Chapitre 02.3

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Combien de temps faudrait-il à la Horde pour arriver dans ce système solaire ? Cent ans ? Non. Beaucoup moins. Elle n’était qu’à trois ou quatre systèmes solaires de distance de celui de la Terre. Cinquante ans, au maximum. Le temps d’épurer une demie douzaine de planètes.

Sauf si les Terrans trouvaient le moyen d’aller plus vite en réduisant les distances entre les mondes.

Combien de galaxies avaient-ils déjà traversées avant d’arriver dans la Voie Lactée ? Combien de systèmes solaires avaient-ils refaçonnés selon leurs besoins, leurs envies ? Combien de planètes, de mondes vivants avaient-ils déjà détruits ? Combien d’êtres, d’organismes pensants avaient-ils assimilés dans leurs armées, ou réduits en esclavage, pour leur armée intergalactique ?

La présence de créatures extraterrestres échouées sur la Terre était la preuve de leur progression et de leurs exactions dans les mondes qu’ils avaient déjà colonisés. Dans la galaxie, la Terre n’était sûrement pas la seule planète à être l’objet de cette vague de migration.

Certains migrants étaient parvenus jusqu’à la Planète bleue quelques centaines d’années auparavant. D’autres étaient revenus sur un monde qu’ils avaient dû quitter entre deux grandes extinctions. Ils avaient eu la malchance d’y retrouver un lieu de vie qui ne leur était plus adapté, mais ils n’avaient d’autres choix que d’y rester. La plupart d’entre eux étaient arrivés au cours des tous derniers siècles, et tous vivaient en clandestins, pourchassés par le CENKT.

Les naufragés étaient venus se réfugier moins par désir, et calculs de pilotage, que par chance, sur la seule planète qu’ils pensaient protégée de leurs ennemis parce qu’elle n’apparaissait sur aucune carte.

Mead' en était venue à la conclusion que si les données de navigation étaient inexistantes, c’était parce que quelqu’un les avait faites disparaître.

Était-ce le même individu qui avait eu accès aux bases de données pour les modifier que celui qui avait su créer une machine, un mécanisme capable d’occulter non seulement une planète, mais un système tout entier ?

Une seule certitude, aucun appareil de navigation, quel que fut son degré de perfectionnement n’avait pu repérer la Terre durant près de millénaires.

Bien des envahisseurs avaient sans doute manqué ce système, ou l’avait traversé, sans le voir. Peut-être y avait-il eu des sentinelles pour veiller à ce que ce soit le cas, et pour réparer le dispositif d’occultation en cas de défaillance.

Sauf que la machine ne fonctionnait plus aujourd’hui, et aucune sentinelle ne semblait capable de la réparer.

Elle était tombée en panne. Un simple accident mécanique.

Une information dont elle avait eu connaissance lorsqu’elle était encore auprès des siens et qu’elle avait gravée de manière indélébile dans son esprit.

À moins qu’il ne s’agisse d’une déduction. Les arrivées étaient plus fréquentes depuis quelques décennies, d’une part. D’autre part, après des centaines d’années de bon fonctionnement, il n’était pas franchement anormal que la machine et son système de protection aient besoin d’une bonne révision.

Rien n’était immuable, infaillible, ni même infini dans l’univers.

Toutefois, trouver des gardiens mécaniciens pour cette tâche relevait de l’impossible. Ce genre de main d’œuvre était plutôt rare, voire inexistante, et le travail bien ennuyeux et ingrat.

Bref, personne n’avait ressenti l’urgence de réparer L’Occulteur d’une planète devenue un mythe pour le reste de la galaxie.

Sauf, une fois de plus, que cela ne tombait pas au bon moment.

Quasiment personne sur la Terre ne savait que les Terranihilisateurs et la Horde avançaient inexorablement vers le système solaire de la Terre. Et les rares qui étaient au courant n'avaient aucun intérêt à se montrer au grand jour. Pas encore.

Par conséquent, elle devait retrouver le seul individu capable de remettre le mécanisme en marche, ou de vaincre les envahisseurs. Enfin… peut-être... de les vaincre. Là-dessus, elle n’avait aucune certitude.

Avant tout, elle s’était donné pour mission de retrouver celui qui pourrait avoir les moyens de sauver un maximum d’espèces dans cette galaxie. Pas celui qui possédait le cœur de ce mécanisme capable de cacher un monde aux yeux des dieux eux-mêmes. Sauf s’il s’agissait de la même personne. S'il s’agissait de Baal.

Mais le retrouver ne suffirait pas.

Non seulement, il faudrait remplacer le cœur de la machine, mais il serait nécessaire de remettre le mécanisme en route, de le réamorcer.

À cela, elle entrevoyait déjà de nombreuses difficultés.

Avait-il seulement le cœur de L’Occulteur encore en sa possession ? Sinon, saurait-il le retrouver ?

Cela faisait plus d'un siècle qu’elle n’avait plus vu, ni entendu parler d’Adad Melqart, Baal le Jeune. Cet objet, elle l’avait volé sous les traits d’Anna-Louise, il y avait plus deux siècles, aurait-elle dû le garder et le cacher ? Pourquoi n’y avait-elle pas songé alors qu’il se révélait aujourd'hui si important ?

Pourtant, le cœur de L’Occulteur de Mondes n’était qu’une petite partie d’une formidable machinerie. Où se trouvait celle-ci ?

Elle ne l’avait jamais su.

Nul ne savait à quoi ressemblait cette machine.

Elle pouvait se trouver n’importe où dans ce système. Sur une planète, sur un satellite ou même quelque part se baladant dans l’espace, sous la forme d’un objet inconnu ou d’un morceau de roche ? Peut-être même qu’elle voyageait d’un endroit à un autre afin de ne pas être découverte…

Si elle n’était pas retrouvée et remise en fonction avant l’arrivée des Terrannihilisateurs, ceux-ci anéantiraient chaque planète du système solaire dans lequel évoluait la Terre, comme ils l'avaient fait pour celles d'autres systèmes de la galaxie…

Seuls Baal l’Ancien et Darius auraient pu expliquer à quoi ressemblait la machine à laquelle appartenait le cœur de L’Occulteur de Mondes, et où elle pouvait se trouver exactement.

Darius était mort, assassiné. Quant à Baal l’Ancien, il avait disparu peu après, emportant avec lui son secret, ainsi que l’autre possibilité de sauver ce qui pouvait l’être.

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