L.
237.
J'habite la rue Jean Moulin.
J'ai toujours ou souvent habité des rues qui portent un nom de résistant, c'est comme ça, et ça me plaît, parce que dans le fond, c'est ce que je suis, une résistante.
Une résistante de la vie.
Or, voilà, justement, la limite est là.
Entre la mort et la vie.
Parce que Jean Moulin, il est mort, et les autres aussi.
Bien sûr, tout le monde meurt, c'est clair, mais les vivants, on en fait quoi?
Jean Moulin, il est mort, et les autres aussi, pour des causes très nobles, et sans doute qu'ils ont payé de leur mort le non-engagement de leurs petits camarades qui se sont vite vite empressés d'ériger leur culte histoire d'oublier, par cet affairement autour des morts et ce qu'ils ont fait, ce que les autres n'ont pas fait pour l'éviter, cette mort.
Et on fait ça pour pas mal de situations: les monuments aux morts, les mémoriaux de la déportation, et même le culte de Jésus repose sur sa mort, c'est d'actualité justement, mais quand même, quel curieux hasard!
Bien sûr, se souvenir des morts est important, mais ce souvenir n'a qu'un but, celui de vivre! Et de vivre mieux!
Alors à côté du mémorial de la déportation, j'aimerais tellement construire le mémorial de la survivance.
Au côté de la croix de Jésus, j'aimerais tellement que l'on représente aussi le sens du message qu'il nous a laissé.
Au côté des monuments aux morts, j'aimerais tellement construire le mémorial de la paix et de la réconciliation.
Au côté de la plaque en l'honneur de Jean Moulin, j'aimerais tellement que l'on rappelle que de nombreux résistants ont résisté, n'ont pas parlé, même sous la torture, et ont survécu.
Au côté d'un pays qui se souvient trop souvent que l'on meurt, j'aimerais tellement construire un pays qui rayonne la vie.
238.
Dans un reportage, j'ai appris que les romains savaient déjà que le plomb était toxique. Depuis, on est allés sur la Lune, mais on n'a jamais pris le temps de trouver une solution à ce problème, à commencer par lui trouver un substitut.
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