Les souvenirs de cette terrible nuit ressurgissent soudainement dans la tête de Lilly. Peu à peu, les images s’éclaircissent, comme si elle a reconstitué un puzzle et elle a finalement trouvé les pièces manquantes. Voilà ce qui la tourmente depuis toujours. Les cris, les pleurs, les mots qu’elle a entendu avant la détonation, juste avant de s’évanouir. La voix, cette voix… celle qui n’a pas cédé aux suppliques de sa mère. Et ce visage… Le visage de l’homme qu’elle a vu à son réveil est le même que celui qui a orchestré cette tragédie. C’est donc lui ! Non, impossible, cherche-t-elle à se convaincre, Albert l’a élevée depuis toujours… Elle est terrorisée, ses mains tremblent de plus belle, elle est plus effrayée que jamais et fond en larmes. Toutes ces années, elle les a vécues avec l’assassin de ses parents ! Non ! Son arme lui glisse des mains.

— Lilly, lui ordonne Albert, si tu ne le fais pas ce sera moi !

Albert sort son arme qu’il cache dans la poche de son imperméable. Lilly tourne son regard vers Christian, mais a à peine le temps de se placer devant lui que malheureusement Albert a déjà tiré des coups de feu de son pistolet, et les balles se sont placées droit dans le cœur de Lilly. Elle tombe dans les bras de celui qui aurait pu lui faire aimer la vie, celui qui l’aurait aimé profondément…

— Non ! hurle Christian.

En voyant le corps immobile à terre de la jeune femme dont il était tombé amoureux, et sous le coup d’une haine et d’une colère incontrôlées qui montent en lui, il saisit l’arme qu’a fait tomber Lilly et tire, tire encore et encore droit sur Albert, qui est resté pétrifié quand il vit Lilly s’étaler par terre. Les yeux de Christian sont remplis de larmes, il est dans l’incapacité de reprendre le contrôle de ses actes.

— Non ! Non ! s'écrie-t-il de toutes ses forces et il continue d'appuyer sur la gâchette, jusqu’à ce qu’Albert tombe à son tour à terre, sans vie.

Il demeure seul, il serre Lilly dans ses bras le plus fort possible, en hurlant et en pleurant de toutes ses larmes.