Chaque jour à la même heure, Lilly s’assied sur son petit banc de pierre scrutant l’horizon, pendant qu’Albert règle les derniers détails seul dans l’appartement. Une manie qui n’échappe pas à l’œil vigilant de Christian. Il s’arrange pour se trouver à cet endroit précis exactement au même moment qu’elle, il lui laisse entendre que ce ne sont que des rencontres fortuites. Ils passent tous les deux de longs moments agréables à converser. Lilly peu à peu se sent à son aise en sa compagnie, celui-ci est la seule personne avec laquelle elle peut s’exprimer librement.

— Qu’est-il arrivé à tes parents ? lui a-t-il demandé un jour.

Lilly, dorénavant en confiance, parvient pour la première fois à dialoguer avec quelqu’un. Une personne étrangère à son entourage, celui-ci est composé d’une seule et unique personne depuis toujours : Albert.

— Mes parents sont morts quand j’avais cinq ans. Un accident…

Elle n’ajoute pas plus, elle ne peut lui raconter les réelles circonstances de la mort de ses parents, ni les raisons de sa venue ici. Elle lui éclaircit également le mystère qui règne autour d’Albert.

— Albert était notre voisin, je vis avec lui depuis que mes parents ont disparu. Il s’est toujours occupé de moi comme de sa propre fille.

Elle lui décrit les voyages faits en sa compagnie, elle omet volontairement de lui en expliquer le but. Christian confesse plus tard qu’il a perdu sa mère également, Lilly l' écoute sans dire un mot.

— Je n’étais pas aussi jeune que toi. Par la suite, mon père et moi nous avons déménagé de ville en ville jusqu’à finalement arriver ici. Il a fait la connaissance ici d’une femme adorable, qui vit avec nous depuis quelques temps. Je ne suis pas du coin moi non plus.

Lilly baisse le regard.

— Je ne savais pas tout ça. Je suis désolée pour ta mère.

— Toi non plus tu ne pouvais pas savoir.

Il se hisse tout à coup du banc et invite Lilly à faire de même en souriant.

— Tu viens, on va boire quelque chose ? lui propose-t-il.

Pour la première fois elle lui rend son sourire.

— D'accord.