Eole
À peine le vent levé, de même, mon âme
Déploie ses ailes et se rêve oiseau
Car c’est mon nom que le vent clame
Et compose à la lyre des roseaux
Qu’il accroche au faîte des forêts
Comme aux clochers des villes
Je frémis dans sa caresse d’air
Et ouvre mes lèvres à sa bise
Son haleine de nuage et de mer
Me laisse amoureuse et grise
Dansant parmi arbres et rochers
Pendue à son bras volatil
Eole, mon doux amant frivole
Qui me souffle le chaud et le froid
Qui joue autour de moi, batifole
Puis m’abandonne au désarroi
Le souffle court et le cheveu défait
L’œil perdu dans une forêt de cils
Je le devine alors qui s’envole au loin
Emportant mon cœur comme un bagage
Et je me sens femme de marin
À pleurer ainsi dans son sillage
Pareille au navire sans voile, à quai
Qui rêve de mers lointaines et d'îles
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