Chapitre XXXII : "la fin des combats"
*A.R*
Sarah tenait l’extrait de naissance dans les mains... Catherine Sanchez Ordonez Castillana, née de le 12 octobre 1999 à 22h 15, son ainée d’un quart d’heure. Elle ne savait pas si elle devait hurler, pleurer ou faire les deux. Son corps tremblait, le sol sous ses pieds se dérobait. Sa vie devenait un sable mouvant où elle s’enlisait à chaque fois qu’elle lutait pour prendre de l’air. Elle se débattait et plus elle le faisait, plus tout son être s’enfonçait inexorablement. Elle ne percevait plus le monde qui l’entourait, il était devenu flou. Sarah était devenue un fantôme errant dans le corps d’une autre cherchant son salut. Elle n’entendait plus Marc, il s’était approché, lui parlait mais ses mots se déversaient en vain sur une âme en fuite. Avec délicatesse, il la prit dans ses bras et la déposa sur le lit dans la pièce voisine. Elle enfouit sa tête dans les coussins, elle voulait disparaître et ne plus refaire surface. À nouveau elle se noyait, manquait d’air. L’expérience lui déplaisait, elle n’arrivait pas à s’extraire de ce cauchemar à demi-éveillé. Catherine s’assit au bord du lit. Elle remonta la couette sur le corps qui frissonnait. Elle caressa ses cheveux comme le faisait sa mère quand elle se réveillait en larmes en pleine nuit. Le geste apaisa Sarah, les sanglots se faisaient moins intense, peu à peu elle sombra dans un sommeil sans rêve. Marc disparut pour retrouver Aristide dans la cuisine. Ce fut le berger qui commença la conversation.
E.Y
– Bon, Marc, dit Aristide, vous êtes mes hôtes cette nuit ! demain nous partons pour Montolieu, j'ai averti l'oncle d'Etienne et de Michel, il est plus que temps de recoudre ce qui doit l'être !
Marc, tel un fauve se ramassa sur lui-même, prêt à sauter à la gorge du vieux berger
– Tu n'avais pas le droit, tu m'as trahi, je te faisais confiance
L'ancien SDF cherchait des yeux une arme, il se saisit d'une poêle à frire qui trainait, cela ferait l'affaire, ses yeux lançaient des éclairs, son bras se bandait déjà, il semblait un Djokovic de pacotille s'apprêtant à assener un passing-Shot.
- Non Marc, non ! ne fait pas ça !
Catherine entra dans la pièce alertée par les bruits, elle sauta sur les épaules de Marc, et faisant pression sur son bras meurtri le contraint à déposer sa raquette improvisée !
- Tu te rend compte que tu aurais pu le tuer, criât-elle !
- Mais pourquoi Catherine tu m'en as empêché, cette crevure vient de nous donner...
- Tu allais faire la pire connerie de ta vie...Marc.
- De toute façon Marc, je ne t'en veux pas, dit un Aristide encore tremblant ; j'aurais sans doute réagi comme cela moi aussi, je disais donc. L'oncle d'Etienne a demandé à son neveu s'il comptait porter plainte, Etienne refuse de le faire, donc l'aventure se termine plutôt bien !
- Je présume qu'il faut faire confiance....
*A.R*
Catherine prit Marc par la main et l’amena dans le jardin, l’orage avait pris le large. Ils s’installèrent sur le banc proche de la bergerie. La lune montrait le bout de son nez, elle semblait s’extraire des gorges du Verdon. Drapée dans sa brume passagère, elle était somptueuse.
- Tu te souviens Marc, la première fois que nos routes se sont croisées ?
- Comment veux-tu que j’oublie ? Tu étais assise ici et tu pleurais.
- Et toi tu faisais le pitre sur le muret pour m’arracher un sourire. Tu étais apparu avec la lune, j’ai pensé que tu étais Pierrot et moi Colombine.
- Oui nous étions des enfants, nous rêvions et l’insouciance était notre meilleure alliée. En grandissant nous avons vite découvert que tout ne serait pas si simple.
- Pourquoi t’es-tu enfui du jour au lendemain ? dit Catherine avec des sanglots dans la voix.
- Parce que Michel et cette putain de famille ne m’a pas laissé le choix.
- Je ne comprends pas.
- Oh tu as toujours été aveugle quand il s’agissait de Michel et je me suis toujours demandé pourquoi c’est Etienne que tu avais épousé ?
- C’est compliqué je te l’accorde mais Etienne était gentil et bienveillant, il prenait soin de moi.
- Ouais et pour le remercier tu lui as fait croire que tu étais morte. Qu’est-ce qui t’a pris ?
- Michel ne m’a pas laissé le choix.
- Je ne comprends rien. De toute façon, il ne t’emmerdera plus, ni toi ni Sarah.
- Pourquoi Sarah ?
- Parce que cet enfoiré a fait de moi un SDF et il a mis ta sœur sur le trottoir.
- Là c’est moi qui ne comprends plus rien. Tu veux dire quoi par-là ?
- Que ce connard pour s’assurer que je ne reviendrai plus ici, m’a privé de tout et de toi par la même occasion. Je ne sais pas comment il a appris pour Sarah, mais il était sur le quai à son arrivée à Paris, il avait tout manigancé comme il savait si bien faire. Il lui a raconté des foutaises, l’a charmé comme toi puis quand il en a eu marre et n’a pas obtenu ce qu’il voulait il l’a jeté comme un mouchoir.
- Arrête un moment que je reprenne mes esprits. Tout va trop vite, trop d’informations. Je suis perdue.
- Il était au courant qu’elle était ta sœur, il a dû voir cet extrait de naissance, ou ça se trouve ta mère dans un soir de délire lui a tout raconté.
- Et Sarah dans tout ça.
- Eh bien un soir, elle l’a balancé dans la Seine.
- Heim dit Catherine horrifiée.
- Enfin plus précisément il a glissé et moi j’ai récupéré ta sœur et pansé ces blessures pendant un temps puis elle m’a jeté.
- Mais depuis vous vous être retrouvés non ?
- Eh bien là aussi tout aussi étrange que cela puisse l’être c’est Étienne qui l’a sauvé.
- Sauvée ?
- Oui avant qu’elle saute à son tour dans la Seine du Pont Neuf.
Catherine ne savait plus où donner de la tête, la pluie venait à nouveau de se joindre à eux, cette eau froide qui ruisselait sur leurs corps les saisit. Marc attrapa cette fois Catherine par la main et ils rentrèrent dans la maison. Ils découvrirent stupéfait Sarah en grande discussion avec Aristide, les deux souriaient.
E.Y
- Sarah !
- Oui Marc...
- Il faudra que tu le comprenne...
- Quoi ?
- Je rentre pas, Je ne rentre pas avec toi...
- Ah ! alors...
- je te rend les cartes bleues de Reeves et d' Etienne, je garde les passeports !
- Et...
- Je pars Sarah, hors de question que je fasse confiance à cette famille
- Alors l'auttre nuit...
- L'autre nuit était une belle nuit, j'avais une bergeronette posée sur mon épaules et j'y ai cru.
- C'est pour ça que tu t'en va, reste avec moi Marc, je commençait, a nouveau, à croire à des trucs, Etienne m'avait sauvé de l'eau, il était marié ( sans que je le sache) avec ma soeur, il saute sa voisine ( il saute tout ce qui bouge, c'est pas un mec, c'est un bonobo !)...Ensuite, je fait la paix avec un vieil ami qui autrefois m'a tiré de la merde...Je...tombe amoureuse, ou ça y ressemble
- Suis moi, alors, je m'en vais dans une heure
- Je peux réfléchir, tu va où ?
- Toujours pareil, Malaysie !
- Donc la fuite, une vie entiére a fuir !
- Hors de question que je...
- Sinon ?
- Sinon quoi ?
- Si je viens pas, tu pars seul ?
- Catherine fait sa valise !
- Ah !
- Ah! quoi, Sarah
- Tu sais quoi Marc ?
- Non !
- Je n'ai pas envie de cette fuite perpetuelle, si tu crois que ta vie n'est plus ici pars, quitte l'Europe, avec Catherine si tu veux, je ne veux plus être un plan B, je mérite d'être un plan A, alors garde la Rover, Etienne a les moyens de s'acheter autre chose, garde les passeport, j'ai une identité ,j'ai enfin compris qui j'étais, je vous souhaite bonne chance et vous souhaite d'être heureux. Adieu Marc, j'ai choisi la vie, l'avenir m'appartient, je rencontrerai l'homme qui m'est destiné, un jour, si tel est mon destin, prend soin de ma soeur !
Marc chercha à répondre, ses yeux étaient gonflés par le trop plein de chagrin, il se contenta de prendre Sarah dans ses bras, il n'avait plus la force de parler, sa gorge étant bloquée par l'émotion, c'était dommage, il avait vraiment cru à un nouveau départ avec elle. il la la serra trés fort contre son coeur. Ainsi c'était fini, il sentait des larmes mouillaient son cou, il ne savait si c'était lui, si c'était elle.
ils seraient bien restés enlaçés ainsi pour l'éternité, ils sentaient le désir l'un de l'autre monter mais savaient qu'il était trop tard pour celà, qu'ils avaient pris, l'un comme l'autre leur descision. Alors comme a regrets ils se détachérent l'un de l'autre, devenus l'un pour l'autre des étrangers.
Dans l'ombre, dans ce clair obscur de cette fin de matinée brumeuse de décembre, Catherine attendait, une maigre valise à la main, contenant toute une vie de malheur
Marc se retourna enfin, une bimbo, maquillée comme un carré d'as le fixait, Catherine, comme un diamant mal taillé brillait de milles feux, il ne perdait pas au change avec l'autre soeur, sans plus un regard pour Sarah, il aida Catherine à s'installer sur le siége passager, là ou peu de temps avant était installé l'autre, celle qui n'existait déjà plus. Il enfourna rapidement le maigre bagage dans le coffre et s'enfui à toute vitesse sur la route sinueuse...
Au bord de la route,abandonnée, une fille, le corps secoué par les sanglots se tenait comme elle pouvait à un vieil arbre, machinalement, trlle un zombie, elle prit la direction des bords de la riviére et entama l'escalade de la murette qui délimitait le monde des hommes de celui des morts, alors qu'elle s'apretait une nouvelle fois à sauter dans l'eau verte de la riviére Verdon, elle sentit une main qui la retenait...
- Etienne, c'est toi ! me laisse pas sauter Etienne ! prend moi dans tes bras!
- Là ma toute belle ! moi, c'est Aristide, Etienne tu le verras demain ou un autre jour, moi je viens de voir ma fille emportée par un bolide, ma femme est morte, tu ne crois pas que j'aurais des raisons de sauter dans le Verdon ! Alors tu rentres te reposer, demain ton oncle viendra te chercher, tu ne t'en rends pas bien compte, mais une nouvelle vie t'attend, pour toi Sarah, c'est la fin des combats !
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