VIII. Une matinée qui avait si bien commencée
Mercredi 30/11/22 dans la matinée appartement d'Etienne
Après, avoir bu son café, mangé ses croissants et rangé la petite table basse où le bouquet de tulipes prenait presque toute la place, Étienne rejoignit son appartement. Gabriel, le gentleman de Reeve lui sauta pratiquement dessus à son arrivée.
- Tu devrais regarder ta messagerie Étienne, je n’ai jamais vu ça ! Les coups de téléphone, les messages et les notifications pleuvent depuis ton départ. Tu es resté absent, quoi ?… Quarante minutes ! Ça n’a pas arrêté. Sinon la malade va bien, je l’ai entendue chouiner dans son sommeil, je l’ai réveillée, elle a demandé après toi. Je lui ai assurée que la police n’avait pas été alertée et qu’elle n’était pas en prison, elle a bu un grand verre d’eau et s’est rendormie aussi sec, la pauvrette doit avoir beaucoup souffert pour être dans un tel état !
- Merci, Gabriel, d’avoir gardé mon appartement et de t’être occupée de Sarah !
- De rien, Étienne ! je préparerais un encas pour elle et toi. Il faudra la réveiller. On ne sait pas depuis combien de temps elle n’a pas pris un vrai repas, elle n’a que la peau sur les os la malheureuse, elle ne serait pas allée très loin sans ton intervention !
- Elle aurait fini dans la Seine…
- Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Tu m’avais compris ! Tiens, ce que je te disais ! Il sonne encore ton téléphone. Je vais partir, je t’ai laissé mon numéro. Si tu as un souci, tu n’hésites pas ! je reviendrais sur les coups de midi ! Ah oui, dernière chose… Ne t’amuse pas à faire du mal à Reeve, elle t’aime déjà beaucoup. Si tu la fais pleurer, tu m’auras en travers de ton chemin !
- Je n’ai aucune raison de la faire souffrir, elle a l’air si douce, si gentille !
- Elle l’est ! je me méfie des bellâtres de ton genre, ce n’est pas la première fois que je la récupérerais en charpie.
- Que tu la récupères ! … Ça ne craint rien, je ne suis pas un salopard, merci !
- Je t’aurais prévenu, c’est tout… À tout à l’heure, n’hésite pas surtout !
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Pendant qu’Étienne ouvrait ses textos, lisait ses messages, et écoutait son répondeur, Sarah qui s’était enfin réveillé s’était levée et sans bruit enlaça son sauveur en lui susurrant un exquis :
- Merci de m’avoir rattrapée, il y a encore des hommes bons sur cette terre !
Étienne décroisa les bras noués sur sa nuque et repoussa gentiment cette bouche sensuelle qui lui dévorait le cou. Il força, Sarah, à s’installer sur la chaise à côté de lui !
Il déposa sur la table le sac isotherme que Reeve avait préparé avant de parti, elle pensait vraiment à tout ! Il en sortit un pain aux raisins, un yaourt nature une compote et un fruit. Sacré Reeve elle était vraiment parfaite cette fille. Elle avait même prévu un thermos de café et une bouteille de jus d’orange !
Pendant que Sarah dévorait son petit déjeuner, se brulait avec le café qu’elle buvait à même le thermos ; Étienne le lui arracha des mains et versa le breuvage dans un bol qu’il avait préparé et lui demanda :
- Sucre ou pas ?
La bouche barbouillée de compote de yaourt et de miette de la viennoiserie, elle grogna plutôt qu’elle répondit :
- M’en fous !
Il éloigna ce qui restait dans le sac, rangea le jus d’orange dans le placard, il estimait qu’elle s’était déjà suffisamment goinfrée comme cela. Il avait lu, il ne savait plus où, Richelieu s’était débarrassé d’une partie des survivants rochelais, en leur offrant un repas gargantuesque, sur lequel les malheureux s’étaient jetés. Comme cette malheureuse aujourd’hui !
Il la regarda avec plaisir, finir de boire son café en grognant de satisfaction. Il en prit conscience désormais, dans la douce chaleur de l’appartement, une odeur de rue de vêtement mouillé et de sueur lui assaillait les narines. Cette fille venait de la rue, elle était une SDF, cette réalité lui sauta à la figure. Elle était pourtant si jeune, elle ne devait pas avoir vingt-cinq ans. Il se demandait maintenant ce qui avait amené une si jolie fille dans la rue. Il la questionnerait plus tard. Pour l’instant, il devait finir de lire ses messages et surtout téléphoner à Reeve qui l’assaillait depuis un moment déjà… elle avait posté des images d’elles ruisselante, dans une chemise de lin transparente…
Puis elle s’était changée, s’était photographiée dans un chemisier fuchsia, très décolleté !
Il n’en revenait pas d’avoir séduit une fille aussi jolie !
Il se dépêcha de l’appeler, on ne faisait pas languir une beauté pareille !
Elle prit des nouvelles de Sarah, il la rassura. Il la remercia, pour le café. Elle lui répondit qu’elle allait démissionner. Qu’elle avait hâte de se couler dans ses bras, que son patron était un porc, qu’il avait encore essayé de la tripoter pour la énième fois, qu’elle était fatiguée de n’être qu’un tas de viande pour les mecs, qu’heureusement il était différent, elle pouvait lui faire confiance, elle pleurait de l’autre coté maintenant, lui disait qu’elle aurait aimé être sur ce pont neuf à la place de Sarah et lui posa cette question à laquelle il ne sut que répondre.
- Si ç’avait été moi sur ce pont, prête a sauter dans le vide, car j’en ai eu envie tu sais ces derniers temps, tu m’aurais sauvé, même en étant certain que je n’étais pas Catherine, si Catherine revenait dans ta vie, tu ferais quoi !
Il mit une seconde de trop à répondre. Cette question à laquelle il ne s’attendait pas l’avait déstabilisé ! il entendit un sanglot puis le tut signifiant que la communication venait de se terminer.
Il essayât de la rappeler, il tomba sur le répondeur !
Il se retourna, une paire d’yeux brulants étaient dardés sur lui !
- Elle vient de te piéger, c’est une folle ! elle te fait du chantage
- Tu as tout entendu ?
- Il ne fallait pas laisser le haut-parleur allumé !
Et après un court silence, elle crachait d’une voix mauvaise
- Ne te trompes pas Étienne, moi aussi je te désire, je t’appartiens, tu viens de me sauver la vie, je suis ta chose, pour toujours, si tu m’as ramené a la vie pour partir avec une autre, il vaut mieux que tu me jettes dans la Seine, je t’aimerai quoi qu’il arrive même si tu me prends pour Catherine, je serai Catherine !
Le téléphone sonna à nouveau alors que Sarah s’était cramponnée à lui et tentait de l’embrasser. Il réussit à décrocher et croassa un
- allo !
- Je ne sais pas qui vous êtes ni ce que mon amie vous a dit.... mais si vous l’aimez, il faut vous hâter, Reeve est sortie comme une furie, en pleurs, elle a hurlé qu’elle allait plonger dans la Seine du pont-neuf !
E.Y
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