Chapitre 7
— C'est vraiment pas glorieux... marmonna Malia.
Il était presque midi, et elle n'avait pas progressé. Elle pouvait garder la flammèche un peu plus longtemps allumée, mais elle ne réussissait pas à la faire grossir.
Axel et Shane vinrent s'asseoir à leurs côtés, visiblement rincés par leur entrainement.
— Où en es-tu ? demanda Shane avec curiosité.
Une éternelle fois, Malia s’exécuta.
— C'est génial ! s'exclama-t-il.
— C'est nul... contra-t-elle.
— J'ai peut-être une idée... marmonna Raphaël d'un ton indécis. Mais je pense que tu ne vas pas aimer. Et moi non plus...
— Qu'est-ce que c'est ?
Il hésita quelques instants, se mordant la lèvre.
— Non, laisse tomber...
— Quoi ? Certainement pas ! C'est quoi ton idée ?
Tout le monde le regardait avec étonnement, surtout son frère. Surtout lorsqu'il continua :
— En fait... je crois que tu n'y arriveras pas. C'est vraiment une idée stupide de vouloir entrainer des débutants à combattre un dangereux sorcier en une semaine ! s'énerva-t-il.
Cette soudaine escalade dans la violence la laissa interdite. Elle jeta un œil à Shane et Axel, ce dernier haussant les épaules, pas plus avancée.
— J'ai autre chose à foutre que de m'occuper de deux incompétents, mais bon, ce n'est pas comme si j'avais le choix. Continue de t'entrainer, qu'on n'ai pas trop l'impression de perdre notre temps, ordonna-t-il.
Malia était vexée, mais elle s'exécuta. S'il s'énervait de la sorte, c'est qu'il devait avoir ses raisons. Il ne semblait pas être le genre de personnes à s'emporter pour rien. Elle échoua lamentablement plusieurs fois, encore moins performante qu'au début de la matinée.
— Et je peux savoir pourquoi c'est à nous qu'on a demandé de vous former ? reprit-il. On n'est pas des protecteurs ni des professeurs ! Merde à la fin.
— Tu peux la fermer un peu, je n'arrive même plus à me concentrer avec tes conneries.
Il soupira, cherchant une solution, avant de reprendre après un énième échec.
— Respire Malia, et concentre-toi, l'encouragea Shane.
— Es-tu vraiment le mieux placé pour l'aider ? Tu es encore plus incompétent qu'elle.
C'en était trop pour Malia. Qu'on s'en prenne à elle allait encore. Mais personne ne touchait à Shane. La colère se répandit en elle, si fort qu'elle ne contrôla plus rien lorsque la magie s'y mêla. L'assiette qui se trouvait toujours entre eux explosa, et la puissance du choc expulsa les quatre adolescents à travers la pièce.
C'est à cet instant que tout pris sens dans la tête de Malia :
— Notre magie est liée à nos émotions, hein, Raph ! hurla-t-elle, agacée.
Tout son corps était douloureux. Elle avait des bleus et des brulures partout. Même un morceau de l'assiette s'était enfoncé dans la peau de son bras, qu'elle retira avec peine.
— Bordel de merde ! jura-t-elle.
— Désolé, geignit le concerné. Je ne pensais pas que ce serait aussi efficace...
Puis Malia se mit à rire, bientôt suivie par Shane.
— Ça y est, on les a perdus ! railla Axel en se levant.
Il se dirigea vers son frère et lui tendit une main pour l'aider à se relever. Ses vêtements étaient brulés par endroit, sans que cela découvre beaucoup de choses. Ils étaient tous dans le même état. Malia s'assit doucement, geignant de douleur.
— Vous ne m'aviez pas dit que la magie était aussi dangereuse.
— Tu semblais du genre à avoir besoin de le vivre pour le comprendre !
Elle lança un sourire énervé au blond, fier de sa raillerie. Il surenchérit :
— Si les émotions de Malia ont une grosse influence sur ses pouvoirs, je me ferais un plaisir de jouer avec ses émotions. Dans le but humaniste et désintéressé de t'aider à découvrir la vérité sur tes pouvoirs.
Malia lui lança un geste déplacé, qui résuma parfaitement son état d'esprit.
— Je crois qu'il est temps de vous apprendre votre première formule : une formule de guérison ! s'exclama Raphaël.
— Est-ce qu'on va pouvoir l'utiliser tout de suite ? demanda Shane, inquiet.
— Malia oui, elle a compris comment avoir accès et utiliser sa magie. Elle n'en a pas besoin d'une grande quantité ni d'une grande maitrise pour utiliser un sort. Quant à toi... disons que ça ne te coute rien d'essayer !
Shane hocha la tête, un peu déçue.
— Qu'importe la nature de ma blessure, de l'égratignure à la belle coupure, toutes disparaissent avec un murmure... récita-t-il doucement.
Les plaies de son corps disparurent.
— C'est la même formule que Laurine ! s'exclama Shane !
Malia fronça les sourcils en le regardant.
— Oui je m'en souviens, fit-il, évasif.
Axel récita la même formule et fut guéri également. Tous regardaient Malia désormais. Elle fit la moue mais s'exécuta :
— Heu... Qu'importe la nature de tes blessures, de l'égratignure... ne réussit-elle pas à finir.
— Malia !
— Nan mais si faut apprendre des trucs par cœur en plus !
Raphaël répéta avec patience, et elle reproduit la formule, se concentrant sur sa magie. Celle-ci se répandit à travers son corps entier cette fois, glissant sur sa peau pour la guérir. Elle accueillit cette sensation de fourmillement avec plaisir, chassant la douleur de son corps.
C'était au tour de Shane. Il était stressé, et chercha du réconfort dans les yeux de sa meilleure amie. Elle lui lança un clin d'œil complice et un sourire assuré. Il se concentra et récita la formule. Soudain, il ouvrit de grands yeux surpris et fascinés.
— Trop cool ! J'adore la magie.
Malia explosa de rire, et il la rejoint.
— Et vous savez ce qui est génial aussi ? s'amusa Malia.
Ils la regardèrent avec méfiance.
— C'est l'heure de manger !
Axel soupira de désespoir. Raphaël les regarda de haut en bas, faisant la moue.
— On devrait quand même prendre une douche avant d'aller au réfectoire. Et se changer.
— Vraiment ? Même si on continue de s'entrainer cette après-midi ? demanda Malia.
— Je pense qu'un peu de théorie vous fera du bien pour cette après-midi. Je pensais à vous enseigner les bases de l'alchimie. Des potions pourraient vous aider contre le sorcier.
— Génial !
Malia tendit la main vers Raphaël qui la regarda sans comprendre.
— Tu me ramènes dans ma chambre s'il te plait ? J'ai la flemme d'y aller à pied.
— Je croyais que tu détestais la téléportation ? se moqua-t-il.
Elle lui fit une grimace.
— J'ai compris...
Il saisit sa main et la déposa dans sa chambre, avant de disparaitre de nouveau. Malia accueillit sa douche avec plaisir, mais elle regretta de ne toujours pas avoir de brosse. Puis, tentant le tout pour le tout, elle tenta d'en matérialiser une. En vain. Elle allait finir par s'arracher les cheveux à ne pas pouvoir les coiffer correctement !
Elle retourna dans sa chambre pour ranger ses affaires, mais alors qu'elle voulait se rendre au réfectoire, elle était incapable de se rappeler comment faire...
— Raphaël a parlé des trucs sur les murs... mais comment ils marchent déjà ? marmonna-t-elle pour elle-même.
Par fatigue, elle se laissa tomber sur son lit. Puis, d'un coup elle se releva, une idée en tête. Un sourire étira ses lèvres.
— Axel ? Viens me chercher !
Elle tenta de mettre de la magie dans ses mots, comme pour le contacter par télépathie. Rien ne se passa, à son plus grand désespoir.
— Axeeeeel ! râla-t-elle plus pour elle-même qu'autre chose. Espèce de bon à rien !
Il apparut soudain au milieu de la pièce, la faisant sursauter. Il était torse nu et se séchait les cheveux avec sa serviette.
— Tu sais que je ne suis pas à ta disposition ? accusa-t-il avec un sourire amusé.
— Tu as fait exprès de venir à moitié habiller ?
Il eut un sourire en coin qu'elle interpréta comme une réponse positive. Elle haussa un sourcil.
— De quoi tu avais besoin, demanda-t-il ?
— D'un chauffeur ! répondit-elle avec un grand sourire innocent. Pour m'emmener au réfectoire.
Il lui jeta un regard signifiant « tu te fous de moi ? » avant de se téléporter.
— Hey ! Reviens !
Il réapparut une bonne minute plus tard, entièrement habillé cette fois. Il la saisit par le coude, et alors qu'elle pensait qu'il allait les téléporter, il l'entraina dans le couloir. Il lui montra de nouveau la plaque sur le mur.
— C'est très simple : tu mets la main dessus et tu penses à l'endroit de l'école où tu veux te rendre. Même toi tu devrais comprendre !
— J'ai compris ! rétorqua-t-elle en lui frappant l'épaule. J'avais juste pas retenu.
— C'est bien ce qui m'inquiète...
Elle le frappa de nouveau, dans le ventre cette fois, ce qui le fit rire. Elle posa alors la main sur la rune, et comme la première fois, elle eut l'impression que ça n'avait pas marché. Elle prit tout de même la direction en face d'elle, et ils débouchèrent finalement au bon endroit.
Cette fois-ci, ils étaient arrivés en premiers. Une idée perverse lui traversa l'esprit sur ces deux-là, mais à tous les coups, ils étaient en retard parce que Shane passait encore mille ans à s'occuper de ses cheveux.
— Tu crois que tes copines vont revenir manger avec nous ? se moqua-t-elle.
— Elles te manquent déjà ? répliqua-t-il.
Elle grimaça, ce qui le fit rire. Mais alors qu'elle allait répliquer, Raphaël et Shane firent leur apparition. Malia ne décela aucune trace de gêne sur son meilleur ami, et fut un peu déçue. Elle adorait le taquiner sur ses conquêtes. Et celui qui oserait dire que c'était par jalousie car il en avait plus qu'elle était un idiot.
— Comment fonctionne le système scolaire, ici ?
Sans surprise, c'est Raphaël qui lui répondit.
— L'Académie accueille les sorciers à partir de deux ans et jusqu'à dix-neuf ans. Elle est facultative et se divise en cycles.
— Donne-nous la version courte...
Le brun fusilla son frère du regard.
— Pour le premier, il s'agit de la garderie de l'Académie. Les enfants sont regroupés tous ensemble, peu importe leur âge, et sont encouragés à jouer à de nombreux jeux ludiques pour apprendre la magie intuitive et découvrir leurs affinités. L'année de leurs six ans, les élèves intègrent le deuxième cycle. Le matin, ils suivent des cours théoriques tels que l'Histoire ou encore les runes simples. Les après-midis, ils ont des cours plus pratiques, comme la botanique, l'alchimie ou le sport. On intègre le troisième cycle à quinze ans. Là, c'est aux élèves de créer leur emploi du temps en fonction de leurs envies. Le matin, ils pourront choisir les cours de leurs choix, et l'après-midi, participer à la vie du ou des clubs qu'ils ont rejoints. Et chaque vendredi, on a un examen sur les connaissances acquises dans la semaine.
— Et vous avez un diplôme à la fin ? demanda Shane.
— C'est plus une attestation de compétences...
Il cherchait ses mots, semblant avoir du mal à simplifier.
— En fait, le troisième cycle est divisé en semestres. Chaque semestre, tu choisis tes cours. Si tu les valides, tu débloques certains cours pour le semestre suivant. Par exemple, pour participer au cours sur l'alchimie médicinale, il faut au préalable avoir suivi le cours sur la botanique médicinale.
— L'école n'est pas obligatoire, je suppose ? demanda Shane.
— Non, c'est sur la volonté des parents, sous réserve d'acceptation par l'école.
— Ils ont déjà refusé des élèves ?
— Ça arrive, répondit Raphaël. C'est quand même rare.
— Souvent, c'est parce qu'ils viennent de covens illégaux, ou parce qu'ils n'ont pas de bonnes intentions.
— Des covens illégaux ? répéta Shane, fasciné.
Il y avait encore tant de choses qu'ils ignoraient sur ce monde...
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