Fusion
ÉPISODE 5 : De fragiles connections.
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Taak ne pense à rien. Rien sauf à lui, Saule, sa bouche collée à la sienne. À défaut de savoir qui il est, d'où il vient, il sait présentement ce qu'il veut. Il le veut lui, là, maintenant. Il veut sentir la chaleur se dégager de sa peau, ses mains parcourir son dos, ses lèvres lui rendre son baiser. Ce qu'il fait sans tarder. Taak prend alors cela pour une invitation.
Au delà du visible, plus près cette fois-ci, le petit météore lancé à vive allure file droit, brille à travers l'un des hublots. Il brille, plus près. Plus près encore. Insouciant, impatient, Saule s'écarte de Taak, retire son maillot alors que Taak le regarde, hésitant à faire de même.
– T'es sûr de vouloir le faire ? Je veux dire, avec moi ?
Saule ne répond pas. Il retire son pantalon, son caleçon et ses chaussettes avec entrain, le regard aguicheur, un léger sourire dans la commissure de ses lèvres. Taak retire alors son haut et commence à ouvrir la fermeture éclair de son short en jean. Saule l'aide à l'enlever, le faisant glissé le long de ses jambes. Il en profite pour lui retirer ses chaussettes, puis il remonte avec sa bouche le long de sa jambe en y déposant par endroit quelques baisers. Taak sourit et ferme les yeux en se laissant glisser sur la banquette pour s'allonger. Saule arrive alors au niveau du pli de l'aine, effleure de sa langue le sexe rigide qui se cache sous le boxer de Taak, parcours le ventre et le thorax. Une petite escale sur l'un des mamelons qu'il embrasse langoureusement fait à nouveau sourire Taak. Puis Saule arrive à sa nuque qu'il mordille légèrement avant de se diriger vers ses lèvres qu'il embrasse avec hardeur.
Le couple se retourne. Taak répète alors la scène sur le corps de Saule, dans le sens inverse. Il embrasse sa gorge, son thorax, son nombril, puis il saisit le sexe durci de Saule d'une main en y approchant sa bouche. Il le prend alors pendant un bon moment, faisant des va-et-vient avec ses lèvres. Saule gémit de plaisir, passant sa main dans les cheveux de Taak pour l’inciter à continuer un peu.
Mais il est là désormais. Bien visible, plus près cette fois-ci encore. Trop près. Et dans un éclair qui déchire le temps, une seconde, fracturant la carlingue, le petit météore lancé à vive allure file droit dans le crâne de Taak avant de ressortir par l'autre extrémité du vaisseau. La cabine est dépressurisée, une violente alarme retentit, de les lumières s’éteignent avant de laisser place à des flashs rouges et périodiques. La boîte crânienne du jeune homme a comme explosé, éclaboussant d'hémoglobine le corps nu de Saule qui, stupéfait, peine à comprendre ce qui vient de se passer. Il est figé, pétrifié. Puis l'horreur s'empare de son visage alors qu'il scrute le corps apathique de son amant. Il hurle :
– Aaaaaah... AAAAAHH !! TAAK !! TAAAAAK !!
Il tente de se dégager en saisissant son camarade par les épaules, mais son corps enduit de tout ce fluide rouge à l'odeur de fer lui glisse des mains. Taak s'écroule au sol. Sa peau se teinte de nuances vertes et bleues, à peine visible à cause des flashs rouges, le peu de sang qui lui restait s'échappe par le tunnel qu'a tracé l'astre assassin à travers son crâne dans une marre noirâtre, tandis que de multiples conductions électriques le traversent de part et d'autre.
– Mais qu'est-ce que … C'est quoi ça ? On dirait …
Saule ne se trompe pas mais il refuse d'imaginer que cela soit possible.
– Un cyborg ?
Puis il se rappelle du débris de robot. Il s'en empare, le scrute sous tous les angles avant de trouver ce qu'il redoutait. Là, dans un tout petit recoin, camouflé par la poussière qu'il disperse en soufflant dessus, il trouve la réponse à toutes ses questions.
– E.U. !
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