Prologue

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Les monstres et les chasseurs exorcistes... Des ennemis séculaires s'affrontant dans une guerre impitoyable depuis les Premières Lueurs qui baignèrent ce monde.

Les premiers, bêtes sanguinaires cachées par le voile de la nuit, attaquent régulièrement les humains. Ces créatures sèment la peur et l'horreur, sans considération, ni pitié.

Les seconds luttent contre ces êtres des ténèbres. De leurs armes purificatrices bénies par le sang céleste, ils renvoient au Néant ces abominations et effacent leur souillure.

Sous le joug d'une coexistence fragile, les deux partis conservent farouchement la haine commune de l'autre. Rares sont ceux qui échappent à cette règle gravée dans le marbre.

Cette course à la domination, entamée depuis l'aube des temps, ne connaîtra sa fin qu'à l'annihilation d'un des camps.

L'issue ne peut être autre.

oOo

L'humanoïde amphibien ne bougeait plus, stoppé en plein élan. Des spasmes secouaient la chair autour de la lame profondément logée dans sa poitrine. Du sang violacé gisait de sa blessure, glissant sur le fer avant de dégouliner vers le sol ; une flaque s'y étendait déjà. Ses gémissements enroués cassaient le calme stupéfait qui recouvrait la place.

Même le vent, auparavant bruyant, ne soufflait plus. Pas un animal, ou même un insecte, n'osait se faire remarquer : toute la Nature observait la monstrueuse créature prête à tomber des mains de son envoyé.

Si proche de la victoire, l'humain n'en était pas moins concentré. Son corps était tendu dans une posture d'escrime, son flanc droit exposé aux griffes mortelles du monstre.

Plus petit, plus mince et plus faible que cette bête repoussante, un coup lui avait pourtant permis de pencher la balance en sa faveur ; précis, transperçant le point fatal de son ennemi. Ce ne fut pas la chance qu’il a son arme, mais son talent et son expérience

La peur qui le conseillait ne lui était plus utile ; elle avait su le garder en vie tout au long du combat. Son sang-froid maîtrisait l'affliction fièvreuse qui se propageait depuis une taillade au bras. Rien ne devait le distraire, pas ici ; la prochaine étape ne tarderait pas. Son succès dépendaient de son jugement.

Si la conscience du monstre revenait, c'en était fini de l'humain. Il le déchiquetterait dès l'instant où il recouvrerait ses sens.

Alors, il patientait et attendait le bon moment.

Les yeux globuleux du monstre, écarquillés par l'effroi, se voilèrent progressivement. Ses sclères perdirent leur éclat flamboyant et finirent par s'éteindre ; son adversaire se reflétait dans son regard vide.

Maintenant.

Il recula pas à pas, abandonnant son arme plantée dans le torse de la créature amphibie. C'était l'instant le plus dangereux : sa victoire, tout comme sa défaite, l'attendrait à la fin. L'épéiste s'arrêta cinq mètres plus loin. Levant ses mains devant son visage, il les croisa de façon à former un triangle. La figure capturait l'amphibien, son glaive au centre.

Tout était en place.

Ses lèvres bougèrent et scandèrent l'incantion si souvent répétée :

  • Er cerøs

Répondant à cet ordre mystérieux, un son pur et constant résonna. Toutes les créatures vivantes des alentours pouvaient l'entendre ; les herbivores cessèrent de brouter, les carnivores oublièrent leur gibier. Ils dressèrent l'oreille, à l'affût. En voyant l'épée courte scintiller, ceux qui survolaient l'immense muraille de pierre ou se cachaient dans les écuries comprenaient qu'elle en était la source.

Une fine pellicule lumineuse naquit autour de la lame ; elle s'agrandit sur le corps paralysé du monstre. Le temps d'une respiration, cette consistance inconnue l'enveloppa intégralement, avant de changer d'état et de craqueler en se solidifiant. La lumière qui s'en dégageait était intense. La magnificence de cette scène ferait presque oublier qu'elle résultait d'un combat à mort ; sous la glace scintillante demeurait le perdant.

Le sortilège achevé, l'humain retourna vers la monstrueuse statue. Il récupéra son arme, qui émit un crissement cristallin. Le glaive glissa sans grande résistance. La lumière inondant le monstre disparut, comme son corps. Il n'en resta plus qu'un sculpture de verre, qui explosa en plusieurs milliers de fragment sous une impulsion imperceptible. Aucun ne toucha l'épéiste.

Défiant la gravité, ils lévitèrent dans l'espace. Toutefois, une force invisible les empêchait de trop s'éloigner. L'épée résonna une seconde fois ; les éclats flottèrent pendant quelques instants dans l'air avant d'être aspirés par la lame.

Quand le dernier vint fusionner avec l'arme, l'aura mystique qui émanait d'elle se dissipa enfin.

L'exorcisme était un succès.

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