Epilogue

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Les cheveux de Swan avaient subi la perte de sa fille. Pour eux, le changement avait été radical, certes, mais vite accepté. Raccourcis jusqu’aux oreilles. Pour lui, en revanche, rien ne semblait plus normal. Tout était détraqué. Le monde n’avait plus aucun sens. La vie n’avait plus aucun sens. Et ce jour-là, ce jour de printemps, comme tous les autres jours, il s’était rendu sur sa tombe. Ses rides semblaient se creuser de jour en jour, son teint jaunir, ses cheveux blanchir. Depuis qu’on lui avait annoncé la nouvelle, il dépérissait à vue d’œil. Il ne prenait plus de décisions et préférait passer son temps seul, à l’extérieur. Le seul endroit dans ce monde connecté où il se sentait vraiment à sa place, c’était le cimetière, où reposait le corps de Zelda. Et malgré tous ses efforts, il n’avait pas pu lui offrir la place qu’elle méritait, aux côtés de son amour.

Et malgré tous leurs efforts, rien n’avait changé. Ils avaient tout essayé. En quelques mois, ils s’étaient faits si présents dans tous les pays du monde qu’il n’y avait pas un journal télévisé qui ne parlait pas d’eux. Mais sans jamais les qualifier d’autre chose que de meurtriers. Sans âme, menteurs, monstres, même pas des êtres humains ! On leur avait inculpé le meurtre de Joy, de Zelda et de son frère. On leur avait demandé d’arrêter de jouer la comédie, d’arrêter de vouloir saboter les progrès de l’humanité, d’accepter et de faire comme les autres, de s’adapter à la réalité. À ce qui devait être leur réalité.

À ce qui ne serait jamais leur réalité.

Rien n’avait changé. À tel point qu’il était devenu inutile de s’inquiéter de quoi que ce soit. Même la mort avait fini par baisser les bras. Taux de mortalité en chute libre, taux de criminalité proche du zéro absolu, chômage inexistant, planète respirant librement, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Tout allait trop bien. Pas de guerres, pas de conflits, simplement une organisation construite sur la mort de milliers de contestataires, sur la souffrance de centaines de milliers d’autres, sur la manipulation de milliards d’esprits pour un bonheur procuré par les manipulations d’un micro-implant qui plongeait toutes les vies jusqu’à celle des nouveau-nés dans un bonheur factice, dans un rêve édulcoré où leur véritable nature était enfermée, refoulée. Où ils refusaient de voir la vérité, même si elle se déroulait sous leurs yeux.

L’humanité était devenue aveugle.

La technologie dominait le monde.

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