Chapitre 14 : Visite surprise
Le réveil fut désagréable. Une secousse particulièrement violente l’avait tiré de son sommeil. Papyon accouru dans sa direction affolé.
- Nous nous faisons attaquer ! Je n’ai jamais vécu une telle chose !
Noémie resta pourtant sereine.
- Ce n’est pas une attaque, j’en suis certaine.
- Qu’en est-il alors !
La jeune femme se releva de sa position désagréable, les membres ankylosés, et s’approcha d’un hublot. Un autre vaisseau était parallèle à eux et installait des cordages qui ressemblaient à d’énormes tentacules sur leur vaisseau, pour pouvoir les relier. Aucune arme où agressivité n’était visible. Elle se retourna vers Papyon et lui sourit rassurante.
-Nous avons de la visite.
Elle ne savait pas pourquoi mais elle sentait au plus profond d'elle même que cette visite n'avait rien de menaçant. Les effets du prismes sur sa psychée ? Peut-être. Les nouvelles connaissances qu'elle venait de découvrir en elle ? Sans doute.
Un petite carillon résonna alors dans le vaisseau faisant sursauter Papyon, qui ne s’était pas encore entièrement remis de ses émotions.
- C’est la sonnerie de la porte.
Noémie ne put s’empêcher de se demander depuis quand un vaisseau qui était principalement dans l’air avait besoin d’une sonnerie. Pour les situations comme celles-ci il semblerait, se fit-elle la remarque.
Elle emboîta le pas à Papyon et le suivit jusqu’à une petite porte qu’elle n’avait encore jamais remarquée. La monochromie de Papyon n’était pas vraiment dérangeante mais détonna lorsqu’il ouvrit la porte sur un magnifique ciel aux nuances de violet, vert et bleu, marié à du rouge et du marron. Son attention se reporta pourtant aussitôt sur l’individu qui se tenait face à eux.
Semblable à Papyon mais avec quatre ailes fines et nacrées, un visage en forme de cœur et des yeux d’un bleu topaze, une jeune femme en robe vert clair voletait face à eux.
- Bonjour, je suis Libelalle !
La jeune femme entra toute guillerette sans attendre de réponse en retour. Elle fit un tour sur elle-même tout en observant le vaisseau curieuse.
- C’est beau chez vous, c’est vous qui avez décoré ?
Elle se tourna vers eux un immense sourire plaqué sur le visage. Papyon et Noémie échangèrent un regard, perplexe face à ce personnage haut en couleur. Noémie donna un coup de coude à son pilote et celui-ci finit par répondre après lui avoir jeté un regard noir.
- Oui, je l’ai fait avec l’aide de ma copine Lepi.
- Oh, vous avez une copine…
Libella semblait très déçue et perdit en éclat mais reprit bien vite des couleurs.
- Ce n’est pas grave, je ne suis pas venue vous voir pour cela !
Elle se tourna alors vers Noémie, toujours son immense sourire plaqué sur le visage et lui tendit un drôle d’objet. Noémie le prit et l’étudia sous toutes les coutures, Papyon regardant par dessus son épaule. Cela ressemblait à une balle de foot mais à la place des pentagones noirs ou blancs se trouvaient des pentagones de toutes les couleurs et dans toutes les nuances.
- Ceci est un polychrominoïde. Le vecteur de ce monde. Il en existe dans chaque univers parallèle. Une fois tous les polychrominoïdes réunis il suffit de les assembler pour créer un pictochrome.
- Comment nous avez-vous trouvé et pourquoi nous amener ce… poly...chrimi...nonite ?
- Un polychrominoïde. Pour ce qui est de comment je vous ai trouvé je n’ai pas reçu l’autorisation de répondre à cette question. Pour ce qui est du pourquoi. C’est simple. Un petit oiseau me l’a chuchoté. Vous savez, le vent est porteur de biens des informations...
Le sourire semblait être la marque de fabrique de Libellale car il ne quittait jamais son visage. Il changeait juste d'expression. Maintenant ce n'était plus celui d'une femme toute excitée mais celui d'un lutin ou d'une fée amusée. Noémie ne comprenait plus rien. Libellale semblait ne rien attendre en retour. Mais surtout, semblait avoir été mandatée pour leur amener ce… machin.
- Qui vous envoie ?
- Et bien vous voyons !
Papyon émit un son proche d’un couinement de cochon d’inde et Noémie n’en menait pas mieux. Elle n’était donc pas encore la seule ? Mais alors quelle Noémie lui viendrait en aide ainsi ? Et pourquoi ?
Une autre question traversa pourtant sa tête alors que Libellale se dirigeait vers la porte d'un pas léger.
- Attendez !
Libellale se retourna un sourire interrogateur vers eux, la main sur la poignée de la petite porte.
- Comment je sais que j'ai trouvé tout ces... trucs ? Et comment je sais que vous ne mentez pas ?
Noémie commençait à ressentir les effets de cette aventure sur elle. Elle n'arrivait plus à organiser ses idées correctement ni à réfléchir. La lutin verte fit un sourire mi-figue mi-raisin et se rapprocha d'elle les mains tendues dans sa direction.
- J'en oublie le principal ! Que je suis tête en l'air ! Pour la première question, c'est pourtant simple. Il y a autant de polychrominoïdes qu'il y a d'univers parralèle. C'est à dire qu'il y en a autant qu'il existe de couleurs et ensuite autant qu'il y a de nuances de couleurs. Pour la deuxième question, vous ne pouvez savoir.
Les sourcils de Noémie commencaient à dangereusement se rapprocher sur son front et sa tête commencait à lui tourner. Papyon lui vint en aide.
- Autant d'univers qu'il existe de couleurs et autant de nuances qu'il existe de couleurs ?
Libellale eut un sourire indulgent.
- Il existe autant d'univers qu'il y a de couleurs. Quelles sont les couleurs ? C'est simple pourtant, jaune, orange, rose et j'en passe. Ces couleurs sont les univers dits "principaux", c'est à dire les univers où tout a commencé. Ensuite sont venues les nuances de chaque couleur, turquoise, mauve, kaki... Ce sont les "suites" de ces mondes, en moins bien organisés et toujours un peu différent du premier monde. D'où le fait qu'il existe des boucles et que chez certains se sont des galaxies entières qui se dupliquent, comme la galaxie Palette dans laquelle on retrouve la planète Coloris. Le problème c'est que certains, avides de pouvoirs se sont approprié le polychrominoïde de leur monde et en ont prit le contrôle. C'est pourquoi il existe aussi maintenant les monochromatiques.
Cela faisait beaucoup d'informations à emmagasiner et Noémie commençait à se sentir de plus en plus nauséeuse. Lorsque des étoiles commencères à danser devant ses yeux elle s'appuya sur Papyon qui fidèle à lui-même la maintint pour lui éviter de chuter au sol.
Le polychrominoïde scintillait de plus en plus entre ses mains, l'affaiblissant un peu plus à chaque nouvelle éclat.
Le noir finit par la gagner et elle tomba dans l'inconscience.
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