Sorcière et drôle de maison !
— Hé oh ! Hé oh, le dragon ! Par la barbe de Merlin, il est plus sourd qu’une pomme de pin !
Akashiro ouvrit les yeux et vit un gros nez crochu devant son museau. Levant les yeux, il croisa le regard bleu glace d’une sorcière. Elle avait des cheveux gris tellement mal peignés qu’ils partaient dans tous les sens, une robe noire avec plein de poches et, surtout, elle n’avait qu’une seule jambe, glissée dans une vieille botte !
— Où suis-je ? demanda le dragon, un peu confus.
— Où tu es ? répéta la sorcière en riant. Mais au sommet d’une des six milles Montagnes Enneigées, pardi ! T’as fait une sacrée chute, tu sais ? Au début, j’ai cru que c’était une étoile qui tombait, mais non, c’était juste un dragon ! Bon, je crois savoir que tu t’appelles Akashiro, c’est ça ?
— Oui, je m’appelle Akashiro, mais comment le savez-vous ?
— Haha, facile, rit la sorcière. Je vois tout et je sais tout ! Bref, moi je m’appelle Baba Yaga ! Et l’autre poulette, derrière, c’est ma maison à pattes de poule !
Akashiro ouvrit de grands yeux et regarda derrière la sorcière. En effet, derrière Baba Yaga, il y avait une petite maison toute biscornue avec, sur son toit, une minuscule cheminée toute tordue qui fumait. Mais, le plus incroyable, c’était que la maison se tenait debout sur d’immenses pattes de poule orange !
— Cotcotcot ! se présenta joyeusement la maison.
— Ah ! cria le dragon. La maison a parlé !
— Elle parle pas, ma poulette, ricana Baba Yaga. Elle caquète, comme les poules, c’est pas pareil ! Bien, maintenant que les présentations sont faites, lève-toi, on a de la route à faire !
— Comment ça, de la route à faire ? demanda Akashiro.
Un grand sourire apparut sous le gros nez de Baba Yaga.
— Je vois tout, je sais tout, répéta la sorcière. Je sais donc que l’Empereur des Neiges t’a volé ton cœur, un cœur noir comme un nuage d’orage, et qu’il t’attend à la Tour Blanche. Ma poulette et moi, on va t’y conduire, parce que t’as l’air un peu perdu !
— Pourquoi m’aider ? demanda le dragon. Si tu sais tout, tu dois savoir que je n’ai pas été très gentil, quand j’étais un dragon rouge…
Le sourire de la sorcière s’élargit.
— Oui, je le sais. Mais je sais aussi que si on peut aider, on doit le faire ! Faut toujours tendre la main à quelqu’un qui en a besoin ! Allez le dragon, lève ton popotin et va te percher sur le toit de ma poulette !
Akashiro n’osa pas désobéir à Baba Yaga. Il se releva et suivit la sorcière. Quand ils arrivèrent devant la maison à pattes de poule, la maison s’accroupit et ouvrit sa porte. Baba Yaga sautilla jusqu’au seuil puis se tourna vers le dragon. Akashiro s’approcha timidement de la maison à pattes de poule, s’envola et alla se percher sur son toit tordu, juste à côté de la petite cheminée fumante.
— Petite maison à pattes de poule, plus vite que les Vents ! hurla Baba Yaga.
Aussitôt, la maison à pattes de poule se releva et se mit à courir, à courir, à courir. Akashiro planta ses griffes dans le toit pour bien se tenir, de peur de tomber.
Soudain, l'étrange maison arriva au bord de la montagne et sauta ! Akashiro se sentit tout drôle, comme lorsqu’il volait très très vite. Quand la maison à pattes de poule retomba sur ses pattes, le dragon secoua la tête, n’osant y croire… La maison de Baba Yaga s’était arrêtée devant une très haute tour. Une tour blanche comme la neige des montagnes, qui montait haut dans le ciel. Son toit semblait toucher les étoiles, tant il était haut !
— Voici la Tour Blanche de l’Empereur des Neiges, dit Baba Yaga. Tu n’as plus qu’à voler tout en haut et aller récupérer ton cœur, Akashiro !
Le dragon remercia la sorcière et la maison à pattes de poule, puis il leur dit au revoir et s’envola vers le sommet de la Tour Blanche.
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