Chapitre 24.4

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— Métis, tu songes à laisser une partie, ou la totalité, de nos pouvoirs et notre savoir entre les mains de nos anciens esclaves ? cracha soudain Freyr qui avait compris plus vite que les autres aussi étonnant que cela puisse paraître. Personne ne sera assez stupide ou fou, ici, pour l’accepter.

Un mouvement de protestation évidente parmi les Drægans qui se trouvaient à ses côtés le confirma. Il ne put s'empêcher de penser que dans les autres camps, si les réactions se faisaient plus discrètes, elles allaient néanmoins dans son sens.

Métis n’en prit aucunement ombrage.

— Ce n’est qu’une suggestion. Nous sommes bien là pour discuter, et trouver une solution satisfaisante, non ?

Divonna résuma la situation :

— Bon, nous allons faire comme si nous n'avions rien entendu, et reprendre où nous en étions avant cet apparté. Nous avons plus ou moins exclu la Nâgas et nos anciens labirés. Nous ne pouvons faire entièrement confiance à ceux qui nous restent. Il est possible qu’il y ait quelques traîtres parmi eux attendant l’heure de nous achever. Les Alphas, les Iverns, les Tôs, les Yam-nas, les Kumis, les Dyones, les Swaxkarghettis, les Keynaanides, les Ftoucqs, les Nedelegs, les Satiniens, les Nordhales, les Patricientes, et quelques autres civilisations de cette galaxie ne valent pas mieux. Certains sont même pires.

— Il reste encore les Seïntokaes, les Muggies, le Peuple de Danann, ou encore la Confédération des Oubliés, suggéra Enki qui n’avait pas encore parlé depuis un moment.

Des rires fusèrent dans le groupe adverse, mais un regard de concert de la part de Horus et d’Apollon les calma aussitôt.

— Nous ne pouvons pas plus faire confiance à la Confédération qu'au Sentokaes, fit remarquer Boann. Nous ne savons même pas s’ils existent encore. Il y a quelques années, j'ai entendu dire que les Ftoucqs étaient persuadés de l'existence de nouveaux cimetières de vaisseaux errants appartenant à l’Isseï Baca – c’est comme ça qu’ils surnomment la Confédération des Oubliés – vides de toute vie.

Teutatès ne cacha pas son étonnement.

— Jamais les membres de la confédération n’abandonneraient leurs vaisseaux, dit-il. Ces derniers sont leur planète, leur domicile et leur outil de travail comme de guerre. Leur seul bien précieux.

Boann acquiesça avant de reprendre :

— C'est pour cela qu'à l'époque, je n'y ai accordé aucune importance. Quant aux Seïntokaes, ils ont déserté leurs trois planètes. On ne sait ni quand, ni comment, et encore moins pour où. Quant aux Adooris, ou ce qu’il en reste, aux Muggies, et au peuple de Danann, ils brillent par leur silence.

Apollon hocha la tête.

— Constat identique du côté des Keynaanides et des Nordhals, dit-il. Même les Barakins se posent des questions à leur sujet. Comme j'avais commncé à la dire avant d'être interrompu par Perséphone, mes labirés en ont capturé, il y a quelques semaines, sur un cargo forestier quasiment désert.

Savoir qu’Apollon avait capturé des Barakins, plutôt paisibles et discrets depuis qu’ils avaient été parqués dans leurs territoires, et que, grâce à eux, il possédait leurs informations de première main, hérissa plus d’un Drægan dans le camp d’Amaterasu.

Apollon se retint de fanfaronner devant eux. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. Leur avoir fait remarquer qu'il aurait pu ne rien leur dire de plus que ce qu'il avait commencé à évoquer quelques minutes plus tôt suffisait. Intérieurement, néanmoins, il savourait cette petite victoire, dont le goût était pourtant bien amer.

Il laissa les esprits orageux s'apaiser avant de poursuivre :

— La résistance y a été tellement faible que nous avons pu vaincre ceux qui s’y trouvaient encore avec une facilité déconcertante. Ils étaient affamés, même après s’être nourris de tout ce qui pouvait courir, ramper, nager ou voler dans leurs vaisseaux, ainsi que de leurs blessés et de leurs malades. Ils se sont pourtant battus jusqu’au boutiste. Nous avons néanmoins pu récupérer deux survivants. Selon les informations que nous avons obtenues d’eux, ils ont tous fui leur planète. Ils disent que certains d’entre eux en ont trouvé une nouvelle qui pouvait les accueillir, quelque part dans la Voie du Chasseur.

— La Voie du Chasseur est une légende, fit remarquer Enki.

— Ils disent que leurs Reines en ont rêvé, poursuivit Apollon. Ils disent aussi que leurs cousins, les Blanca Edrojs l’ont trouvée après l’avoir longuement cherchée.

— Leurs Reines sont de vieilles folles, fit Lara. Et les Blanca Edrojs ont disparu depuis plus d’un millénaire.

Plus d’un Drægan songea qu’elle était en terrain connu dans ce domaine étant donné qu'elle avait grandement participé à la disparition de cette civilisation en s’attaquant directement aux Reines, autant pour obtenir leurs pouvoirs que pour leurs savoirs. Au final, elle n’y était pas parvenue. Les Reines avaient toujours préféré la mort à la trahison de leurs idéaux. Aucun d’entre eux ne se donna la peine de remettre en question son jugement.

— Pouvons-nous avoir plus de précision sur ce qui est arrivé aux membres de l’équipage du vaisseau barakin ? demanda Rhadamanthe. Mettre la main sur l’un d’entre eux n’est pas si aisé, habituellement.

— Exact, répondit Apollon. S’il n’avait pas subi une attaque et dérivé dans l’espace durant un long moment, nous ne l’aurions sans doute jamais découvert. Avant que leur vaisseau soit attaqué, les Barakins avaient fui leur système précipitamment, et tenté de gagner une autre galaxie.

— Les Barakins ont toujours fui face à leurs ennemis… pour mieux les attaquer au moment où ils s’y attendaient le moins, fit remarquer Rhadamanthe en apparté.

Apollon poursuivait son explication :

— Le vaisseau que nous avons découvert était caché dans un champ d’astéroïdes, jusqu’à ce que les membres de son équipage ne puissent plus supporter le manque de nourriture et d’eau. Ils sont sortis de leur cachette en pensant qu’avec le temps, l’ennemi les avait oubliés, mais c’est là que leur vaisseau aurait de nouveau été attaqué. Pas par mon armée, je le précise, au cas où quelqu’un ici le penserait.

— D’une certaine manière, l’ennemi a utilisé leur propre stratégie contre eux, en conclut Esus à mi-voix. Il les a attendus pour les attaquer au moment où ils s’y attendaient le moins...

— Même si la faim et la faiblesse de leurs effectifs ne les avaient pas totalement désorganisés, ils n’auraient quand même pas pu résister. Ils ignore comment, mais l'ennemi est parvenu à pénétrer à l'intérieur même du vaisseau, et n'a pas fait de quartier.

— Juste retour des choses, cracha Freyr qui, visiblement, n’appréciait pas les Barakins.

— Cela montre surtout qu’à chaque attaque, à chacune de ses conquêtes, cet ennemi apprend des vaincus, l’interrompit Teutatès. Et qu'il possède des armes ou des pouvoirs sans nul autre pareils.

Il fit un signe discret à Apollon lui indiquant qu’il pouvait achever son explication :

— Après avoir quasiment détruit leur vaisseau de l'intérieur comme de l'extérieur, l’ennemi ne s’est même pas donné la peine de vérifier s’il restait encore des survivants. Ce qui, fort heureusement pour nous, était le cas.

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