ÉPISODE 6 : Les origines de la vie.

Équation

   Bella navigue sous les étoiles. Dans cette petite barque qui s'incline sous les roulis de quelques flots dansants, elle rêve déjà à sa nouvelle vie. Et, à mesure qu'elle parcourt la mer, elle se voit rajeunir. La plaie à l'arrière de son crâne cicatrise, ses hématomes se dissipent, ses rides s'envolent. Ses membres raccourcissent, flottants dans des vêtements désormais trop grands pour elle. Plus d'utilité à les porter. Elle s'en débarrasse, laissant alors apparaître un magnifique imperméable jaune couvrir ses épaules.

   Voilà la rive. Bella, qui ressemble davantage à la future petite fille qu'elle sera, quitte son embarcation. Elle court dans ce champ dont la végétation lui arrive aux épaules. Elle est infatigable, inarrêtable. La course de cette petite fille se terminera dans cette plaine à l'herbe rase. Au-dessus, en apesanteur, survolant sa tête, flotte un cube de granite majestueusement immense. Elle se laisse alors porter par l'énergie qui l'attire en son sein, magnétiquement transportée, soulevée vers cette maison flottante. Le ciel d'un noir profond se teinte de pourpre, de violet puis de rose alors que son corps fusionne avec cette curieuse masse portée par le vide. Le cube se change alors en une sphère transparente qui laisse entrevoir cette magnifique cellule unique, pure et parfaite ; prémices d'une future vie humaine.

   Plus tard, elle sera l'enfant de ses propres voisins et se prénommera Héléna. Arabelle pourra enfin vivre la relation privilégiée qu'elle imaginait avec l'homme qu'elle a tant convoité, l'homme qui aurait pu remplacer son mari violent. Cela pourra sembler peut-être impur, mais elle éprouvera de la satisfaction mais surtout de la reconnaissance, celle de pouvoir passer du temps avec cet homme, qu'il soit son père ou son espéré amant, tant qu'il lui donne de l'amour ; un complexe d’Œdipe qui n'ébranlera pas la famille. Et la vie suivra son cours, comme elle l'a toujours fait, depuis des millénaires et à travers l'espace.

   Les connaissances de Mamy'G sur la matrice, l’énergie des deux êtres lumineux et la persévérance des voisins à avoir un enfant redonneront une nouvelle vie à cette femme courageuse. Les péripéties de Taak, f.o.e.t.u.s. parti de la Terre pour Q à la recherche de la vie ailleurs, auront permis de mettre en évidence non pas une, mais au moins trois autres planètes accueillant la vie. Et puis il y a la belle Khlôrós Phúllon, qui s’émerveille et fleurit chaque fois qu'un fragment d'âme vient s'y perdre. Tout semble tellement connexe.

   La vie peut naître de presque rien. Mais la vie peut aussi naître de presque tout. L'infini néant du cosmos nous réserve tant de mystère. Il n'est pas invraisemblable d'imaginer qu'il puisse avoir une influence sur cette vie qu'il couve et développe depuis tant de temps. La vie se trouve bien au-delà de ce que l'on voit. Bien au-delà de ce que l'on pense. Bien au-delà de ce que l'on imagine. Portons un autre regard sur le monde et l'Homme. Et s'il y avait une alternative à ce que pourrait être la vie ? Une autre explication que les théories de Darwin ou des Créationnistes ?

   N'ayons pas peur de voir les choses en grand, d'être rêveurs, d'aller regarder là où nos yeux sont aveugles. Ne nous limitons pas au factuel, à la véracité et aux preuves, car rien de tout cela ne nous démontrera ce qu'est réellement la vie et quelles en sont ses origines. Nous sommes chanceux. Chanceux de pouvoir rêver, espérer mieux, plus grand, plus beau. Si nous en sommes capables, si nous pensons qu'il existe une autre explication, une autre histoire, car rien n'est inimaginable, alors tous ensemble, nous pourrions nourrir ce rêve que la vie peut naître de presque rien et presque tout à la fois, dans un interconnectionnisme universel.

   Then ZERO became ONE.

   But INFINITY too.

   (Alors ZÉRO devint UN.

   Mais l' INFINI aussi.)

Fin.