L'infidélité

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Assise, fixant un point inexistant, mes idées cogitent. Mes larmes coulent telle une rivière chantante, célébrant la tristesse, d'un "nous" qui s'efface en même temps que les flots qui s'écoulent. Chaque larme emporte un souvenir sur son passsage, jusqu'à ce que seul le vide me tienne compagnie.

Car tu m'as trahi. Tu as trahi cette promesse que tu m'as faite, celle de ne pas me faire vivre ce que j'avais déjà vécue, ne pas me replonger dans ce cauchemar infernal. Mais lequel, me direz-vous? Celui de la tromperie, la forme la plus infâme de la trahison.

Quoi, je n'étais pas assez bien pour toi? Toute l'attention que je te donnais ne te suffisait pas? Mes blagues n'étaient pas assez drôles? Mes formes pas assez marquées? Etais-je trop grosse ou trop mince? Trop présente, ou pas suffisamment? Explique-moi, car honnêtement, je ne comprends pas.

Désormais, c'est ma vie entière que je remets en question, car non seulement tu as choisi une autre femme à moi, mais tu as préféré me le cacher, me mentir, me prendre pour une conne, m'embrasser après avec poser tes lèvres sur les siennes, dormir dans mes bras après avoir été dans les siens.

Oui, je ne suis pas parfaite, mais je mérite un tant soit peu de respect et de considération, surtout après tout ce que nous avons vécu. Je mérite des explications, claires, venant de toi, et pas seulement un SMS de celle que tu as choisie, de celle que tu embrassais pendant que je ne faisais que penser à toi. Un SMS, qui, même s'il se voulait bienveillant, me laisse un goût amer dans la bouche.

Tandis que je sens la haine monter en moi, j'entends le bruit de ta clé tourner dans la serrure. Tu es rentré. Cela devrait, comme à mon habitude, me réjouir, mais aujourd'hui, la simple idée de te voir me donne envie de vomir. Je rassemble le peu de forces qu'il me reste et me lève du canapé, puis essuie mes yeux trempés d'un coup de manche. Tu ne me verras pas sombrer, je ne te donnerais pas cette satisfaction. Debout, droite comme un piquet, dos à la porte, je l'entends s'ouvrir, et ta voix s'élève dans la pièce. Je reste de marbre, et ne te jette pas un regard quand tu te penches pour m'embrasser. J'esquive ta bouche, et mon coeur se serre à l'idée que je ne la sentirais plus jamais au contact de ma peau.

Je te lance un seul regard, plein de haine, et tu comprends. Tu t'écartes, tremblant, avant de te mettre à genoux et de te confondre en excuse. Sans un mot, je prends mon sac, frémissante, et je traverse notre salon afin d'atteindre la porte, la franchir, et ne plus revenir. Tu as beau crier, me supplier, le mal est fait. Je me sens honteuse, les jambes en coton, l'impression que je pourrais m'écrouler à tout moment. Mais je ne le fais pas.

Je claque la porte, et le choc brise les derniers morceaux de mon coeur. Je m'enfuis. C'est fini.

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