Samedi 03/12/22, La Rochelle

La Rochelle, ce petit bijou au bord de l'océan était somptueux. À l’horizon, le soleil entamait son ballet avec l'océan. Reeve attrapa Etienne par la main, au loin les lumières d’un marché de Noël sur les quais du port l’attirait. Elle aimait particulièrement cette période. Avec son grand-père, ils avaient pour habitude de passer par ces petits étals avant de poser leurs valises et tous leurs soucis dans une location sur l’île de Ré.

Ce rituel, instauré depuis plusieurs années, s’avérait source de réconfort pour les deux. En cet fin d’après-midi, ce serait avec le beau gosse qui se tenait à ses côtés qu’elle voulait vivre cette expérience. Il illuminait ses yeux dès que ses mains taquines venaient flatter ses fesses. Son seul vœu était de partager des moments simples avec l’homme qui avait pris une place chère dans son cœur. L’alcool, la rendait guillerette, ses joues se coloraient avec les effluves des petites bulles qui pétillaient dans son corps, le tout accentuait par la bise vivifiante venant du large.

Dans le restaurant, elle s’était montrée intrépide, jouant sous la table avec ses pieds qui étaient remontés le long de son entre-jambe pour garder l’attention d’Etienne. Bien sûr qu’elle avait eu envie qu’il lui fasse encore l’amour. Pendant leurs ébats, elle se sentait une autre femme prête à des folies pour ne pas le perdre. À cette heure, le cadre dans lequel ils évoluaient était magique. Elle voulait taire ses pulsions pour profiter de la féerie du lieu. Ils déambulaient dans les rues, petit couple de Peynet, leurs ombres se dessinaient sur les murs.

Autour d’eux, d’autres promeneurs erraient. La musique de Noël les accompagnait, une douce mélodie dans leurs âmes insouciantes. Le temps semblait s’être mis en pose juste pour nos deux amants. De délicates odeurs de pain d’épices, de crêpes et de vin chaud vinrent se diffuser dans leur narine, leur gourmandise l’emporta.

• Allez, viens Etienne, j’ai envie d’une crêpe à la confiture de marrons.
• Tu as encore faim ? On vient juste de sortir de table.
• Oui, comme j’ai envie de te dévorer là tout de suite.
• Tu vas m’épuiser.
• Petit joueur, si tu ne veux pas manger, tu pourras goûter leur grog et qui sait ensuite, je pourrais abuser de toi.
• Là, au milieu de cette foule ?
• Je suis sûre que l’on peut se dégoter un coin sympa.
• Tu n’en seras pas capable.
• Commande, je reviens.

Sur ses quelques mots Reeve disparut . Etienne se sentit tout à coup perdu sans sa présence. Que pouvait-elle avoir en tête ? songea-t-il. Décidément cette femme avait un zeste de folie qu’il aimait de plus en plus. Derrière son visage d’ange se cachait une véritable tigresse avec la fougue d’une diablesse. Il était conquis par son tempérament. De son côté, toujours un peu pompette, elle découvrit le lieu idéal pour emmener son cher et tendre.

Ils ne seraient pas dérangés, tout se prêtait à un moment romantique et plus si leur désir les entrainait sans qu’ils puissent le contenir. Elle revint sur ses pas et découvrit Etienne en charmante compagnie. Décidément, il était comme le lait sur le feu, il ne fallait surtout pas le quitter des yeux. La blonde longiligne qui se tenait face à lui riait aux éclats, buvant ses paroles et le verre qu'il lui tendait.

Reeve hésita à ruer dans les brancards. Pourquoi faire ? Elle se demandait s’il n’avait pas des tendances libertines. Reeve avait réussi à éclipser Sarah le temps d’un week-end, calmer les avances de la rouquine du restaurant et maintenant il lui fallait faire face à une nouvelle ondée. Elle approcha lentement quand elle réalisa que son chéri éconduit la belle avec délicatesse.

Son cœur se fit léger, elle s’arrêta devant un stand d’écharpes et ne put résister à en acheter une. Un cadeau serait le bienvenu pour se faire pardonner de ses réactions intempestives pendant le trajet. Elle avait su faire preuve de bien plus mais le sexe ne devait pas être la seule façon d’effacer ses caprices, de gommer leur querelle ou leur prise de tête comme il aimait à appeler leur désaccord.

• Surprise. Tiens c’est pour toi. C’est ma façon de te dire que je t’aime un peu plus qu’il y a une heure et sûrement moins que dans les minutes à venir.

Une fois le foulard en laine autour de son cou, elle saisit les deux bouts et l’attira à elle pour déposer ses lèvres ourlées de crèmes de marrons sur les siennes. Ne pouvant résister, sa langue se glissa dans la commissure de sa bouche et se fraya un chemin découvrant les arômes de vin et d’épices qui tapissaient son palais.

• Suis moi, j’ai pris des billets pour visiter la Tour de la Lanterne. La vue est à couper le souffle. Je connais le responsable enfin papy surtout. Il a accepté de me laisser les clés, les visites viennent de se terminer. Avec un sourire et une bonne bouteille on peut obtenir tant de choses.
• Toi, tu sais parler aux hommes.
• Attends de voir.

Quand ils se présentèrent devant la porte d’entrée, elle découvrit une étincelle dans les yeux de son partenaire qui fit exploser un feu d’artifice dans son propre regard. Reeve était satisfaite de voir que ce lieu historique serait un petit coin idéal pour une fin de soirée des plus romantiques.

Dans sa tête, ça fusait à tous les étages, elle voulait qu’ils discutent de tout et de rien, d’hier et de demain. Dans son âme, elle ressentait le besoin de se confier à cet homme qui la troublait tout à la rassurant. Qui pouvait l’énerver en posant son regard sur tous les jolis culs qui passaient proche d’eux comme s’il avait un radar à beau postérieur. À côté de ça, il savait la faire sourire, rire et éclater de rire avec son humour parfois un peu lourd mais touchant.

Etienne était unique en son genre. Il avait ce petit quelque chose qui faisait virevolter des papillons dès que leur peau entrait en contact, le simple fait de prendre sa main diffusait une onde de bien être dans tout son corps. Elle poussa délicatement le battant. Ce soir, ils seraient des privilégiés. Le maître des lieux était ami avec son grand-père et il ne refusait jamais rien à sa petite fille. Il l’avait vu grandir, connaissait son histoire, et la considérait comme sa nièce.

Dans la pièce principale, Etienne scrutait les murs qui l’entouraient. La Tour de la Lanterne faisait partie des trois tours emblématiques de la ville, elle fut construite au XVe siècle. Reeve connaissait le site comme sa poche, elle avait eu la chance de la découvrir en privé. Souvent pendant que son grand-père et le conservateur discutaient avec passion d’histoire et d’art, elle jouait dans cet endroit d’exception qui n’avait plus de secret pour elle.

• Tu sais qu’elle doit son nom à la tourelle vitrée dans laquelle était allumée chaque nuit « un gros cierge » pour guider les vaisseaux.
• J’en connais une qui n’aura aucun mal à allumer la bougie.

Reeve éclata de rire, cette remarque fit s’empourprer ses joues.

• Quel bêta, tu fais, mais oui je devrais le faire sans problème. Je pourrais même te faire prisonnier à jamais. Regarde les murs sont les témoins indélébiles des détenus qui ont erré ici pendant le XVIIe et XVIIIe siècles.

Etienne allait faire une blague, mais s’empressa de ravaler ses propos, il ne pouvait résister à voir évoluer la jeune architecte dans son élément. Tout semblait être source d’inspiration. Même s'il ne songeait qu’à l’envie de se ruer sur elle comme les pauvres prisonniers qui n’avaient pu connaître de plaisir que leur onanisme.

• Trêve de plaisanterie, suis-moi, je passe devant comme ça tu auras un bel aperçu de la vue qui t’attend.
• Pas si vite.

Reeve montait les marches quatre à quatre, le spectacle en haut de la Tour serait jouissif. Etienne la suivait tant bien que mal, elle était inépuisable, elle mordait la vie à pleines dents. Ce que sa jupe laissait entrevoir, l’émoustillait. Elle le rendait insatiable et il aimait se savoir à sa merci. Qu’avait-elle bien pu lui réserver une fois de plus ? Il était redevenu un adolescent et ça lui plaisait énormément.

• Regarde comme c’est magnifique. La ville dans son habit de lumière, on dirait un tableau impressionniste. C’est souvent ici qu’Henry me retrouvait endormi dans ce vieux canapé en cuir un livre dans les mains. Je m’installais et j’observais le ciel et c'est sur cette toile d’étoiles que j’ai déposé tant de rêves.

La jeune femme s’installa et tapota avec sa main le tissu pour attirer son amant à ses côtés.

• C’est un merveilleux cadre pour passer la nuit, qu’en penses-tu ?
• On va se les geler.
• Rassure toi, je saurai te réchauffer. Il y a des couvertures dissimulées dans le coffre.
• Tu as pensé à tout. Je suis le premier à qui tu montres ce lieu. Je t’imagine dans les bras des mecs à qui a qui tu as fait perdre la tête.
• Non. Tu es le seul à avoir ce privilège. Ce vieux canapé a été mon seul partenaire et il a plutôt entendu toutes mes peines.

Reeve vint déposer ses lèvres sur les siennes, dévorant sa bouche pour ne plus la lâcher. Lentement, elle déboutonna le pantalon de son homme qui se souleva afin de se libérer de l’emprise du tissu. Son sexe tendu n’attendait que le moment où il pourrait à son tour explorer son intimité, elle le saisit, la nuit venait juste de commencer.

*A.R*