N'ayant plus un sou pour payer mon loyer ou ma nouriture, une connaisance me trouve un travail derrière le comptoir d'un café prisé par des jeunes assez riches pour payer un café une fortune juste qu'on écrive leurs prénoms sur le gobelet. En face du comptoir se trouvait un miroir, j'évitais de me regarder dans ce miroir, de peur d'y voir se refléter mon échec. Personne n'aime regarder ses échecs en face en préfère les maquiller ou essayer de les justifier.

Certains des jeunes clients me regardaient avec un peu dégoût. Ils doivent penser que je suis une ratée qui a dû abandonner ses études au collège ou au lycée. Pourtant c'est loin d'être la vérité.

Le soir, parfois quand je dois fermer boutique, je commence à me regarder dans ce miroir comme si j'attendais que mon reflet bouge, me dise quoi faire, ou me sourie, ou dise pourquoi je suis un échec vivant. Pourquoi personne ne veut de moi dans sa société ? Pourtant j'ai appliqué tous les conseils pour bien me présenter et bien me tenir lors d'un entretien.

Un jour, des clients arrivent et, parmi eux, une de mes anciennes camarades qui pour une raison que j'ignore à ce jour, me déteste. Si je l'avais vue venir, j'aurais pu laisser mon collègue prendre leurs commandes et disparaître le temps qu'ils partent.

Elle me regarde en rigolant et explique à haute voix à tout le monde qu'on avait fait nos études ensemble et que j'ai fini ici à servir des cafés tandis qu'elle a un poste de responsable projet d'une grande importance. Ma réponse est de leur demander ce qu'ils souhaitaient prendre, ce qui l'a mise dans une rage insensée. Elle me dit qu'avec une attitude comme la mienne, pas étonnant que personne ne veuille de moi. Pour mon plus grand bonheur le chargé de sécurité leur demande de partir, je les regarde partir en rigolant, comme si tout cela n'était qu'un blague.

Un des clients se leva, et me dit ne pas m'en faire, il me parla longtemps du fait que lui aussi a dû travailler dans un Fast Food, qu'il a fini par travailler dans le domaine de ses études et que maintenant il a sa propre société. Je ne fais que hocher la tête quand je l'entend parler, il a voulu être gentil.

Ce soir je reste une demie heure à me regarder devant ce miroir, tous les clients ont dû se dire après la scène d'aujourd'hui que quelque chose clôchait en moi pour qu'une de mes camarades ait un travail gratifiant et que moi je suis là à servir du café. Si seulement je savais ce qui clôche en moi.

Un miroir a deux côtés, pour moi les deux sont des échecs.