Chapitre II . Thé ou café
Mardi 29/11/22, au petit matin dans l'appartement d'Etienne
Etienne s’était réveillé avec un fort mal de tête ce matin. Le jeune homme avait trop forcé sur la bouteille hier au soir. Il fallait dire qu’il avait fêté un triste anniversaire !
Un an auparavant, l’amour de sa jeunesse s’était jeté du haut d’une falaise, il n’avait jamais compris ce qui avait motivé ce suicide, elle avait l’air heureuse pourtant. ll parait qu’on ne connait jamais bien les gens, surtout ceux qu’on aime !
À force de se passer en boucle toujours les mêmes questions, il en avait perdu le sommeil et le gout de vivre. Il aurait pu citer par cœur tous les mots que Catherine avait prononcés les dernières heures avant sa mort.
Il avait tant ressassé que maintenant il préférait oublier. Hier, il avait fait un aller-retour express, il avait déposé une botte de cyclamens sur sa tombe, avait bredouillé une vague prière, puis s’était enfermé dans sa voiture, pour pleurer.
Ce matin la rue était déserte ! Son véhicule garé en travers empiétait sur deux places, un bristol ornait son parebrise, pas très gentil ce billet ;
Si vous ne savez pas vous garer droit, prenez donc des cours de conduite !
Signé la voisine du dessus qui a dû stationner à Pétaouchnock à cause de votre égoïsme !
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Mardi 29/11/22, aux alentours des 8h00, appartement de Reeve.
Armé d’un bouquet de fleurs il alla s’excuser auprès de la jeune fille du quatrième, celle qui possédait de beaux yeux, un petit nez en trompette et une si jolie chute de reins ! Après tout, il n’était pas mort, lui, et il avait décidé de vivre !
Il la tira du lit, les yeux de la jeune femme hésitaient entre la colère et le sommeil. Il s’abrita derrière une immense brassée de tulipes multicolores et ânonna à toute vitesse :
- Je suis venu m’excuser pour m’être garé comme un gougnafier, je vous prie de les accepter !
Les yeux verts n’hésitèrent plus, ils souriaient à présent.
- Entrez je vais préparer un café !
L’intérieur de l’appartement était cosy, apparemment beaux yeux qui hésitaient entre colères sommeil et sourire dormait seule. De toute façon la taille du F1, le lit à une place et la déco kitch style: Princesse d'autrefois qui attend le prince charmant , le confirmaient !
Il s’assit où il put, elle s’était évanouie dans la salle de bain, le laissant se débrouiller avec son bouquet dont il ne savait que faire et qu’il gardait, le grand benêt, à la main !
- Je m’excuse, j’en ai pour une seconde, mettez-vous à l’aise ! Au fait, je n’ai plus de café, un thé, ça vous irait, sinon j’ai de la tisane ou de la bière ! Mais c’est peut être un peu tôt pour de la bière, si vous voulez vraiment un café on peut aller au bar du coin de la rue ! Ah oui, il faut un vase aussi… Dans le placard à gauche je crois que j’en ai un… ah zut, oui je l’ai cassé, donc posez le bouquet sur la table… euh, je crois qu’il n’y a pas de place ! excusez-moi pour le désordre… ah oui, on pourrait se tutoyer non, je m’appelle Reeve, mes amies m’ont surnommé Attrape Reeve ! Oui, je suis un peu bavarde, je me dépêche, je suis bientôt à vous, au fait, vous êtes toujours là, je ne vous entends pas !
- Oui, je suis là, le bouquet ne me dérange pas pour l’instant, un thé, ça ira…
- Je ne vous en veux pas pour le parking, je suis comme ça, je pars au quart de tour, hier au soir, je vous aurais volontiers explosé le parebrise à coup de talon aiguille, mais maintenant je suis contente qu’un joli garçon m’ait offert un bouquet de fleurs ! je me hâte pour le thé… Bergamote, citron, ah zut, excuse moi, je crois que je n’ai plus de thé non plus !
Et sur ce, elle sortit enfin de la salle de bain, dix bonnes minutes étaient passés, mais l’attente valait le coup, elle était sublime, un pantalon de toile transparente lui moulait les fesses à la perfection et quand elle approchait de la fenêtre les rayons de soleil du petit matin éclairaient sa silhouette, lui caressait la peau. Il n’avait plus envie de thé, il aurait aimé arracher la microscopique culotte en dentelle écrue qui ne cachait pas grand-chose de son anatomie. la gorge sèche, le cœur battant, et les mains moites il dit :
On en fait quoi du bouquet de fleurs ?
Elle rangea brièvement la petite table basse, il ne savait pas si elle s’en rendait compte, mais elle le frôlait sans cesse, ses mains avaient une furieuse envie de la prendre par les hanches. Mais il savait se contrôler !
Elle lui sortit son plus beau sourire se pencha, son pull échancré en cachemire ne cachait pas grand-chose non plus, une magnifique paire de seins que ne protégeait aucun soutien-gorge se baladaient à quelques centimètres de ses mains. Elle dit, le forçant à le regarder dans ses yeux vert.
- Je sais à quoi tu penses je suis une bien piètre hôtesse, pas fichue de trouver quelque chose à boire ! je ne sais ce que tu penses de moi… ni capable de te trouver un vase… quelle idiote je fais… pour me faire pardonner…
- C'est moi qui avait des choses à me faire pardonner...
- Tu sais quoi, chut, ne dis plus rien... Dit elle, juste avant de l'embrasser, timidement d'abord, passionément ensuite.
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Mardi 29/11/22, 16h00
Lorsqu’il sortit de l’appartement de Reeve, il était quatre heures de l’après-midi, ses jambes étaient en coton et le sourire enfin était revenu sur son joli visage à la barbe naissante. Il rentra chez lui prit une douche rapide, se changea… trouva une chemise propre, la dernière, toutes les autres étaient dans la corbeille de linge sale ! il lui faudrait faire un peu de ménage l’appartement était dans un état ! s’il devait inviter sa nouvelle conquête il rangerait et frotterait, ferait la vaisselle aussi, remplirait le frigo… Il avait honte, l’appart était une porcherie, un cloaque de vieux garçon qui se laisse aller !
Heureusement ce soir, il dinera au restaurant et finira la nuit dans le petit lit à une place dont les lattes grinçaient… C’était une fougueuse cette Reeve ! Sa peau était douce comme de la soie, il avait encore ses cris, ses feulements et ses miaulements dans l’oreille !
Il devait sortir, faire quelques courses… la nuit était tombée entre temps, il hésita, prendre la voiture… au risque de ne plus trouver de places à son retour ou y aller a pied ! La marche lui ferait du bien, il avait un peu grossi ces derniers temps… mais il allait se mettre au sport !
Il récupéra un sac à dos et une paire de cabas dans le coffre se sa voiture, en profita pour la garer comme il faut, bien dans son emplacement ! Car il n’avait aucune envie de la retrouver le parebrise explosé le pare choc défoncé et les rétroviseurs absents.
Il tourna à l’angle de la rue, pris l’avenue de la Seine qui longeait le fleuve, il en aurait pour vingt bonnes minutes de marche rapide.
C’est alors qu’il la vit ! sur le pont droit devant lui, Catherine, avec ses boucles brunes, ses jolis mollets sa robe vaporeuse qu’elle avait le jour de sa mort, elle avait grimpée sur le rebord, droite comme un i les yeux dans le vague, elle s’apprêtait à se suicider une deuxième fois.
Il venait de la chasser de ses pensées ce matin, de la renvoyer dans son obscur passé et voila qu’elle était là devant lui…
Il jeta les cabas qu’il portait à la main, courut comme un fou et cria
- Catherine, non, pas deux fois !
Surprise, Catherine se retourna et d’un sourire triste qui n’en était pas un transperça son corps !
Ses jambes se pliaient déjà, le vide et l’eau boueuse du fleuve l’appelaient, ses pieds avaient déjà quitté la terre ferme ! deux mains robustes la bloquèrent alors qu’elle basculait déjà dans la Seine !
- Non Catherine, je ne veux pas te perdre deux fois !
- Je ne suis pas Catherine, je suis Sarah, mais merci… serrez-moi dans vos bras j’ai faim de chaleur humaine !
E.Y
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