Aujourd’hui, je suis décidée !
Ma culpabilité me serre les viscères, malheur et honte, hier; j’ai fait des pâtes ! J'étais fatiguée.
Horrible mère que je suis ! J’ai vu dans les yeux de ma tendre progéniture la déception, la trahison qu’ils ont ressentie !
Je cours, enfin, je roule, jusqu’à la boucherie.
- Un kilo de Bourguignon, et vite mes enfants ont grande faim !
- À ce point ! Me répond le boucher, tremblotant.
Je chope quelques carottes et pommes de terre au passage, je sais que j’en ai encore, mais… On sait jamais !
Je monte dans ma voiture, l’adrénaline au ventre en voyant l’heure passer. Mon Dieu, faites que le timing soit bon, entre continuer la cuisson et risquer de foutre le feu à la baraque si je dois m’absenter pour aller récupérer la troupe à l’école, le choix sera vite fait !
Je roule, je roule, enfin, comme je peux, la grand-mère devant moi n’a pas l’air de comprendre que je risque de me faire bouffer un bras !
Je deviens mathématicienne tout le long du trajet en me remémorant la recette. Celle qui me rendra grâce devant mes enfants !
J’arrive chez moi, je monte les escaliers 2 par 2, avec aux bras un sac pour le devoir au goût de légumes et un sac rempli d’amour au goût de chocolat…
Je déroule tout sur le plan de travail, et m’affaire à la tâche.
13 h 30. Mon ego se gonfle, je suis dans les temps, je suis trop forte.
Les minutes s’écoulent, jecompte chacune d’entre elles.
Trois heures durant, je cuit, surveille, range, nettoie pour que tout soit parfait. Pour recevoir mes plus prestigieux invités.
Je cours à l’école, passant outre ma dégaine, choucroute sur la tête plutôt que dans l’assiette.
Je récupère la troupe. Je crois qu’il m’en manque un ! Peur et frayeur sont quotidiennes dans le cœur d’une mère ! Ah non... Il est là.
J’ouvre la porte de l’appartement, je vois leurs nez frétiller. Ils me regardent je souris.
Les deux grands accourent vers la cuisine. Un visage se renfrogne.
Stupéfaction.
- J’ai cru que c’était des pâtes bolo moi !