard. Il m'entraina sur la piste, où nous nous trouvions seuls dans la pénombre. Il se dressa face à moi, glissant une main dans la cambrure de mes reins, rapprochant mon corps un peu plus au sien, ses yeux ancrés dans les miens. Nous n'avions aucunement besoin de parler, nos yeux s'exprimant pour nous. Son autre main tenait fermement la mienne et il commença à nous faire valser, d'abord doucement, puis plus rapidement, au gré de la musique. Je me laissai guider, profitant de l'instant. J'essayai d'enregistrer les moindre détails de ce moment : la beauté de mon compagnon, la fluidité de nos mouvements, comme si nous volions au dessus de la piste, l'amour que tout son être dégageait. Je savais que tout ceci ne durerait pas, alors je créais des souvenirs.
Nos deux corps se mouvaient et ne faisaient plus qu'un. Ma tristesse s'envola et fit place à une intense quiétude, comme si rien ne pouvait plus nous arriver à présent. Je posai ma tête sur le haut de son torse, fermant les yeux, écoutant son coeur battre. C'était la plus belle musique qui m'était donnée d'écouter. J'aurais voulu l'entendre encore et encore.
Mais lorsque la musique commença à se taire, je redressai la tête, ma sérénité me quitta et laissa mon angoisse reprendre le dessus. Je plongeai à nouveau mes yeux dans les siens, pleins de malice.
Alors, il se pencha vers moi et chuchota :
— Merci de m'avoir accordé cette dernière danse.
Puis il posa tendrement ses lèvres sur les miennes. mes paupières se fermèrent, savourant ce doux contact qui me manquerait tant.
— Au revoir, ma douce, dit-il du bout des lèvres en s'éloignant.
Ses doigts s'échappèrent petit à petit de ma main, jusqu'à ce que la chaleur de sa peau ait complètement disparu.
Ce devait être la dernière fois que je le voyais. Dès le lendemain, il retourna sur les champs de bataille pour ne jamais revenir.
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