Chapitre sept - L'appel

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Le vent soufflait fort ce soir-là, faisant grincer les volets de la maison et balayant les feuilles mortes autour de la véranda. Marianne refermait un sac de voyage, ses mains tremblantes, tandis que Daniel se tenait à l’entrée, fixant l’obscurité avec une intensité inhabituelle. La tension dans l’air était palpable, presque suffocante. Elian, assis sur une chaise près de la table, les regardait faire sans comprendre. Quelque chose n’allait pas.

Le téléphone dans la cuisine sonna, brisant le silence. Marianne et Daniel échangèrent un regard rapide et inquiet. Daniel hocha la tête, et Marianne s’avança pour répondre. Sa voix était tendue lorsqu’elle prononça un « Allô ? » à peine audible.

De l’autre côté de la ligne, une voix grave et autoritaire résonna.

  • Emma. Et toi, Gabriel. Vous savez que le temps est compté. Ils arrivent.

Marianne resta figée, le combiné serré contre son oreille. Ces prénoms étaient comme une claque dans le silence de la pièce. Elian fronça les sourcils, intrigué par cette réaction. Qui étaient Emma et Gabriel ?

  • Vous devez partir maintenant, poursuivit la voix. Ils ne sont qu’à quelques heures. Le protocole a été activé. Et n’oubliez pas : il ne doit rien savoir.

Marianne raccrocha brusquement et tourna un regard paniqué vers Daniel.

  • Ils savent où nous sommes. On n’a plus le choix.

Daniel acquiesça, le visage sombre. Il attrapa une vieille carte rangée sur une étagère et la glissa dans son sac.

  • On part maintenant, déclara-t-il. Elian, prends des affaires. Ne pose pas de questions.
  • Mais… commença Elian, abasourdi par le chaos soudain.
  • Maintenant ! coupa Marianne d’une voix ferme, mais tremblante.

Ils quittèrent la maison dans la précipitation, emportant seulement le nécessaire. La nuit était noire, éclairée uniquement par la lueur froide des étoiles. Marianne et Daniel guidaient Elian à travers un chemin sinueux qu’ils semblaient connaître par cœur. Le silence de la campagne était entrecoupé par le bruit de leurs pas sur le sol humide et le souffle court de leurs respirations.

Un frisson parcourut Elian alors qu’un hurlement lointain brisait le calme. Il se retourna instinctivement, mais ne vit rien d’autre que l’obscurité oppressante des collines environnantes. -

  • Où on va ? demanda-t-il finalement, incapable de retenir ses questions plus longtemps. Qui était au téléphone ? Et pourquoi vous êtes si… différents ce soir ?

Marianne s’arrêta net et se retourna vers lui.

  • On t’expliquera plus tard, Elian. Pour l’instant, il faut avancer.

Daniel posa une main rassurante sur l’épaule du garçon.

  • Fais-nous confiance. C’est tout ce qu’on te demande.

Elian hocha la tête, bien qu’il soit loin d’être convaincu. Quelque chose clochait depuis le début, et il était bien déterminé à obtenir des réponses.

Après plusieurs heures de marche à travers les bois, ils atteignirent une clairière où une vieille grange abandonnée se dressait, ses murs délabrés se fondant presque dans le paysage. Daniel inspecta les alentours avant de pousser la porte branlante, révélant un intérieur sombre et poussiéreux.

  • On reste ici pour la nuit, annonça Daniel. Demain, on trouvera un moyen de continuer.

Elian s’assit sur une botte de foin, son esprit encore embrouillé par les événements de la soirée. Le silence de la grange n’apaisait en rien sa frustration. Pourquoi tout le monde semblait-il savoir ce qui se passait, sauf lui ? Pourquoi ces noms mystérieux – Emma et Gabriel – l’avaient-ils tant perturbé ?

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, un froissement attira son attention. Marianne rangeait nerveusement des provisions dans un sac, ses gestes plus maladroits qu’à l’accoutumée. Daniel, quant à lui, s’occupait de sécuriser la porte avec des morceaux de bois qu’il avait récupérés à l’intérieur.

  • Emma et Gabriel… c’est qui ? demanda finalement Elian, brisant le silence. Pourquoi cette personne vous a appelés comme ça ?

Marianne et Daniel échangèrent un regard lourd de sens. Marianne ouvrit la bouche pour répondre, mais Daniel lui lança un regard d’avertissement.

  • Ce n’est pas important, dit-il d’un ton tranchant. Ce qui compte, c’est que tu sois en sécurité.
  • Tout est important ! s’exclama Elian, sa voix tremblant d’émotion. Vous me cachez des choses depuis toujours, et maintenant on fuit sans que je sache pourquoi ? Je veux savoir la vérité !

Marianne s’approcha, posant une main sur son épaule. Ses yeux étaient emplis de tristesse.

  • On t’a toujours protégé, Elian. C’est tout ce que tu dois comprendre pour l’instant.
  • Et si je veux plus que ça ? répliqua-t-il, les poings serrés, le regard brûlant de colère et d’incompréhension.

Marianne baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. Daniel intervint à nouveau, sa voix plus calme cette fois.

  • Elian, on t’expliquera tout. Mais pas maintenant. Fais-nous confiance, juste un peu plus longtemps.

Le garçon détourna le regard, frustré mais résigné. Le silence qui s’ensuivit était oppressant, seulement troublé par le sifflement du vent qui s’infiltrait dans les interstices des murs de la grange.

La nuit était longue et glaciale. Elian ne trouvait pas le sommeil. Étendu sur une vieille couverture, il fixait le plafond, ses pensées un tourbillon d’émotions contradictoires. Il voulait croire en Marianne et Daniel – ou quels que soient leurs vrais noms – mais le doute s’insinuait en lui comme une ombre menaçante.

Il entendit des chuchotements à l’autre bout de la grange. Marianne et Daniel discutaient à voix basse, pensant qu’il dormait.

  • Si on n’arrive pas à destination avant eux, on est fichus, murmura Marianne.
  • On y arrivera, répondit Daniel d’un ton ferme. On doit le protéger à tout prix. Peu importe ce qu’il faudra sacrifier.

Elian ferma les yeux, faisant semblant de dormir. Mais une chose était claire dans son esprit : il devait découvrir ce qu’ils lui cachaient, quoi qu’il en coûte.

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