Chapitre XXVII : Flash-back

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Samedi 03/12/2022

Marc observait Sarah, il ne pouvait la quitter du regard. À sa façon, elle l’avait toujours attiré et il ne savait pas trop pourquoi. Sa fragilité sans doute, c'était une belle femme aussi...et puis elle avait un quelque chose en plus.... La dernière fois qu’ils s’étaient vus dans la rue, elle avait voulu lui arracher les yeux, la dispute avait été violente. Pourtant encore ce soir, sur ce bord de route, sous un ciel parsemé d’étoiles, il n’arrivait pas à se détacher d’elle. Ils étaient comme deux aimants, ils s’attiraient et une fois trop prêt l’un de l’autre se repoussaient avec la seule envie de pouvoir à nouveau se recoller sans se blesser. Ils avaient un passé commun, des secrets partagés et dans ce petit coin de France, loin de Paris et de ses lumières froides, ils pouvaient envisager un avenir commun. Si tout simplement, ce qu'il croyait être une simple attirance physique ne pouvait s’expliquer seulement par cette envie de tomber amoureux. Si finalement, il n’essayait pas de se convaincre du contraire pour ne pas souffrir. Ils connaissaient leurs histoires, celles qui les avaient amenés à être des squatters de trottoirs, des dormeurs de sacs poubelles, des poivrots d’un soir ou des putains du désespoir.

Sarah appuya la tête contre l’épaule de Marc, elle appréciait le confort de ce petit bout de terre sur une île dévastée par tant de tempêtes. Sur ce parapet, loin des bruits assourdissants de la ville, encore plus loin de la pollution, elle respirait un air qu’elle appréciait. À chaque inspiration, elle voulait effacer la souffrance qui la rongeait de l’intérieur. Cette douleur était toujours vive, elle avait tellement honte de ce qu’elle était devenue. La douceur l’avait abandonnée pour laisser place à la cruauté, cet instinct de survie pour ne pas sombrer. Elle songea à Étienne, à ses deux bras qui l'avaient rattrapée avant l'irréparable. Il avait ce charme que conférait l’assurance d’un homme aisé, la force de caractère de ces êtres nés sous une bonne étoile. Elle, elle n’était qu’un astre filant pour s’éteindre dans les confins de la galaxie. Et si ce qu’elle ressentait pour ce gars charmant était seulement de la reconnaissance pour son sauveur et l'envie d'un joli garçon dans son lit. Le coup de foudre, elle ne pensait pas qu’elle pouvait y avoir droit. Alors l’amour encore moins. Là, auprès de Marc, tout était différent. Ils avaient un passé commun, une pause imposée et qui sait un avenir à partager.

  • Sarah, viens je t’emmène, on va essayer de se trouver un endroit sympa pour la nuit.
  • Oui, après tout continuons à vivre à crédit de nos bienfaiteurs.
  • Ouais.Après tout Étienne a de l’argent qui déborde des ses poches, alors ce soir il régale.

Ils remontèrent en voiture et poursuivirent leur route en quête d’une oasis où ils pourraient enfin profiter de la vie sans se poser de questions. Ils avaient conscience qu’ils devraient se montrer prudents. On ne se relevait pas si facilement pas d’une fausse couche. L’amour naissant se devait de grandir dans des draps parfumés.

***

Hiver 2021 …

  • Putain, tu fais quoi connard, lâche-la.
  • Mêle toi de tes affaires, c’est ma pute.
  • Ta pute, tu plaisantes, c’est une femme avant tout.
  • Ouais, de toute façon je te la laisse j’ai fini.
  • Pauvre mec, dégage.

Marc rattrapa la jeune femme de justesse avant qu’elle ne termine dans le caniveau et se fracasse le crâne sur un coin de trottoir. La pluie se faisait forte, avec le froid l’eau se métamorphosait en flocon. Dans ses bras, le corps de cette pauvre fille grelottait. Il n’était revêtu que de ses sous-vêtements. La robe avait dû rester dans la voiture du mec qui venait de la jeter comme un simple mouchoir.

  • Tout va bien ? dit Marc le plus calmement possible pour ne pas l’effrayer.
  • Merci, lâcha-t-elle du bout des lèvres avant de blottir sa tête contre son torse.

Qu’allait-il bien pouvoir lui offrir, lui qui vivait sur les quais ? Une de ses couvertures serait un bon début, songeât-il. Il frissonna à son tour. Cela faisait tellement de temps qu’il n’avait pas senti la peau d’une femme contre sa joue. Les cheveux de la belle caressaient sa barbe, leur odeur, un pur bonheur. Il sentait dans le bas de son ventre des sensations renaître après tout il était un homme avec des envies. Mais il réprima l’idée et l’accompagna dans son abri de fortune. Elle semblait tellement fragile, un oiseau tombé du nid. Sa chienne vint se blottir contre elle pour la réchauffer. Dans la froideur de la nuit, ils s'étaient ainsi collés.

Après plusieurs jours de vie commune, à se raconter leur vie, à faire les quatre cents coups, elle avait disparu sans lui laisser d’explications le laissant désemparer. Il avait cru pouvoir se reconstruire, elle l’avait anéantie. Pour soulager sa souffrance, il s’était réfugié dans l’alcool qui les soirs les plus noirs devenait son meilleur compagnon. Quand au hasard d’un matin, il l’avait recroisée, elle l’avait traité comme un moins que rien, ne valant guère plus que les puces qui infestaient sa chienne. Elle avait été dure, cruelle et cassante, l’opposée de celle avec qui il avait partagé de doux moments. Elle cachait un secret qu’il avait voulu essayer de percer en la suivant de loin. Marc avait voulu la protéger, assurer ses arrières et n’en pouvait plus de la voir se détruire à petit feu. Pourtant, elle le supplia d’arrêter de la chaperonner, qu’elle n’avait plus besoin de lui. L’avait même menacé à plusieurs reprises. Alors il avait passé son chemin, le cœur brisé.

***

Dans la chambre des Lavandes d’une maison d’hôte, Sarah scrutait Marc, les yeux perdus dans le vide.

  • Tout va bien ? demanda-t-elle en passant sa main dans ses cheveux. Tu as l’air tellement loin.
  • Oui.
  • Je ne sais pas si je suis différente de celle que tu as sauvé du caniveau cette nuit-là.
  • Et moi, je ne pense pas que je ne sois mieux qu’un pauvre mec cherchant dans sa bouteille des solutions miracles.
  • Regarde ce que nous sommes aujourd’hui.
  • Deux pauvres erres en cavale.
  • Des Bonny and Clade des temps modernes.

Marc attrapa Sarah dans ses bras et posa ses lèvres sur les siennes. Leur corps au chaud l’un contre l’autre vibrait au rythme de leurs battements de cœur. Ils avaient avant tout besoin de chaleur humaine et de se sentir vivants. Lentement, il passa ses mains sous son pull pour découvrir ses seins. Quand ses doigts effleurèrent ses tétons, un soupir, l'encourageant à poursuivre. Leur bouche ne se quittait plus, leur langue se découvrait, se retrouvant après une longue absence. Il prit sa partenaire dans ses bras, l’allongea sur le drap de coton qui les enveloppa pour une nuit d’amour charnel d’une formidable douceur.

*A.R*

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