Chapitre sept : Un cœur en miettes.
-Allez, Marcos ! m'écriai-je en lui lançant le bâton encore plus loin.
Je commençais à fatiguer. Nous jouions depuis un bon moment, maintenant, sous les yeux des gardes armés et assez effrayants de mon ravisseur qui se tenaient à l'écart. Mais c'était agréable !
Marcos me ramena le bâton en question et je lui caressai tendrement la tête. Soudainement, je le vis se précipiter derrière moi. Étonné, je me retournai pour découvrir que l'homme qui me retenait prisonnier lui tendait sa petite peluche rose. Comment pouvait-il l'avoir ?!
-Comment... commençai-je en voyant mon toutou heureux de retrouver sa peluche qu'il prit dans sa gueule en se mettant sur le sol.
Les yeux de cet homme se posèrent alors sur moi. Il avança sans me quitter des yeux. Sa main mutilée se posa sur ma joue sur laquelle un doigt glissa jusqu'à mon menton. Il ne dit rien pendant un moment, se contentant de me regarder, l'air songeur.
-J'ai récupéré en douce la peluche de ton chien, le jour où je t'ai enlevé, mais j'attendais le bon moment pour lui donner. Il faut dire que j'ai été pas mal occupé depuis ton arrivée... Ça te fait plaisir ?
-Heu...
Je regardai Marcos qui semblait vraiment heureux d'avoir retrouvé sa peluche fétiche. Je soupirai et reportai mon regard sur cet homme étrange. Je n'avais pas envie de mentir.
-Oui, répondis-je.
Ses yeux brillèrent un instant et il me prit la main.
-Allons prendre notre petit-déjeuner, chiot, dit-il en m'entraînant avec lui jusqu'à la maison.
-Vous savez, j'ai un prénom ! m'exclamai-je en essayant de le suivre, il marchait si vite.
Il se stoppa d'un coup et je me cognai contre son torse. Gêné, je reculai vivement mais d'une main, il me ramena brusquement contre la surface dure de son corps.
-Si tu veux que je t'appelle par ton prénom, il va falloir le mériter.
-Quoi ?! Nan mais vous êtes sérieux ?!
Il partit dans un de ses éclats de rire habituels.
Étais-je si amusant que ça ?!
Il m'attrapa de nouveau la main et reprit son chemin. Arrivés devant la porte d'entrée, je me retournai vers mon chien.
-Attendez ! Et Marcos ?
-Mes hommes le surveillent et ne lui feront aucun mal. J'ai familiarisé ton chien avec leurs odeurs. Et il fait beau aujourd'hui. Autant qu'il profite du soleil. Tu ne crois pas ?
Je ne répondis rien, me contentant de hocher la tête et de me laisser entraîner par cet homme, en étant toujours un peu inquiet. Mais après tout, ne venait-il pas de lui donner sa peluche préférée ? S'il voulait lui faire du mal, il n'aurait pas fait ça. En tout cas, il avait l'air d'avoir tout prévu depuis un moment !
Après avoir retiré nos manteaux que nous laissâmes dans l'entrée, nous arrivâmes rapidement jusqu'à la cuisine dans laquelle la table était mise pour deux. Il tira une chaise et me fit signe de m'y asseoir.
Attendez... Il se conduisait en gentleman ?! Il était vraiment bizarre, ce type !
Je fis cependant ce qu'il me suggérait et il s'assit à son tour en face de moi. La table était assez petite et nous étions encore malheureusement trop proches... Je sentis tout d'un coup que son pied touchait le mien et remontait sur ma cheville.
Putain !! Ce mec me faisait du pied !
Je reculai vivement ma jambe ! Un peu trop puisque je me cognai dans le pied de table...
-Aïe... murmurai-je en frottant mon genou.
J'entendis encore un rire retentir. Ce mec était réellement fatigant...
-Calme-toi, mon joli petit chiot apeuré. Je ne vais pas me jeter sur toi, aiguillonné par un désir bestial... dit-il dans un sourire narquois. Enfin... Peut-être plus tard mais pas maintenant.
Sur ses dernières paroles, il me fit un clin d'œil. Et je sentis mes joues s'enflammer...
Ce mec !
-Mangeons. Tout est encore bien chaud, dit-il en se servant une tasse de café.
Il me servit en même temps. Comprenait-il que j'étais mal à l'aise et ne savais sur quel pied danser avec lui ?
Je regardai ce qu'il y avait au menu de ce petit-déjeuner. Des gaufres, des croissants, des pains au chocolat, du pain, de la confiture... Who ! Il y en avait pour un régiment !
Sentant le regard de cet homme sur moi, je me décidai pour deux gaufres à la confiture de fraise et deux pains au chocolat. J'étais du genre gourmand ! Je le vis sourire de satisfaction. Sans plus dire un mot, je dévorai mon petit-déjeuner pendant qu'il en faisait autant.
Je venais d'avaler la dernière bouchée de mon repas que cet homme reprit la parole.
-Chiot, j'ai envie de jouer.
Eh merde...
J'attrapai ma tasse de café et bus une bonne gorgée pour me laisser le temps de me préparer psychologiquement à ce qui allait suivre.
-Action ou vérité ?
Quoi ? Encore ?! La dernière fois, ça s'était terminé avec nos mains blessées et moi complètement nu ! Je n'avais aucune envie de recommencer !
-Ça t'étonne ? Nous avons pourtant été interrompus. Et je tiens à terminer ce jeu avant d'en commencer un autre.
Je posai ma tasse et m'adossai contre le dossier de ma chaise en soupirant. Par quoi commencer ? Les deux options me paraissaient dangereuses avec lui, il me l'avait assez prouvé !
-Vérité... finis-je par dire à contrecœur.
-Pourquoi n'as-tu aucune expérience des relations physiques ? Avant moi, tu n'avais même jamais embrassé personne. Et tu savais qu'il ne se passerait rien avec ton ami. Ça m'intrigue.
Une chose était sûre, je ne m'attendais pas à cette question ! C'était vraiment gênant... Mes joues me brûlaient de nouveau. Je pris une bonne inspiration avant de répondre. Je n'avais pas envie d'avoir un gage, avec lui ça pouvait aller très très loin ! TROP loin !
-Personne d'autre ne m'intéressait. Et je n'avais pas envie de me forcer, juste pour pouvoir tourner la page sur mes sentiments ou faire comme tout le monde. Pour moi, il n'y a toujours eu que lui... répondis-je d'une petite voix.
Le silence envahit la pièce et sous la honte, je gardai les yeux baissés. Je l'entendis se lever. Il me souleva le visage d'un doigt sous mon menton.
-N'aie pas honte de l'aimer. Je te le ferai oublier.
Ouais, en me traumatisant, sans doute...
-À mon tour ! s'exclama-t-il en se rasseyant.
Ah, oui... Le jeu.
-Action ou vérité ? demandai-je.
-Vérité.
Que pouvais-je lui demander ? Il était capable de ne pas vouloir répondre et d'exiger un gage à la place comme la dernière fois ! En plus, il avait eu l'air d'y prendre du plaisir ! Donc pas la peine de poser des questions sur une possible libération... Il croisa ses bras sur son torse et sa main mutilée attira mon attention.
Pourquoi pas ?
-Qu'est-il arrivé à votre main ?
Son sourire disparut et ses yeux bridés s'assombrirent.
Merde...
Puis il sembla se détendre légèrement et soupira. Sa main était apparemment LE sujet à ne pas aborder !
-Il faudra bien que tu connaisses l'histoire un jour ! Autant la raconter maintenant... Lorsque j'avais 16 ans, je suis tombé amoureux d'un garçon de mon âge qui s'appelait Nael. Nous sommes sortis ensemble pendant près de sept mois mais à cause de Bowman, mon père a fini par le savoir... Et lorsqu'il l'a su... Disons qu'il me l'a fait payer à sa façon...
Il eut un petit rire triste.
-Mon père n'avait eu aucun scrupule à me faire surveiller pour être sûr et certain que je le déshonorais... Et puis, un jour, il m'a fait venir dans son bureau et m'a montré des photos de Nael et moi. Sur ces photos, nous avions juste l'air heureux... Mais pour mon père, c'était une autre histoire... Je lui ai expliqué que j'aimais Nael mais rien n'y a fait. Pour lui, ma relation était contre nature et il fallait la stopper. Et il s'en est chargé... dit-il dans un sourire triste et nostalgique, les yeux dans le vague. Il les a payés, Nael et sa famille, une très grosse somme d'argent pour qu'il ne m'approche plus. J'ai compris ce jour-là que j'aimais plus Nael qu'il ne m'aimait... Mais je ne peux pas lui en vouloir. Contrairement à moi, sa famille était pauvre, l'argent était donc un bon argument pour qu'il me quitte et mon père le savait parfaitement. Toujours dans son bureau, j'ai donc appelé Nael qui m'a tout expliqué et m'a quitté en s'excusant. Une fois raccroché, mon père ne m'a pas caché sa satisfaction alors que j'avais le cœur en miettes. L'empathie, la bienveillance étaient de lointains concepts pour lui... Il a fait apporter un plateau et un couteau à tête de dragon. J'ai su ce qu'il me restait à faire. Celui que j'aimais ne voulait plus de moi, Kyle dont j'étais proche à cette époque, m'avait trahi. Il ne me restait plus que ma famille que je me devais d'honorer. Alors pour me faire pardonner l'affront commis, mon père a exigé que je me coupe deux doigts sous ses yeux.
Putain de merde...
Le silence se fit et je ne savais pas quoi dire. J'étais totalement choqué. Comment un père pouvait faire ça à son fils ?! J'avais bien compris que ces hommes appartenaient à une mafia et que la violence faisait partie du lot mais la cruauté dont avait fait preuve son propre père me scotchait complètement !
-Pour lui, la seule manière de me racheter était de me conduire comme un homme, reprit-il. C'est-à-dire accepter ma séparation avec le garçon que j'aimais et faire preuve d'honneur. Mes 16 ans ne comptaient certainement pas dans la balance. Ni mes sentiments, d'ailleurs... Ce jour-là a été important dans ma vie.
Il regarda sa main mutilée.
-Il m'a fait comprendre que l'amour n'était que souffrance et désillusions. J'en ai énormément voulu à Kyle. Je me suis toujours demandé s'il l'avait fait exprès ou non. Il avait eu la brillante idée de donner mon adresse à Nael qui la lui avait demandé afin qu'il puisse m'envoyer une carte du lieu de ses vacances dans sa famille. Et cette carte a évidemment été interceptée par mon père... Comment Kyle aurait-il pu être aussi naïf ? Nous avions grandi dans le même milieu !
Il serra les poings sous la colère. Puis sembla se calmer d'un seul coup.
-Enfin... C'est du passé maintenant mais la haine que j'éprouve pour Bowman ne s'efface pas. Son arrogance, la facilité avec laquelle sa famille accepte son orientation sexuelle et sa place à la tête de l'organisation tout en se mariant avec un homme... Il ne doute de rien et ses choix sans conséquences sur son existence m'énervent profondément...
Je n'osais pas bouger. Je respirais à peine. L'histoire de cet homme était... Je n'avais pas de mots. Mais mon cœur était serré. Ce qu'il avait vécu si jeune... Personne ne devrait le vivre.
En y pensant, je réalisai quelque chose d'important. Ce qu'il ne voyait pas dans toute la colère qu'il ressentait, c'est que ce n'était pas Bowman qui l'avait trahi, ça avait beau être un enfoiré de première, ce n'était pas lui ! Non. C'était son père. C'était lui qui l'avait trahi en le forçant à renier ses sentiments, à se mutiler, en le forçant à rester dans la tristesse et la colère... En lui brisant le cœur. C'était son père le vrai coupable. Pas Kyle.
-Tu lui ressembles, tu sais. À Nael.
Quoi ? Donc... C'était à cause de lui que j'étais ici ? Génial...
-Tu ne dis rien, chiot ?
Sa voix coupante me fit sursauter.
-Tu as raison. Assez de paroles de ma part... Action ou vérité ?
Eh merde... Le moment avait été si intense que j'en avais oublié son jeu. Je soupirai.
-Heu...
Après tout ça, franchement, je ne savais pas quoi choisir !
-Action... dis-je d'une petite voix.
Je savais que ce n'était pas forcément une bonne idée mais on était allés si loin avec « vérité » que l'ambiance était vraiment étrange et je ne me voyais pas répondre à une question aussi personnelle que ce qui venait de se passer quelques instants plus tôt. J'espérais quand même de tout mon cœur qu'il n'allait pas en profiter pour me faire accomplir quelque chose de dégradant...
Un sourire narquois et effrayant se forma sur ses lèvres.
Et remerde...
-Retire ton pull et viens sur mes genoux.
Je soupirai.
-Ça fait vieil oncle pédophile qui essaie d'abuser de son neveu... rétorquai-je.
Ses yeux s'illuminèrent et il partit encore dans un éclat de rire qui dura un bon moment. Ça en devenait un peu gênant...
-Merci, chiot, de me faire autant rire ! finit-il par réussir à dire dans un grand sourire. Mais tu n'y échapperas pas.
Ses yeux étaient redevenus sérieux mais toujours avec cette pointe d'amusement qui le caractérisait. Je me levai donc et retirai mon pull sous son regard qui me dévorait et après un nouveau soupir de ma part, je m'avançai vers lui. Il tapa sur ses cuisses pour me montrer où je devais m'asseoir.
Ce type...
À contrecœur, je m'exécutai et je m'assis sur lui comme un enfant.
Mais pourquoi est-ce qu'il avait fallu que je retire mon pull ? Qu'est-ce qu'il voulait ? Juste se rincer l'œil ?
Ses bras vinrent m'entourer rapidement, me serrant contre lui, mais il faisait attention à ne pas toucher mes blessures.
-Hummm... Je préfère une autre position !
Sans prévenir, je fus soulevé et mis à califourchon, mes cuisses entourant ses hanches. Et mon entrejambe collé contre le sien qui était dur...
Putain de pervers !
Un rire retentit de nouveau. Je l'amusais beaucoup, apparemment !
-C'est beaucoup mieux. À ton tour, chiot.
-Action ou vérité ?
-Action, dit-il tout souriant avec une pointe de défi dans les yeux.
Ce regard plein d'arrogance... J'allais retourner la situation à mon avantage pour une fois !
-Déshabillez-vous. Entièrement, ordonnai-je.
Je vis de l'étonnement passer sur son visage mais aussi de la satisfaction.
Nan mais ce type !!
Il me souleva comme si je ne pesais rien pour me remettre sur mes pieds. Il recula un peu et sans me quitter des yeux, commença à retirer ses vêtements, un à un, doucement, prenant son temps. Il retira d'abord sa chemise, dévoilant à nouveau ses tatouages. J'étais sûr qu'ils devaient tous avoir une signification et ne devaient pas être purement esthétiques, vu le peu que j'avais aperçu de cet homme. Je fus un peu gêné lorsqu'il s'occupa de descendre la fermeture de son pantalon noir et d'en défaire le bouton en se passant la langue sur les lèvres. Contrairement à moi, il n'était même pas gêné... Son sous-vêtement noir lui aussi ne fut pas long à suivre le même chemin sur le sol. À la fin, il ne lui resta plus rien sur le corps et il ne bougea pas, se livrant totalement à mon regard scrutateur. Et je pouvais constater que cette situation l'excitait. Il ne pouvait pas le cacher avec son... sa... fièrement dressé... Enfin, bref.
-Et maintenant, chiot ? dit-il en s'approchant de moi.
Il ne s'arrêta qu'à quelques centimètres de mon corps. Mon cœur s'accéléra.
-Action ou vérité ?
Ne pas dire action ! Ne pas dire action !
-Action.
HAAAA !!! MAIS POURQUOI ?!!!
POURQUOI JE NAVAIS PAS DIT « VÉRITÉ » ?! Putain d'acte manqué...
-Touche-moi.
Il était si près que je sentis sa respiration se couper lorsque mes mains se posèrent sur ses épaules. Sa peau était étonnamment douce et je pris plaisir à faire rouler ses muscles fermes sous mes doigts alors que je les descendais lentement sur son torse. J'effleurai ses tétons que je fis exprès de serrer légèrement. Je n'avais peut-être pas d'expérience mais j'avais passé mon adolescence à lire des romans érotiques gays et apparemment, cette zone était censée être érogène. Si j'en jugeais au soupir qui s'échappa de ses lèvres, ça en était une chez lui en tout cas !
Je fis attention de ne pas appuyer sur la marque qu'avait laissé la balle reçue par un des hommes de Bowman le jour de mon enlèvement. Je faisais mine de rien mais en fait, je ne savais pas vraiment ce que je faisais... Cependant, je n'en laissai rien paraître et je continuai de laisser mes mains descendre encore plus bas sur son ventre plat et dur. Je suivis d'un doigt le dessin d'un tatouage. Il s'agissait d'un serpent noir entourant un sabre. Il était vraiment beau.
Tout concentré sur mon observation, je ne m'étais pas aperçu que la pointe de son sabre se terminait juste sous le nombril, non loin de son pubis. Là où mon doigt se trouvait maintenant... Je relevai alors les yeux vers lui, n'osant plus bouger. Et je fus complètement happé par son regard sombre.
Sans que je m'y attende, il me serra durement contre son corps et me souleva, mes jambes se retrouvant de nouveau autour de ses hanches. Il fit quelques pas et je fus posé à la va-vite sur une surface, -sans doute l'évier, vu ce que je sentais sous mes doigts-, et je faillis tomber en arrière. Je me rattrapai comme je pouvais, mes mains tâtonnant pour s'accrocher alors qu'il déboutonnait mon jean.
-Hey ! Qu'est-ce que vous faites ? demandai-je, paniqué.
Au lieu de me répondre, sa bouche vint capturer la mienne. Ce ne fut pas le baiser violent auquel je m'attendais. Il y avait indéniablement de la passion mais aussi de la douceur dans le mouvement de sa langue et de ses lèvres.
-Humm ! fis-je contre sa bouche.
Sa main venait de glisser dans mon sous-vêtement et d'attraper mon sexe. Il détacha ses lèvres des miennes, tremblantes, posant son front contre le mien et je sentis quelque chose se coller contre mon érection. Je baissai la tête pour découvrir qu'il s'agissait de son sexe. Sa main vint les recouvrir et il entama sans tarder des mouvements rapides de va-et-vient. J'étais complètement gêné et mes joues étaient en feu. Tout ça, c'était nouveau pour moi ! Mais... C'était aussi assez excitant... Et agréable de sentir les doigts d'un autre sur cette partie si sensible de mon anatomie.
-Regarde-moi, ordonna-t-il d'une voix plus douce que d'habitude, en n'arrêtant pas ses gestes intimes.
Je me redressai, décollant mon front du sien et me plongeai dans ses beaux yeux bridés et sombres comme la nuit. Il n'y avait pas cette étincelle d'amusement que j'y voyais souvent. Ce moment paraissait presque... important.
Les sensations nous emportèrent. Nos respirations rapides s'emmêlèrent, et nos regards ancrés l'un dans l'autre, les vagues de plaisir montèrent en intensité.
Je me sentais étrangement proche de lui. Sa manière de me dévorer des yeux, de me tenir doucement mais fermement, et ses caresses... C'était bizarre. Contrairement aux dernières fois où il m'avait touché, je ne ressentais pas de peur. J'en oubliais presque que j'étais son prisonnier. Emporté par le plaisir qu'il me donnait, qu'il nous donnait, je ne pus m'empêcher de fermer les yeux en gémissant et en appuyant ma tête contre son épaule.
Je jouis le premier mais il ne tarda pas à me suivre. Et nous laissâmes un moment nos respirations reprendre un rythme plus calme. Il finit par bouger et il attrapa ma tête entre ses larges mains avant de poser un doux baiser sur mon front. Ses yeux étaient tendres et observaient chaque détail de mon visage, comme s'il les découvrait pour la première fois. Et puis, quelque chose sembla attirer son regard qu'il détourna de moi.
-Tu es blessé.
Quoi ?
Il me souleva la main et j'aperçus avec stupeur du sang.
Merde...
J'avais dû me couper contre quelque chose dans l'évier lorsqu'il m'avait soulevé et posé un peu brutalement ! Tout s'était passé si vite que je n'avais pas prêté attention à autre chose qu'à lui...
Étonné, je le vis amener ma main ensanglantée jusqu'à sa bouche. Sa langue vint lécher chacun de mes doigts, doucement, consciencieusement, comme s'il en savourait le goût. Les battements de mon cœur s'accélérèrent encore. Et cet homme étrange prononça des mots qui scellèrent mon destin.
-Ton sang, ton corps, ta vie... Tout ce qui fait partie de toi m'appartient. Tu es ma possession, mon joli petit chiot. Ne l'oublie jamais.
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