Chapitre 1: Un monde détruit

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Beaucoup de personnes voudraient dire qu'elles avaient vu l'horreur arriver mais en vérité, au départ, nul n'avait rien remarqué. Il fallait dire qu'elles passaient auprès des créatures surnaturelles sans les voir depuis des siècles. Donc, forcément, elles n'avaient rien vu venir.

Les vidéos sur des êtres étranges, il en existait depuis presque vingt ans. C'était des canulars pour énormément d'entre-elles. Et bien que pour une petite poignée, les gens ne pouvaient rien affirmer avec certitude, c'était resté une bonne blague. Effectivement, c'était un sujet à débats mais qui était toujours resté dans le domaine de la fiction. En effet, même si il existait des personnes qui croyaient à ces choses, la communauté scientifique, réfutait catégoriquement leur existence.

Cependant, un an avant ce que l'humanité appelle La Dévastation, ce genre de vidéos explosèrent. YouTube et Instagram étaient remplis de vidéos et de photos de bonne qualité montrant des créatures qui sortaient des bois, de l'eau ou encore qui rôdaient dans les villes. Tout était très réaliste. A tel point que certains médias organisèrent des débats et des reportages sur le sujet. Des spécialistes en images et numériques analysaient les vidéos et les photos et ne pouvaient que confirmer l'authenticité de ces dernières.

Mais le pire commença à arriver quand des chaines YouTube bizarres commencèrent à se multiplier. On y voyait ce que les humains pensaient être des personnes habillées en créatures étranges qui parlaient face à une caméra. Elles disaient être des êtres vivants auprès des hommes depuis le départ et qui voulaient se débarasser d'eux.

Bien évidemment, personne n'y a cru un seul instant et c'est devenu un sujet de plaisenterie.

Mais un an plus tard, l'humanité sombrait dans le chaos. Des meurtres et des tueries de masse avaient commencé et en quelques années, quatre-vingt-dix pour cent de l'espèce humaine avait disparu de la surface de la Terre. Et les dix pour cent restant, luttaient pour leur survie.

Rajustant son bonnet, Mona posa ses mains sur le rebord d'un fenêtre laissée ouverte et leva sa jambe pour la passer en travers du cadre pour rentrer. Malgré que la lumière déclinait, elle pouvait voir des traces de sang sur la vitre. Elle pinça ses lèvres et soupira. Sans doute qu'elle n'allait rien trouver ici. Cependant, avec un peu de chance, elle trouverait quelque chose à manger.

À cette pensée, son estomac gargouilla comme pour l'encourager dans cette recherche. La faim était le principal problème avec le froid. Trouver un bon endroit où se cacher et passer la nuit était devenu difficile depuis quelques temps.

Les créatures surnaturelles étaient de plus en plus à l'affut et semblaient surveiller les villes pour s'en prendre aux humains survivants. Et c'était de pire en pire depuis La Dévastation.

Fouillant dans les placards, Mona se demandait où elle pourrait s'installer. Eventuellement ici mais elle ne s'y sentait pas en sécurité. Elle avait une étrange impression. Comme si elle n'était pas seule.

Inspirant profondément, la jeune fille reprit ses fouilles. Mais cela devait faire longtemps que les habitants avaient été tués car le peu de nourriture qu'il restait était dans un état lamentable à l'exception d'une boite de conserve contenant du maïs que Mona glissa dans son sac à dos.

Alors qu'elle remettait les bretelles sur ses épaules, un bruit la fit sursauter. Et il était trop important pour être une souris. Ne sachant pas si il s'agissait d'un humain ou non, l'adolescente fit la seule chose qu'elle trouvait de logique à faire. Elle ouvrit une vieille panderie et s'enferma dedans. Ce n'était clairement pas la meilleure des cachettes mais ça pouvait faire l'affaire. Du moins, si ce qui était aussi dans la maison n'avait pas trop de neurones.

Ravalant sa salive, Mona s'accroupit dans le fond du meuble. Le bois était humide et exhalait une odeur de moisi. Les lattes commençaient à être disjointes et des rais de lumière passaient à travers les écarts entre les planches. Curieuse, la jeune fille colla son oeil contre une des fentes.

Même si le soleil était en train de se coucher, il restait encore assez de lumière pour qu'elle distingue une silhouette humanoïde. Quelques grognements lui parvinrent. Un bruit comme quelque chose de lourd trainé au sol également.

Au bout de quelques secondes, elle vit une créature habillée d'un pagne brun avec une peau verte et des oreilles pointues. De la taille d'un enfant de six ans, plutôt musclée et avec des dents pointues sortant de sa mâchoire. Ses doigts étaient au nombre de quatre et elle mangeait quelque chose de sanglant. Son crâne était chauve et avec deux cornes au-dessus des oreilles. Ses yeux luisaient dans la pénombre.

Elle fut rejointe par une créature identique à l'exeption qu'elle portait une veste sombre lui arrivant aux genoux en plus de son pagne. Dans la fin de journée, Mona put voir un symbole blanc sur le dos de la veste. Un croissant de lune empalé sur une épée et un oeil à côté du croissant. Un emblème qu'elle connaissait et avait toujours voulu avoir sur elle: celui des Chasseurs.

- Ces fichus humains sont de plus en plus audacieux, dit l'être torse nu.

- Ils devraient mieux se cacher, répliqua son comparse en regardant une masse inerte sur le plancher. Après tout, ils nous sont inférieurs.

- En effet. Mais, ce sont des créatures intelligeantes. Très intelligeantes même. Bien plus que nous. Avec ça, prend en compte le fait qu'ils s'adaptent à presque tout et savent concevoir plein de choses et tu obtiens des monstres redoutables.

Son compagnon approuva en hochant la tête.

- Et après ils disent que nous sommes des horreurs, rit-il amèrement avant d'arracher les manches de la veste qu'il portait. Enfin, ça fera un Chasseur de moins. C'est un poison, ceux-là !

Ce disant, il donna un coup de pied à la masse qui étaient à ses pieds. Ce qui expédia celle-ci au niveau de la penderie où était dissimulée Mona. Et l'adolescente dû retenir un cri en voyant le crâne enfoncé d'un jeune adulte. La matière grise sortait se mélant au sang. Son visage était figé dans un rictus d'horreur. Une bile amère lui brûla la gorge et elle fut obligée de détourner le regard pour ne pas vomir.

- Je ne te le fais pas dire, fit la créature au pagne. Ils me font rire avec leurs armes ! Certes, ils peuvent être redoutables mais nous sommes tellement loin des Chasseurs d'il y'a cinquante ans ! Ceux-là, c'était des vrais !

- On a tellement tué ces déchets qu'ils ont décidés de répliquer. Une bonne blague ! Ils n'échapperont pas à leur anéantissement total. Mais ça me fait un peu de peine.

Son compagnon s'arrêta de manger et écarquilla un peu ses yeux.

- Sérieusement ? Dois-je te rappeler ce que les humains...

- C'est bon, Grag, je sais ! Mais je veux dire les...

- Sois pas stupide Thar ! Ils ont mérité ce qui leur arrive. Quand je pense qu'on a toujours vécu parmi eux ! Ils ont glorifié certaines races puis ont finalement décidé de nous oublié. Un scandale ! Un blasphème ! On les aidés, on a été leurs compagnons et même leurs amis et voici comment ils nous ont remercié ! Sois pas triste pour eux, mon pote, les humains sont une pourriture qu'on aurait dû erradiquer depuis longtemps.

Le dénommé Grag croisa les bras, satisfait de son petit discours. Thar, lui hocha la tête avant de tourner la tête vers la fenêtre.

- On devrait rentrer. Je n'aime pas me déplacer de nuit.

Ce disant, il s'éloigna avec son ami. Pendant plusieurs minutes, Mona resta dans l'armoire avant de se décider à en sortir estimant que le danger était passé. Ce n'était pas la première fois qu'elle se cachait d'une créature surnaturelle. C'était presque devenu une sorte de jeu mortel. Elle baissa le regard pour regarder le cadavre. Les Chasseurs. C'était ce qu'elle voulait devenir à tout prix. Des personnes qui protégeaient les autres au péril de leur vie. C'était son rêve depuis toujours.

Mais en regardant ce jeune homme la fixer de son regard terne, Mona comprenait aussi que ça signifiait mourir atrocement. Cependant, elle était prête à finir ainsi. Après tout, c'était ce qui l'attendait Chasseur ou pas. Alors autant mourir en essayant de sauver d'autres humains.

Mais pour l'heure, son objectif était de rester en vie.

Au bout de quelques secondes, la jeune fille inspira à fond et se pencha sur le cadavre. Avec un peu de chance, elle allait trouver quelque chose d'intéressant.

Ses mains gantées fouillaient dans les poches et finirent par rencontrer quelque chose de dur. Elle prit sa trouvaille et la regarda de plus près. Un canif. L'objet changea de poche. Rien d'autre. Son arme devait être ailleurs. Pas de sac non plus. Les vêtements étaient humides de sang et déchirés.

Mona soupira. C'était maigre comme prise. Le jour déclinait de plus en plus. Elle n'allait pas avoir le choix que de rester ici. Hors de question de rester dehors alors qu'elle ne verrait plus rien.

Finalement, la penderie était peut-être pas trop mal. Mais avant, elle devait faire un peu de ménage.

Ôtant sa veste et retroussant ses manches, Mona attrapa le corps par les épaules et commença à le tirer. Il était lourd mais elle ne voulait pas le laisser ici. L'odeur pourrait attirer quelque chose de pire que Grag et Thar. Au bout de quelques minutes d'efforts, elle parvint à jeter le corps dehors en utilisant la fenêtre restée ouverte. C'était un comportement horrible mais c'était sa survie qui était en jeu et là-dessus, il n'y avait aucune hésitation à avoir. Cependant, l'adolescente prononça quelques mots en guise d'oraison funèbre.

- Toi qui a choisit de protéger les autres, repose en paix et va dans un endroit où la souffrance et la peur n'existent pas.

C'était pas très recherché mais c'était mieux que rien. Quelques mots pour un inconnu en hommage à son courage. Même si elle se demandait ce qu'il faisait ici. Sans doute une mission de repérage ou quelque chose du même acabit.

Refermant la fenêtre avec quelques difficultés à cause de l'humidité, Mona retourna à sa panderie. Elle sortit alors de son sac une couverture bleu foncé qu'elle étala sur le plancher. Ensuite, elle sortit un petit plaid gris qu'elle utilisait comme drap pour ses jambes. Ses bras avaient sa veste. Profitant des dernières lueurs, la jeune fille poussa un peu plus son exploration. Dans la chambre, elle finit par trouver des draps qu'elle prit ainsi qu'une couette. C'était un peu moisi mais elle ferait avec. Avec tout ceci, elle allait pouvoir se créer un petit nid douillet pour la nuit. En revenche, elle avait toujours le ventre vide.

Revenant à l'armoire, Mona posa la couette sur la couverture et ôta ses bottes qu'elle posa dans un coin de la penderie. Elle enleva aussi son bonnet. Aussitôt une cascade de feu glissa sur ses épaules et s'arrêta au bas de son dos. Pour finir, elle s'installa sur son matelas improvisé, posa son sac à dos et sa veste pour se faire un oreille, rabattit les draps et le plaid sur elle avant de fermer la porte de sa cachette. Au moins, elle passerait une nuit à peu près correcte cette fois.

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