Dimanche 04/12/22, sur l'océan dans le bateau de Romain

*A.R*

Mais qu’est-ce qu'Etienne racontait ? Ophélie en pincerait pour mes fesses. Décidément si les filles s’intéressaient aussi à moi, mais où allait-on ? Je me demandais tout de même si ce n’étais pas mon beau gosse qui fantasmait et rêvait de nous voir nous bécoter. Remarque peut-être que ce serait une bonne idée, ainsi il arrêterait de poser son regard sur ses fesses à elle. Si je jouais sur la corde jalousie, cela lui permettrait de réaliser qu’il tient à moi. Alors je fis une chose insensée, oui parce que je voulais qu'il réalise que si notre couple devait être libertin, je serais prête à lui accorder cette faveur. Qui sait, cela me satisferait tout autant. Grand-père dit toujours que tant qu’on n’a pas gouté, on ne pas savoir si on aime.

Je ressortis de derrière le filet et attrapai Ophélie par la main. Elle se laissa guider sans rechigner bien trop heureuse que je lui accordasse un peu de considération. Son mari, à la barre, observait la scène avec attention. Il la connaissait bien sa chérie. Il savait qu'elle l'aimait mais qu'elle avait besoin de croquer au fruit défendu pour la retrouver féline dans ses draps. Quand il vit disparaitre les deux femmes, il imaginait sans mal l'expérience qu'elles allaient partager. Sa femme avait gagné le jeu de la séduction.

Une fois dans la cabine, j'hésitai mais Ophélie prit les initiatives. Elle glissa ses doigts sous mon pull pour découvrir mes deux seins. Quand elle commença à les caresser, une chaleur m'envahit, c'était nouveau et agréable. Tout en massant avec délicatesse leur galbe, je sentis le rouge s'emparer de mes joues. Je songeai tout à coup que j'avais bien trop bu depuis que nous étions arrivés à La Rochelle et que j’en perdais mes repères. Sentant que je me dérobai, elle m'attrapa les mains, me regarda dans les yeux, et me susurra à l'oreille :

• Laisse-moi te faire l'amour. Je te promets tu vas kiffer. Puis tu pourras retrouver ton Etienne et moi mon Romain.

À partir de là, tout a basculé, l'océan s'agitait mais bien moins que mes sensations.

E Y

Alors que je voulais rejoindre les deux filles dans leur escapade, Romain me retint par le bras et me dit

• Laisse-les, elles ne vont pas s'envoler ! Moi, je vais un peu ralentir la vitesse du bateau, il faut un peu leur laisser le temps de respirer. Elles le méritent, ce sont de chouettes femmes. Il faudra que tu apprennes Etienne, si tu tiens ta femme en laisse, elle voudra s'échapper, si tu lui laisses des plages de liberté, jamais elle ne te quittera
• Mais... !
• Oui, je comprends ce que tu ressens. Reprends un petit cognac. Moi aussi je brule de soulever les voiles et d'aller voir...Mais je ne pense pas qu'elles soient prêtes à voir deux mateurs débouler ! Laissons-les donc à leurs jeux de jeunes femmes délurées, elles nous en sauront gré et la nuit sera encore plus chaude. Ah oui, Ophélie a dû vous le dire, vous serez nos invités, vous étrennerez notre chambre d'hôte, vous serez nos premiers testeurs... Et rassurez-vous, nous ne serons pas toujours sur votre paletot

Alors que nous discutions ainsi comme deux vieux amis, les deux tourterelles rouges comme des pivoines, nous rejoignirent. Romain pu à nouveau mettre les gaz. La côte et sa ligne de lumière qui dansaient sur l'eau, approchaient très vite. Romain cria :

• Nous arrivons dans dix minutes, j'espère que le voyage s'est bien passé.

Les filles lovées contre nos épaules se taisaient, c'était inhabituel de leur part. Reeve se retourna, me sourit et m'embrassa gentiment avant de me glisser dans l'oreille un timide

• Merci ! suivi d'un Je t'aime !

Romain et Ophélie nous souriaient, heureux, eux aussi !

*A.R*

Arrivés à terre, Reeve et Etienne suivirent le couple. Ils n’avaient pas pu refuser l’invitation, se sentant quelque peu redevables. Une fois le pied sur la terre ferme, un orage s’abattit sur elle. Tant de souvenirs s’échouaient et son plus grand regret pour l’heure était de ne pas avoir pu emmener son grand-père. Qui sait, les embruns, le large, le bruit de l’océan auraient colmaté sa mémoire effilochée. Un pincement au cœur stoppa sa progression, elle hésitait à aller plus loin. Le sourire qui jusque à présent illuminait son visage, venait de disparaitre derrière les larmes qui ourlaient ses paupières. Etienne qui avançait en discutant avec son nouvel ami Romain, n’avait pas vu qu’elle s’était assise sur le muret qui entourait le jardinet. Ophélie s’en aperçut et rattrapa les hommes qui marchaient devant. Elle l’agrippa par l’épaule et lui dit avec un sérieux :

• Rejoins ta belle, je pense qu’elle a besoin de toi.

Etienne se retourna, et découvrit Reeve perdue dans ses pensées.

• On va préparer le repas, on monte vos affaires dans votre chambre à l’étage, ajouta Romain. Rejoignez-nous dans une heure dans la véranda. Vous pourrez apprécier le repas au soleil couchant.

Après les avoir remerciés du bout des lèvres, il s’empressa de rejoindre sa chère et tendre qui semblait s’être fondue dans le paysage. Quand il se retrouva à sa hauteur, il lui prit les mains et les larmes qui jusqu’à présent elle avait gardé pour elle, se déversèrent sur ses joues. Un flot qu’elle avait trop retenu, les vannes venaient de se déverrouiller. Etienne la serra dans ses bras. Dès qu’elle sentit les battements de son cœur, la belle respira à nouveau.

E.Y

Alors, Reeve me raconta, ses vacances sur la plage en face, les goûters à l'auberge de la mère Dupré, les escapades en pédalos, en caboteur. Elle continua en m’expliquant les longues balades à pied, à vélo dans le sel, le sable et le vent. Elle poursuivit avec son grand-père, son héros qui n'était plus que l'ombre de lui-même, un vieillard dont la mémoire était un château de sable que la première grande marée risquait de renverser. Il la berçait, doucement, il savait être tendre, il se retenait de pleurer avec elle. Alors il ne pût s'empêcher...

• Reeve, je m'ennuie à Paris, je n'ai jamais aimé cette ville. Je l'ai visitée, elle est belle, chargée d'histoire. Mais d'une histoire qui nous écrase. Je veux retourner vivre dans le sud de la France où sont mes racines. Oh j'ai le choix, je te laisse le choix. Ma famille avait des terres, j'ai gardé un mas dans le haut Var. J'ai des terres aussi dans l’Aude, du côté de Montolieu, un ancien château cathare... Je pourrais vous accueillir tous, Sarah, Marc, toi et ton grand-père. Il n'y retrouvera pas la mémoire... mais il pourra y faire des belles promenades dans les allées de muriers. Je lui ferais gouter un vin tanique et puissant. Il retrouvera là-bas le vrai sens de la vie... le vent l'hiver, l'été le soleil et toutes les palettes de mi-saisons en automne et au printemps. Allez Reeve, dit moi oui. Plus tard, si tu me veux bien, nous élèverons nos enfants, quand tu auras décidé d'en avoir. Si je suis père un jour, c'est avec toi que je veux l'être. Chut, ne me répond rien, je t'en prie embrasse-moi, ensuite nous rejoindrons nos amis.

*A.R*

Reeve n’en revenait pas, Etienne venait de parlait d’un avenir ensemble. De ces lendemains que l’on construit à deux et du bonheur de créer sa famille, pour s’enraciner à la terre. Les mots dans sa bouche avaient une saveur différente. Rêvait-elle les yeux ouverts ? Il lui demandait de prendre son temps, la seule chose dont elle avait envie à cette seconde, sauter à son coup et le suivre où il voudrait. Juste fermer les yeux et se laisser porter en toute confiance. Il avait proposé d’emmener Sarah, Marc, pourquoi ? Finalement, elle s’en fichait, ce qu’il avait ajouté par la suite était bien plus important. Il était prêt à emmener son grand-père et partager du temps avec cet homme qui avait été toute sa vie. Cette marque d’affection qu’il offrait avait une valeur inestimable à ses yeux et dans son cœur.

Le repas du soir partagé autour des plats concoctés par Romain et Etienne fut chaleureux. Les deux couples discutaient, se taquinaient, s’emportaient et riaient à gorge déployée. Quand vint l’heure de se dire bonne nuit, il était déjà tard. Dans la véranda, au-dessus de leur tête le ciel s’était paré de sa plus belle toile tendue. Pas de pollution pour obstruer le paysage, juste de milliers d’étoiles parsemés de-ci de-là pour le plus grand bonheur du couple parisien. Reeve s’approcha de son homme pour déposer un baiser sur ses lèvres et ajouter quelques mots doux à son oreille. Le temps passait si vite en si bonne compagnie. Après avoir pris la peine de tout ranger, chacun regagna sa chambre, l’air guilleret et le cœur léger. Reeve s’installa au chaud dans les bras de son bel amant et s’endormit.