Intemporel
Assis sur une chaise, je regardais ma mère dormir. Elle avait eu une rude journée avec tous ces examens qui devaient servir à déceler le mal qui la rongeait depuis maintenant quelques années. J'attendais, impatient, d'en connaître les résultats et cela même si je savais ce qui en ressortirait, rien. On avait vu tous les médecins possibles, visité tous les hôpitaux mais aucun n'avait su nous dire exactement de quoi il retournait.
Les symptômes étaient divers. Par exemple, elle se levait la nuit pour aller dans le salon où elle semblait être en pleine communication avec je ne sais qui, un ami imaginaire peut-être, bien qu'elle fut trop vieille pour ça. Elle avait aussi des pertes de mémoire, ne reconnaissant même pas son propre fils. Mais le pire c'était les blessures qu'elle s'infligeait lors de ses nombreuses crises.
On eut d'abord cru à une déficience mentale mais aucun scanner, aucun IRM n'avait révélé le moindre problème à ce niveau là. On avait rien trouvé, même pas le début d'un cancer et pourtant dieu sait qu'un mal empoisonnait sa vie.
Le médecin chargé de l'opération revint avec les résultats. Comme je l'avais parié, rien, nada. Il me présenta ses excuses et me dit que le mieux à faire était de rester avec elle, de la soutenir dans les moments difficiles et qu'il fallait juste attendre un miracle. Attendre un miracle ? Pff...ça n'existe pas les miracles. En tout cas pas pour moi, pas ici.
Je ne voulais pas renoncer, il fallait à tout prix que je trouve un remède. Aussi décidai-je de partir en quête de celui-ci. Je ferai le tour du monde s'il le fallait. Je confiai donc ma pauvre mère à ma tante, elle était toujours prête à aider, surtout lorsqu'il s'agissait de sa sœur chérie. Trois jour plus tard, je pris donc l'avion pour la chine. On m'avait dit beaucoup de bien de leur médecine et je pensais que si je devais trouver une cure, c'était là-bas qu'il fallait commencer.
Ce ne fut qu'après de nombreuses semaines de recherche que je découvrit cette fameuse école qui possédait un don naturel pour guérir les blessures de l'esprit et de l'âme. Je découvrit aussi ma capacité à contrôler le temps et l'espace, à pouvoir voyager entre les dimensions jusqu'à atteindre celle son moi intérieur. L'initiation fut longue, elle dura trois ans. J'écrivais toutes les semaines puis tous les mois par manque de temps, à ma mère qui me manquait tant. J'étais anxieux de savoir comment elle allait.
Au bout de ces années d'entraînement, je parvins à maîtriser totalement le temps et l'espace, à guérir les maux les plus incurables en les enfermant dans une sorte de boucle intemporelle et en préservant la dégradation des cellules. J'appris qu'il existait une porte menant à l'inconscience et comment l'ouvrir. Il suffisait juste d'avoir la bonne clé.
Je continuai mon entraînement pendant encore deux mois avant de retourner au pays. Je rejoignis ma mère chez ma tante, prêt à affronter son mal. J'utilisai mon nouveau pouvoir et fus plongé dans une dimension bien chaotique. Tout ce qui m'entourait, tombait en ruine. Je me mis à chercher parmi les décombres, ce monstre, ce cancer.
La tempête faisait rage et j'avais beaucoup de mal à avancer. Je décidai donc d'arrêter pendant un court instant, le temps. Le vent retint son souffle glacial, les débris qui volaient ici et là se retrouvaient figés.
Je traversai ensuite une immense clairière au bout de laquelle se trouvait comme une grotte. Je m'approchai doucement, lentement, sans faire le moindre bruit. J'étais arrivé à l'entrée de la caverne lorsque j'entendis un grognement à vous glacer les sangs. Je pris mon courage à deux mains; après tout, j'avais des pouvoirs pas comme ce qui se terrait là-dedans.
J'avançais à tâtons, incapable d'y voir clair tellement il faisait sombre. En plus, je n'avais pas de lampe de poche sur moi. Quel idiot !
Et soudain, je fus plaqué au sol par une force invisible, comme si l'atmosphère s'était faite plus lourde en cet endroit. Je tentai en vain de me relever mais j'en étais incapable tant la pression exercée sur moi était intense. Je regardai alors droit devant moi et je les vis. Deux énormes yeux rouges, luisant comme des lampions qui avançaient vers moi. Le sol tremblait. J'étais terrifié, impossible de réfléchir correctement.
Puis ce fut à ce moment qu'une idée lumineuse me frappa tel l'éclair. J'étais capable de contrôler l'espace, alors peut-être pouvais-je contrôler aussi ce qui m'entourait, y compris l'atmosphère pesante, la rendre moins oppressante. Je déclenchai mon pouvoir et fus capable de me relever.
Le monstre poussa un hurlement mêlé de colère et de terreur. Il avait devant lui un adversaire redoutable. Je pris une grande inspiration et hurla à la créature de quitter les lieux, quitter le corps de ma mère. Il refusa bien évidemment.
Il se mit alors à foncer vers moi mais j'eus le reflex de stopper sa course, le piégeant dans la boucle du temps. J'ouvris une porte vers une autre dimension et grâce à la force de mon esprit, j'y poussai la bête. Je sortis ensuite de la grotte puis du corps de ma mère.
Cette dernière me regarda et pour la première fois, depuis des années, je la surpris à me sourire.
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