Chapitre 5

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Axel la conduisit à la table où Raphaël et Shane étaient assis. Ils discutaient tranquillement de l'histoire de l'école. Sur les tables, des tonnes de nourritures à l'air délicieux n'attendaient qu'à être mangé.

— Et donc ton père en est le directeur depuis quand ? demanda Shane.

— 2006, lui répondit Raphaël.

— Woaw c'est génial ! s'exclama Shane, fasciné.

— À l'origine, ce n'était pas une école. C'était une maison, située dans un plan astral...

— Un plan astral ?

Raphaël semblait amusé, bien qu'il ne puisse par finir ses phrases tant Shane avait de questions.

— Il y a de nombreux plans astraux. En fait, c'est difficile à créer, mais pas impossible. Nos parents et nos tantes l'ont créé ensemble. Et à le protéger. Seule notre famille pouvait y entrer, ou y amener quelqu'un. Depuis, jamais personne n'a réussi à y pénétrer sans autorisation. J'ai plusieurs fois essayé de trouver une faille au sort, sans succès...

— Pourquoi vouloir trouver une faille ? s'interrogea Malia.

Raphaël haussa les épaules.

— Le challenge.

— Mais au fait, pourquoi bâtir une maison impénétrable ?

Raphaël jeta un œil amusé vers son frère.

— Bébé Axel ne cessait de s'enfuir ? se moqua l'adolescente.

— Non, répondit le concerné, la fusillant du regard. J'ai eu une enfance... dangereuse.

Le sujet semblait le mettre mal à l'aise, bien qu'il tentait de feindre l'indifférence. Son frère l'interrogea du regard, cherchant son autorisation. Le blond soupira, faisant la moue.

— C'est juste une stupide prophétie, râla-t-il.

— Une prophétie ?

— Le jour de la naissance d'Axel, des centaines de sorciers à travers le monde ont reçu une vision : un sorcier à la magie absolue règnerait sur le monde de la magie. Et ses choix détermineraient l'avenir du monde magique. Serait-il un souverain bon ? Ou un despote ? continua Raphaël sur un ton plus léger. Envahira-t-il les humains pour les soumettre ? Nous menant tous vers la guerre ? Ou aidera-t-il à créer un monde de paix où chacun à sa place ?

— C'est n'importe quoi...

— Suite à cette vision, c'est le monde de la magie en entier qui a essayé de mettre la main sur l'enfant de la prophétie. Sa loyauté à un groupe permettrait à celui-ci de régner !

— Et voilà comment j'ai passé ma vie à être attaqué, kidnappé...

— Adoré ou détesté, termina Raphaël.

— La rançon de la gloire ! railla Malia.

— Et du coup, comment cet endroit est passé d'une maison à une école pour sorcier ?

— Des guerres ont fait rage entre les covens. De nombreux enfants se sont retrouvés orphelins. Nos parents ont alors décidé de recueillir ces enfants. Rapidement, ils ont manqué de place. Progressivement, ils s'agrandissaient, accueillant des réfugiés de guerre. Tous les partisans de la paix étaient acceptés. Jusqu'à devenir ce que vous voyez autour de vous : la première et jusqu'à aujourd'hui unique école de magie au monde.

Shane s'apprêtait à demander quelque chose, lorsque trois filles s'installèrent à table, à côté des deux frères.

— Salut les garçons ! lança la brune.

Malia manqua d'avaler de travers en les voyant. Que l'une d'elles ait les cheveux roses, et une autre des mèches vertes passait. C'était un style parmi d'autres. Mais ces filles avaient quelque chose de... surréaliste. Soudain, Malia eut l'impression d'être projetée dans une série américaine, et elle voyait en elles ces filles populaires, souvent cheerleader. Celle qui parle fort, avec une voix aigüe, une jupe courte et un décolleté, maquillage à profusion. Et surtout, conne comme une huitre. Bien qu'elle ne puisse pas encore juger de ce dernier critère.

Elle voulut rire, mais un regard entendu de Shane l'en dissuada. Elle savait rien qu'en voyant son expression qu'il pensait la même chose qu'elle. Elle lui tira la langue avant de se concentrer sur son repas.

— Vous étiez où cette après-midi ? Vous nous avez manqué en cours.

— Notre tante nous a donné une affectation non officielle de protecteur, expliqua Raphaël en nous désignant.

Les filles nous jetèrent un regard curieux en fronçant les sourcils.

— Ils viennent de découvrir leurs pouvoirs. Et le monde de la magie, termina-t-il.

— C'est possible ça ? se moqua la fille aux cheveux rouges.

Le sang de Malia ne fit qu'un tour, et elle leva les yeux vers elle, prête à lui arracher la tête. Si Shane ne lui avait pas frappé dans le tibia sous la table, elle lui aurait sauté à la gorge. Heureusement, les filles ne leur prêtaient pas vraiment attention, les yeux focalisés sur les deux frères.

— Oui, on a été attaqué par un sorcier, expliqua Shane. On ne savait rien ! Ça a été un gros choc. Heureusement que Laurine est venue nous sauver !

— Ouais, c'est ce que font les protecteurs, dit la rousse aux mèches vertes, comme si c'était une évidence, réussissant presque à ne pas avoir l'air hautain.

Malia se mordit la lèvre. Elle était trop fatiguée pour se battre aujourd'hui. Ou presque. Mais bon... casser le nez de quelqu'un, est-ce qu'on pouvait vraiment considérer ça comme « se battre » ?

— Mais sinon, on vous revoit quand en cours ? dit la brune, posant sa main sur le bras d'Axel.

— Pas avant une semaine.

— Sept jours, s'insurgea-t-elle comme s'il venait de lui dire qu'il partait en mission six mois faire la guerre.

Malia haussa les sourcils, préférant se concentrer sur la nourriture. Tout était si bon ici !

Après une éternité, Malia bâilla bruyamment, récoltant un regard noir des trois filles. Elle leur renvoya un sourire hypocrite. Elle regarda ensuite son amie avec fierté, l'air de dire « t'as vu, je les ai pas tués ! Je suis civilisée !" ce qui le fit pouffer. Pour se féliciter, elle prit une troisième part de dessert.

— Ce soir, on se rejoint tous dans la cour. Vous venez, les gars ?

« Les gars ? », s'interrogea Malia. Elle n'était donc pas invitée. Ces filles faisaient preuve d'un sens de l'hospitalité à toute épreuve.

— Impossible ! s'exclama vivement Axel. On doit baby-sitter ces deux-là.

Raphaël fronça les sourcils, le regardant bizarrement. Un regard appuyé de son frère lui intima de se taire, ce qu'il fit.

— Désolé, dit-il en se levant. On doit y aller, nous, dit-il.

Malia, qui n'avait pas fini son dessert, le regarda avec désespoir, la cuillère toujours dans la bouche. Il se retint de rire, mais un sourire étira le coin de ses lèvres.

— Tu peux le prendre, tu le mangeras sur le chemin.

— Ouiiii !

Ils se dirigèrent vers le fond de la salle, les deux sorciers les emmenant vers un couloir.

— Vos couloirs sont vraiment bizarres, commenta Malia.

— C'est parce que ce sont des couloirs sans fin. C'est l'illusion qui leur donne cette forme particulière.

— Pas de téléportation cette fois ? s'étonna Shane.

— Non, je n'ai plus de magie !

— Combien de temps avant qu'elle ne revienne ?

— Quelques heures. Ça dépend de chacun, certains la régénèrent plus vite que d'autres. Ça dépend de plusieurs critères en fait...

— Je t'en prie ! se plaint Axel. Ne leur fait pas un cours maintenant... Je suis fatigué.

— Si la Princesse est fatiguée alors...

— Oh toi...

Ils échangèrent un regard de défis.

— Comment on peut sortir de ces couloirs sans fin ?

— Laissez-moi vous montrer.

Raphaël désigna une plaque en métal sur le mur. Elle n'avait rien de spécial, si ce n'est un dessin gravé dessus.

— Il s'agit d'une rune.

— Que signifie celle-là ? demanda Malia.

— C'est le chemin ou la voie. En posant la main dessus et en se concentrant sur l'endroit où vous souhaitez vous rendre, le couloir va vous y emmener.

Lorsqu'il posa la paume de sa main dessus, Malia fut déçue que rien de spectaculaire n'arrive.

— Tu es sûre que ça a marché ? demanda-t-elle.

— Oui, regarde.

En avançant dans le couloir, il lui pointa la plaque d'une chambre comportant le numéro 256.

— On était au 50 à l'instant ! s'étonna Shane.

Il revint sur ses pas, et en regardant les portes, constata :

— 252... mais...

— J'adore la magie !

Ils rirent. Raphaël ouvrit la chambre 260. La pièce était plus spacieuse que la chambre de Malia. Deux lits, deux armoires, deux bureaux, un canapé et une télé. Qui l'eût cru : les sorciers aussi regardaient la télévision !

— Bienvenue dans notre chambre ! accueillit Raphaël.

— Vous auriez pu ranger... se moqua Malia.

Shane ne manqua pas de fusiller son amie du regard. Une personne bien élevée n'aurait pas relevé... Mais Malia n'en avait que faire des manières.

Raphaël jeta un regard surpris autour de lui et constata qu'en effet, la pièce était en désordre. Rougissant, il se jeta sur les habits qui trainaient sur un lit, pour les balancer dans l'armoire à côté. Quant à Axel, il haussa les épaules et s'assit sur le canapé.

— Axel ! sermonna son frère.

— Ça va ! se plaignit-il avant de l'aider à ranger.

Après quelques minutes, ils étaient satisfaits. Malia et Shan s'installèrent sur le canapé, tandis que les deux frères s'assirent sur le lit du brun.

— Bon, maintenant qu'on est entre nous : pourquoi tu as refusé l'invitation de Myrna ? demanda Raphaël à son frère.

— Pour une fois que j'ai une bonne excuse pour rater leurs soirées... répondit-il en levant les yeux au ciel.

Raphaël rit.

— Elles ont quoi leurs soirées ? demanda Shane.

— Déjà, il y a Kiara, Myrna et Mei, répondit Axel avec dédain, faisant rire son frère davantage.

— Elles ont pourtant l'air sympas, ironisais-je.

— Dit la fille qui s'est totalement désintéressée de la conversation après deux minutes.

— J'ai fait ça, moi ?

Quand on est accusé sans preuve, toujours feindre l'innocence.

— Tout le monde a remarqué, se moqua Shane. Même les filles. Mei t'a jeté un regard noir à un moment tu ne l'as même pas vu.

— C'est qui Mei ? demanda-t-elle.

— Celle avec les cheveux roses.

— Ah.

Une nouvelle fois, Shane la surprit avec sa capacité à retenir le nom des gens. Si ça, ça n'était pas de la magie...

— Tant pis ! dit-elle en haussant les épaules, finissant son dessert.

Ils rirent.

— Je n'en peux plus d'elles ! Elles sont superficielles. Et collantes !

— Elles sont surtout inintéressantes.

— Qu'est-ce que vous nous avez prévus de beau pour ce soir ? demanda Malia.

Les deux frères se lancèrent un regard gêné.

— Rien de spécial... Je pensais surtout me reposer en fait.

— J'ai encore plein de questions sur la magie ! Et sur l'école ! Et sur...

— Doucement, Shane, s'amusa Malia. Ils ne peuvent répondre qu'à une question à la fois !

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