La forge était vide. La suie avait noircie les pierres autrefois blanches et une odeur de braise éteinte imprégnait l'air aux vibrations mélancoliques. Ici, Herwin en était sûr, autrefois un forgeron avait passé des heures de dur labeur à créer des objets formidables. Il s'imaginait un homme à la carrure imposante, perlant de sueur, dessinant des muscles teintés de charbon. Il imaginait un regard franc et fort, et il frissonnait à l'idée que cet endroit soit mort à présent.

Son regard se portait sur l'âtre refroidi à la demande de James de l’explorer. Herwin grimaça. Non sans inquiétude, il s'en approcha pour vérifier, juste au cas où, si des ossements n’apparaîtraient pas dans ce tas noir au centre du foyer...

- Désolé, il n'y a aucun cadavre ici, déclara-t-il avec soulagement.

- Rien de rien? Vraiment…Rien ?

- Rien de rien.

Sentant son ami déçu, le brun, lui, ressentait une vague de soulagement et se senti en devoir de lui redonner espoir.

- Peut-être dans le registre nécrologique de la ville, tu trouveras le cadavre que tu cherches....

Jameson claqua des doigts en s'exclamant

- Parfaitement ! Allons-y!

- Maintenant ? Mais c'est fermé voyons ! Il fait déjà nuit. Cherchons plutôt un endroit où dormir...

- Heureusement que tu es là. Je m'emporte et voilà que je nous ferais presque coucher dehors.

Haussant les épaules, Herwin désigna une porte semblant donner accès à l’étage supérieur.

- Restons ici ce soir. Je doute que ce lieu paumé ait un hôtel pour voyageurs égarés.

Jameson était déjà en train de monter quatre à quatre les marches grinçantes en bois décrépit.

- Il faut une clé. Une grosse en fer! Annonça-t-il, la voix enjouée.

Les deux hommes cherchèrent alors dans cet endroit si particulier et bientôt, Jameson la trouva, libérant l’accès à ce qui devait être le logis du maître forgeron.

Ce qu'ils ne voyaient pas, c'est qu'à quelques mètre de là, alors que les fanions tremblaient sous un vent glacial, une lanterne éclairait une enseigne miteuse d'un hôtel dénommé " Au fou'Retrouvé".