Khlôrós Phúllon

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ÉPISODE 5 : De fragiles connections.

Khlôrós Phúllon

   Quelques sourires s'esquissent, les chants résonnent, les larmes continuent de pleuvoir sous ce soleil chaud et embaumant, et le vent souffle.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

    Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

   Sur cette planète atypique ne voient le jour que des êtres teintés de nuances de verts. Ils filtrent la lumière et se nourrissent d'eau, subissent leur soleil un peu trop chaud, et tendent à s’épanouir, fleurir, devenir herbe ou oiseau.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

   Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

   Sur cette planète atypique où la chlorophylle est reine, seul un regard attentif peut distinguer le buisson du papillon. Il déploie ses ailes sublimes et translucides pour les faire battre et s'envoler vers de nouveaux horizons. L'herbe est toujours plus verte ailleurs.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

   Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

   Sur cette planète atypique, le spectacle n'est pas de voir un cerf aux bois d'ébène se transformer en albatros ; c'est chose courante en ces lieux. Le spectacle n'est pas non plus d'admirer ces pluies d'étoiles inonder les lacs de gélatine d’agar-agar ; c'est choses que l'on voit chaque soir.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

   Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

   Sur cette planète atypique, le spectacle est dissimulé sous les feuillages d'arbres millénaires, là, sur une toute petite branche frêle. Regarde. Regarde ce tout petit bourgeon. Il perce l'écorce pour se frayer un chemin vers la lumière. Il s'extirpe énergiquement, puis se déploie en une fleur blanche immaculée. Alors une infime partie de l'âme de Mamy-G heurte un de ses pétales, comme une bulle de savon au contact du roc et, instantanément, la fleur se charge de pigments pour se métamorphoser en une magnifique inflorescence multicolore, contraste de saturation intense à côté de toute cette verdure.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

   Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

   Ses arbres, chargés d’innombrables fleurs comme celles-ci, témoignent des vies qui ont existé aux confins de l'univers infini, mémoire cosmique et poétique de chaque être vivant, trace de leur passage dans une galaxie voisine ou sur cette même planète, preuve que la vie était, est et sera toujours, quelque part, cachée derrière une feuille. Et cette feuille danse. Elle, la fleur et toutes les autres, ondulent dans la brasse du vent.

   Et le vent souffle.

   Il souffle sur Terre et partout ailleurs.

   Sur Khlôrós Phúllon émerge une fleur.

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