Chapitre 2

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Laurine les regarda l'un après l'autre en réfléchissant, résignée, mais amusée. Puis, son regard s'éclaira soudainement.

— Je sais ce qu'on va faire ! s'exclama-t-elle. Repoussons la chasse au démon de quelques jours, pour vous donner le temps de vous préparer. Et je sais exactement qui va vous enseigner les rudiments de la magie !

En même temps qu'elle parlait, elle saisit un papier et un crayon sur le comptoir et griffonna quelque chose. Une fois fini, le papier disparu de ses mains. Puis elle attendit en silence. Malia et Shane regardèrent autour d'eux, s'attendant à ce que le sort qu'ils supposaient qu’elle venait de jeter produise quelque chose. Après une bonne minute de silence, la femme râla en regardant l'heure sur sa montre.

Soudain, deux adolescents apparurent à leurs côtés, en pleine discussion.

— Je te dis qu'il faut de l'anis ! s'agaça le brun.

— Non, c'est ridicule ! L'anis est utilisé dans les potions offensives, contra le blond.

— C'est un liant ! Il n'a pas de propriété offensive en lui-même. Tu confonds avec la poudre de kigelia, qui elle a des propriétés explosives, bien qu'elles soient relativement faibles.

— Laurine, peux-tu dire à Raph que c'est un idiot s'il te plait. Pour concocter une potion de charme, il ne faut pas d'anis.

— L'un de vous a des vues sur quelqu'un ? s'amusa-t-elle.

Le blond la regarda comme si sa réflexion était la chose la plus stupide au monde. Typiquement le genre de comportement qui exaspérait Malia, qui leva les yeux au ciel discrètement ! Elle garda cependant ses réflexions pour elle : agresser un sorcier inconnu pas ne semblait pas être la meilleure idée.

— Examen de potion ce matin, expliqua le brun. Peux-tu nous aider à trancher, s'il te plait ?

— Désolée Axel, bien que je tienne toujours à ne pas interférer dans vos disputes, Raph a raison. La potion de charme contient bien de l'anis.

— Tu vas encore te retrouver avec une sale note, se moqua l'autre.

Celui-ci soupira en croisant les bras.

— De toute façon, avec mes pouvoirs, je n'ai pas besoin de tout ça. Je suis suffisamment fort pour terrasser n'importe quel ennemi.

« Le mec modeste », pensa ironiquement Malia.

Laurine se racla la gorge pour recentrer l'attention de tous sur elle.

— Les garçons, je vous présente ces deux jeunes sorciers...

Elle s'interrompit dans sa phrase, se rendant compte qu'elle ne connaissait pas leurs prénoms. Elle se mordit la lèvre.

— Je suis Shane, et voici ma meilleure amie, Malia.

— Shane et Malia, répéta-t-elle avec un sourire, voici mes neveux, Raphaël et Axel.

Raphaël les salua avec un sourire chaleureux et un signe de la main tandis que Axel les détailla de la tête aux pieds en marmonnant un « salut ».

— Les garçons, Shane et Malia viennent tout juste de découvrir le monde de la magie. Ils ont été attaqués par un sorcier.

— Quel sorcier ? demanda le blond en fronçant les sourcils. 

— Du coven du Crépuscule Infini.

Le blond arqua un sourcil tandis que le brun fit la moue.

— Aïe...

— Et en quoi ça nous concerne ?

— J'ai décidé de vous confier votre première mission de gardien, annonça-t-elle fièrement.

— Nous ne sommes pas des gardiens, soupira Axel.

— Je sais, je sais... mais c'est un bon exercice !

— Qu'est-ce qu'un gardien ? demanda Shane.

— Ce sont des sorciers dont la mission principale est de protéger les sorciers, répondit Raphaël. Chaque coven en a plusieurs, ils sont spécialisés dans le combat et la protection. Historiquement, ils étaient aussi en charge de la formation des jeunes sorciers. Mais depuis la création de l'Académie, ils n'ont que rarement ce rôle. Peut-être dans les covens qui n'envoient pas leurs enfants à l'école...

— Je suis moi-même un gardien, précisa Laurine, c'est pour ça que je suis venue vous aider. Je suis intimement persuadée que mes chers neveux feront d'excellents gardiens, alors je cherche à leur montrer à quel point c'est un métier génial !

— C'est nul d'être un gardien ! On passe ses journées à s’entrainer et on ne se bat quasiment jamais !

Laurine lui donna une tape derrière la tête et il fit la moue.

— Votre objectif, les garçons, est de prendre en charge l'entrainement de Shane et Malia, et leur enseigner la magie fondamentale.

Shane voulut poser une nouvelle question et savoir de quoi il s'agissait, mais il s’abstint : il savait que s'il posait toutes les questions qui tournaient dans sa tête, ils en auraient pour des heures.

— Je vous donne une semaine pour les former. À l'issue de ça, vous partirez tous les quatre à la recherche du sorcier pour le neutraliser et le ramener aux séraphins. 

— La police magique, expliqua Raphaël dans un murmure, voyant Shane froncer les sourcils.

— Vous avez carte blanche sur la méthode, même s'il va sans dire qu'ils doivent revenir en un seul morceau de ce combat...

Elle appuya ses propos d'un regard entendu qui inquiéta Malia. Ce n'étaient que des adolescents de l'âge de Shane et Malia, étaient-ils vraiment qualifiés pour une telle tâche ?

— Vous rechercherez le sorcier et le débusquerez par vos propres moyens.

— Mais... Laurine, on a cours cette semaine, fit remarquer Raphaël.

— Je vais m'arranger pour vous faire dispenser.

Axel soupira, ce à quoi elle répondit avec un sourire carnassier.

— Bon courage ! s'exclama-t-elle avant de disparaitre.

— Je crois que je ne vais jamais m'y habituer, sursauta Malia, la main sur le cœur.

— À quoi ? s'interrogeât Axel.

— La téléportation, idiot, répondit son frère. C'est quelque chose de surprenant pour les humains, tu sais !

— Je vois...

Il y eut un blanc de quelques secondes pendant lequel ils se regardèrent tous.

— On commence par quoi ? interrogea finalement Malia.

— Il faudrait qu'on sache pourquoi le sorcier nous a attaqués... Et comment il nous a trouvés.

— Je pense qu'avant de nous occuper de trouver le sorcier, il faudrait vous apprendre à contrôler votre magie.

— Qu'est-ce que vous savez faire pour le moment ? demanda Axel.

Il y eut un silence pendant lequel Malia et Shane se regardèrent avec gêne.

— C'est à dire que... commença Shane, laissant sa phrase en suspens.

— On n'est vraiment pas aidé, marmonna Axel.

Raphaël le frappa à l'épaule en lui faisant les gros yeux.

— Il y a quelques heures, on ne savait même pas que le monde de la magie existait !

— Je n'ai jamais été témoin ou victime d'activités paranormales... déplora Shane en repensant à la saga Harry Potter et à comment le protagoniste avait fait disparaitre une vitre avec la pensée.

— Peut-être qu'avec le peu de temps accordé pour les former, on devrait préparer un plan d'attaque basé sur des potions et des formules... En se renseignant bien sur le sorcier, on...

— La magie intuitive est le meilleur allié en combat, contra Axel.

— Mais elle prend du temps à maitriser ! S'ils n'y ont jamais eu accès jusqu'à aujourd'hui, c'est peut-être que quelque chose cloche...

— Allons tester tout ça ! s'impatienta Axel.

Sur ces mots, il saisit les bras des deux jeunes sorciers et les téléporta dans une grande salle sans fenêtre. Comme la première fois, Malia fut prise d'un vertige et de nausées.

— Ne refais plus jamais ça, menaça-t-elle.

— Tu t'y habitueras, répondit Axel sans la moindre compassion.

— Pauvre con, marmonna-t-elle.

Raphaël apparut quelques secondes plus tard, visiblement agacé.

— Pourquoi une salle d'entrainement ? s'étonna-t-il. Je pensais plutôt aller à la bibliothèque et rechercher ce qui pourrait avoir causé le blocage. Et peut-être commencer par une phase théorique avant de se lancer dans la pratique !

— On n'a pas le temps pour la théorie, trancha le blond, mettant fin au débat.

Ils réfléchirent quelques secondes.

— La magie intuitive est très liée à nos émotions, commença à expliquer Raphaël. On l'apprend normalement naturellement pendant l'enfance. Un enfant triste pourra faire tomber une légère pluie ou s'il s'énerve il pourrait casser un objet sans le toucher.

— Crois-moi, si je pouvais faire de la magie, j'en aurais explosé des objets sous la colère. Ou des tronches, précisa Malia avec un sourire carnassier.

— Je pense que vos pouvoirs ont été bloqués d'une façon ou d'une autre.

— Peut-être qu'on nous les a volés... proposa Shane.

— Non, sinon le sorcier n'aurait pas pu vous localiser. Ils doivent être là, mais... inutilisables. Voire inaccessible ! Ça peut être un blocage psychologique, mais la probabilité que cela vous touche tous les deux est très faible. Ou alors...

— Tu vas nous faire un cours ? s'impatienta Axel.

Raphaël soupira.

— J'imagine que non.

Puis, comme s'il venait d'avoir une idée brillante, un sourire étira ses lèvres et il saisit la main de Malia, qui était à côté de lui. Gênée de cette intrusion, elle manqua de se reculer en lui disant ses quatre vérités. Elle s'abstint cependant, sachant que s'il le faisait, c'est qu'il avait une bonne raison. Une douce fraicheur se répandit alors dans son bras, puis son épaule, avant de se diffuser dans tout son corps.

— Trop cool... souffla-t-elle alors qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il lui faisait.

Raphaël finit par la lâcher.

— Je n'arrive pas à trouver le verrou... Mais il y a des résidus magiques partout. Si tu avais encore un doute que tu es une sorcière, finit-il avec un clin d’œil.

Un sourire béat étira les lèvres de la jeune femme, et son ami sautilla à côté d'elle en tendant la main.

— Essaie sur moi ! S’il te te plait ! se rattrapa-t-il aussitôt.

Amusé, Raphaël lui saisit la main. La magie le parcourut tout entier, comme elle l'avait fait plus tôt avec son amie. C'était une sensation étrange, mais il adorait ce qu'elle impliquait. La magie existait ! Et il était un sorcier ! Il ne rêvait désormais plus que d'une chose : lever le verrou, et tout apprendre de la magie.

— Même constat, soupira-t-il.

Les deux frères, agacés par ce constat, commencèrent à chercher une solution à ce problème, tandis que les deux amis s'extasiaient de la nouvelle. Laurine ne s'était pas trompée : ils étaient bel et bien des sorciers.

— Je connais quelques livres sur la conjuration qui pourraient nous être utiles. Mais je ne suis pas ce cours...

— Pourquoi on ne demanderait pas à papa ou maman ? Ce serait plus rapide.

— Les parents ne seront pas toujours derrière nous pour nous aider ! Il faut qu'on réussisse à trouver par nous-même.

— Et pourquoi pas le professeur Martin ?

— Tu as vraiment un problème avec les livres, s'amusa Raphaël.

— Ce sera plus rapide de demander, s'agaça son frère, levant les yeux au ciel.

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