L'astre noir

2 minutes de lecture

A lire en écoutant "Nocturne" de O Lake

https://www.youtube.com/watch?v=xUXsqTBh_M8

*

La lumière du bord de mer de cet été sans fin s’est adoucie.

Florian est assis sur le banc, encore chaud de l’après-midi.

La rue se vide de ses hommes et de ses femmes qui, alanguis par la chaleur, s’en vont, d’une démarche nonchalante, chacun de leur côté. Il les regarde passer devant lui, s’amuse à suivre un père et son fils en bas-âge, une petite tête aux boucles d’or, lui raconter, avec de grands gestes démonstratifs, la grande aventure de son imagination fertile. Le père l’écoute attentivement, en le prenant par la main, pour disparaître bientôt au coin d’une rue.

À cet instant, il se sent complètement vidé de son énergie solaire qu’il a dépensée à nager, dans une démesure sans limite. Heureux de cet effort, il savoure les traces des sensations de son combat avec les vagues, la puissance de l’eau régénératrice sur son corps fourbu, l’empreinte des rayons de l’astre de feu sur ses épaules rougies. l’odeur de sel sur sa peau brunie.

Les bras posés de chaque côté du banc, la tête rejetée en arrière, il profite encore un peu, les yeux fermés, de cette fin d’après-midi.

Un fin sourire vient se dessiner sur ses lèvres rosées.

Il repense à la nuit dernière passée avec son amant de passage.

La douceur de sa peau, la note de tristesse dans ses yeux émerveillés, ses gestes maladroits, pressés, qui retrouvent le chemin du partage.

Il garde en lui l’intensité de cette éphémère rencontre.

Il ne saurait expliquer ni comment ni pourquoi, mais ce moment qu’il vient de vivre, s’est déjà gravé en lui. Une pierre noire offerte sans retenue, lestée dans sa poitrine pourtant déjà bien trop lourde à supporter. Une pierre froide qui est venue se lisser à la sienne, pour s’embraser le temps d’une nuit. Contre toute attente, cette pierre est venue alléger, dans une simplicité désarmante, le poids de son existence de funambule. Lui qui ne sait toujours pas, aujourd’hui encore, où ses pas l'emmèneront.

Florian ouvre de nouveau ses yeux fatigués, et décide, d’un air confiant dont il n’a plus l’habitude, de reprendre son éternelle marche, qui le portera, l’espère-t-il cette fois-ci, sur une route moins sinueuse et plus lumineuse qu’auparavant.

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