Regarde moi, je ne l'ai pas choisi
Chacun est comme il est. Chacun vit comme il peut. Chacun se défend comme il peut. Certains se protègent avec un masque de tranquillité, de colère ou d’autre chose. Et pour d’autres, ce sont des identités qui sont créées par le cerveau pour qu’ils puissent supporter le poids de leur passé et de leur quotidien. Certains pensent que nous sommes fous. Mais ce n’est pas le cas. D’autres fuient quand ils apprennent cela. Du jour au lendemain, tu n’entends plus parler d’eux. Pourtant c’est pour toi que c’est le plus dur. C’est toi qui prend conscience que tu es plusieurs personnes. Que tes ||traumas|| ont été si violents que ton cerveau n’a pas pu trouver d’autre moyen que de créer d’autres identités. Tu comprends tout à coup que ces voix dans ta tête sont bien réelles. Tu comprends pourquoi parfois tu avais l’impression de ne plus te contrôler. Pourquoi les gens te disaient qu’ils ne te reconnaissaient plus. Tu comprends pourquoi tu as oublié tant de choses de ton passé. Pourquoi tout est flou voire noir quand tu te retournes pour essayer d’apercevoir ce qui aurait pu provoquer cela. Tu comprends pourquoi cette sensation de surplus, pourquoi tu as tant besoin de t’isoler quand tu traînes avec deux trois potes comme s' il y avait une dizaine de personnes. En fait c’est que cette dizaine de personnes tu l’as dans la tête. Pourquoi tu ne réussis presque jamais à te décider pleinement. Il y a juste beaucoup trop d’avis. Pourquoi parfois certaines infos te parviennent comme si tu n'en avais jamais eu connaissance. Ce sont juste ces autres personnes, tes alter, qui en avaient eu connaissance. Tu comprends pourquoi parfois tu oublies les choses aussi vite qu’on te les a dit. Tu comprends d’où venait cette force inconnue, comme venue de nulle part. Tu comprends comment tu as pu éviter d’en finir. Tu comprends comment tu as pu t’arrêter de tracer ces traits sur tes poignets. Mais tu comprends aussi pourquoi certains sont apparus. Tu comprends tellement de choses que cela te semble irréel. Mais ce qui te paraît le moins croyable, ce sont ceux qui partent en l’apprenant. Ceux qui ne te croient pas et ceux qui partent. Et ceux qui s’éloignent en silence. Ils voient tes messages, mais ne disent rien. S' ils comprenaient le mal que leur silence fait! Il y a ceux qui étaient partis bien avant que tu n’as toujours pas compris. Et ceux d’aujourd’hui qui font la même chose. Ils partent en silence ou avec mépris. Tu n’es pourtant pas un monstre.. Tu as l’impression qu’ils te voient ainsi.
Mais s’ils pouvaient comprendre que je ne l’ai pas choisi ! Oui cela me rassure de me dire qui si je n’ai plus la force certains seront là pour me relayer. Oui c’est parfois agréable que l’un d’eux disent une bêtise qui finit par me faire rire alors que je me sens mal. Mais ce n’est pas une tendance comme certains disent. C’est ainsi c’est tout. C’est comme les LGBT+ on ne le choisit pas. A une différence c’est que ce sont les circonstances qui créent le TDI.
Mais tu sais, c’est peut être dur pour toi de te dire que ce n’est pas tout le temps la même personne à qui tu parles mais ça l’est tout autant pour moi. Imagine avoir un groupe de personnes dans ta tête avec des débats parfois qui partent sans prévenir. Parfois des disputes. Des maux de tête atroces à cause des front. Des moments de bug où tu ne sais plus du tout qui tu es. Quand tout s’emmêle et que tu ne contrôles plus rien. Quand quelqu’un veut quelque chose que d’autres ne veulent pas. Quand les voix se mélangent et créent un bruit de foule atroce. Quand des émotions qui ne sont pas les tiennes se mélangent aux tiennes. Quand les crises d’angoisse s’accumulent. Quand tu sens que tu vas bientôt avoir un autre alter qui va prendre le contrôle alors que tu es avec des gens. Quand tu n’arrives plus à te concentrer à cause de discussions des alter. Quand tu n 'arrives pas à dormir à cause d’un alter qui n’arrive pas à dormir.
Bref et tant d’autres choses. C’est à la fois un avantage et un handicap. Surtout quand tu le découvres tard et donc on ne te croit pas sous prétexte que tu aurais dû le sentir avant. Alors qu’avant tu pensais que tout ce que tu sentais était normal. Quand tu vois les gens te fuir comme la peste à cause de cette différence. Quand tu entends dire que tu t’inventes des choses. Alors que non.. Tout est réel. Ne viens pas me juger sans être dans ma tête.
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